Chronique musique EP-mini album
TISTE COOL, L’étude du cool
2é EP disponible le 29/03.
La rupture a ceci de terrible qu’elle fait ressortir les pires aspects de nous-même. Introspections douloureuses, remises en question, auto-apitoiement, dévalorisation, tout y passe. Ce thème est au centre de L’étude du cool, de Tiste cool, et, contre toute attente, l’EP ne se montre pas sous un jour déprimant.
L’étude du cool peut être cool. On pas. D’ailleurs, qu’est-ce que signifie vraiment être cool ? Parce que, honnêtement, Tiste cool ne l’est pas foncièrement. Alors en faisant l’étude de lui-même, il nous propose d’entrer dans son intimité de mec un peu loser, blessé par la vie et les histoires d’amour pas bien comme il faut, mais qui s’accroche à l’existence avec une force, pas obscure, mais qui reste…cool.
Oui, pas forcément compréhensible tout ça. Mais des phrases comme « Tu étais la plus belle/ la plus belle de mes histoires ratées » sur Paillettes nous éclairent un peu. Le cool, c’est ça, rester dans un flow jamais engoncé dans le pathos. C’est triste, ces paroles, mais, accompagnées d’une musique légère, de lignes de chant un peu blasées, mais pas trop, elles parviennent à nous entraîner vers un optimisme que nous n’espérions pas.
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De la joie dans le spleen.
Big bisous bien baveux ouvre cet EP de façon plus que convaincante, même si les premiers instants nous laissent un peu perplexes avec ce mélange de chanson réaliste sur base pop/electropop. Mais très vite, la magie opère. La voix nous berce et nous convie à pénétrer dans un carnet intime musical dans lequel Tiste cool évoque ses vacances, en solo. La mélancolie imprègne l’ensemble, voile le titre d’un ciel couvert d’où la lumière jaillit par intermittence, par la grâce d’instrumentations solaires.
Paillettes, sur une rythmique plus caribéenne, persiste sur cette même voie instrumentale, et toujours sur ce format de chanson réaliste. Mais le charme opère toujours, avec une indolence propre au musicien, qui parvient à faire sonner un slow à La La Boum comme une exploration sensible de sa psyché. Les textes, entre lignes de chants efficaces et spoken word pertinents, nous baladent d’une sincérité intime et crue vers un divertissement un peu voyeuriste, mais jamais à l’excès. Cela permet à ce titre mais aussi à l’ensemble de l’EP de ne jamais être racoleur ou au contraire creux.
Les ambiances sont soignées, la voix y est un des moteurs. L’amour en pyjama quitte les caraïbes pour une sorte de bossa/rumba qui évoque plus la joie que la déprime post rupture. Ces contrastes sont une constante, font que justement nous sommes entraînés sans cesse dans cette spirale douce amère, entre spleen et espoir d’un lendemain plus radieux (même si celui-ci n’est jamais évoqué clairement, plus suggéré par la musique).
Mention B.
Beauté future est plus orienté pop rock, l’électronique n’étant plus que rythmique. Plus mordant, plus optimiste aussi, le titre fait instantanément du bien, au niveau des textes et des musiques. La ligne de basse est magnifique (c’est un des fils conducteurs de L’étude du cool) et entraînante. Envie de danser, envie de fêter la vie, il tranche avec le début de l’EP. La Grande Motte, en version piano solo, est le morceau le plus intimiste (le piano aide en cela). C’est aussi le plus touchant, peut-être le plus personnel du disque (il en donne grandement l’impression).
Enfin, Ode à mon amante clôt l’exercice de manière plus contemplative (sur une bonne partie du titre, avec une fin plus orientée new wave), mais dans la même veine que La Grande Motte. Au final, nous avons affaire à un disque cohérent malgré les genres musicaux effleurés car ceux-ci sont liés par un souci d’une écriture à la fois simple et percutante, réaliste mais dégageant une forte poésie, tout en sachant rester intimiste et universelle. L’étude du cool parvient donc à obtenir une bonne mention B, flirtant avec le très bien (la relative brièveté de l’objet en étant la principale raison). Tiste cool est un artiste très attachant, qu’on espère réentendre très bientôt avec un plus long format.
5 questions à Tiste cool !
Litzic : L’étude du cool, c’est un EP sur la rupture. En quoi être cool améliore-t-il celle-ci ?
Tiste Cool : Être cool n’améliore rien dans le fond, mais seulement en surface.
Cela permet de faire passer la pilule plus facilement en mettant des couleurs dans les zones d’ombre.
L : D’ailleurs, ça veut dire quoi, cool, dans ce contexte particulier?
Tiste Cool : Comment rester cool lorsqu’on est en état d’urgence sentimentale ?
Être cool d’un point de vue sentimental, c’est dépasser la tristesse et se servir de ces ruptures comme d’un moteur pour avancer.
Avancer vers une prochaine rupture … hahaha
« …quelques années après, je suis finalement très heureux de ces ruptures ! » (Tiste cool)
L : Il y a dans ton EP une forme de nonchalance, de lâcher prise total, malgré des sentiments que l’on sent comme des cicatrices à peine refermées. Le recul sur soi-même et sur les événements ayant conduit à la rupture sont-ils des éléments qui permettent de mieux pouvoir en parler en toute quiétude ?
Tiste Cool : Exactement ! Je me sers de ce projet comme d’une auto-thérapie. J’analyse les situations, les émotions qui me traversent et lorsque je suis moins à fleur de peau et que je commence à digérer la rupture, alors je transforme cela en créativité et cela donne des chansons !
C’est le moyen que j’ai trouvé pour éviter de dépenser trop d’argent chez la psy !
L : Cet EP dégage de la mélancolie mais aussi une certaine forme de force. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort paraît-il. Est-ce la même chose selon toi en amour ?
Tiste Cool : Oui il y a de ça. Il y a également une forme d’absolu fantasmé mais de fatalité contre laquelle on ne peut rien. Je préfère rester calme et fort de ces expériences, aller de l’avant.
La mélancolie, je m’y plonge volontiers mais dans des moments choisis et contrôlés. Tout comme la passion dorénavant. Sinon, je trouve que c’est trop compliqué à gérer.
L : Finalement, la vraie question c’est : la rupture, c’est cool ?
Tiste Cool : Haha, oui en quelques sortes !
Alors, pas sur l’instant évidemment, mais oui, quelques années après, je suis finalement très heureux de ces ruptures !
Bon, maintenant j’aimerais que cela cesse tout de même. Je commence à être fatigué !
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