Thomas Breinert Chic non ostentatoire

thomas breinert lupanar chic chroniqueTHOMAS BREINERT, Lupanar Chic (déjà disponible)

Un album rock et chic.

Qu’y a-t-il de moins chic qu’un lupanar ? Pas grand-chose sans doute, même si dans un Lupanar Chic nous sommes en droit d’espérer un éventuel standing. En jouant d’emblée le paradoxe du titre de son album, Thomas Breinert nous entraîne dans son rock (en Français) à la production irréprochable, pour un maximum de plaisir (pas du tout coupable).

Nous affirmons que bien souvent le rock made in France tourne, hélas, à la farce variété de bas niveaux. Nous aurions pu craindre pareille destinée à cet album, mais dès la première ligne de basse, nous sommes obligés de constater que de la qualité, il y en aura tout du long de cet album rock (en français) qui s’offre même une petite reprise de L’eau à la bouche de Gainsbourg (et là, on adhère).

Donc la ligne de basse terrasse illico presto. Le reste de la production est au diapason, qu’il s’agisse des parties instrumentales, du comment elles sont enregistrées, de cette voix légèrement nonchalante et des textes qui portent en eux la quintessence du genre (mais en français).

Ambiance.

L’ambiance est chic. Que dire de plus ? Nous sommes ici en présence de guitares savamment dosées, posées, jouant la tension et l’abandon. Il en est de même pour la basse (qui roule/porte les structures des morceaux) et la batterie (pas forcément démonstrative mais elle fait le travail de façon simplement parfaite). Les claviers, eux aussi ne sont pas en reste, nous desservent des nappes qui nous propulsent sur le quai d’un port noyé sous le brouillard ou au contraire sous le soleil de la Côte d’Azur.

Bien sûr, il y a de l’énergie, profondément infusée de blues (tout vient de là ne l’oublions pas). Quand de bons riffs viennent s’y greffer, le boogie de Thomas Breinert s’avère juste imparable. On pense parfois à certains titres de Paul Personne pourtant, sans vouloir dénigrer celui-ci, nous trouvons Thomas Breinert plus… fun.

Paroles.

Les paroles de Lupanar Chic sont inspirées, en partie, de ces filles un peu garces qui nous font tourner chèvres, nous, hommes de peu de foi. Jouant une poésie du bitume (et des hôtels de luxe), elle nous emmène dans une virée folle d’une durée de 47 minutes. Jamais le souffle ne retombe tant les atmosphères qui se succèdent jouent la surprise (notamment au niveau des arrangements jamais répétitifs, eux non plus) et nous propulse, sans en avoir l’air, dans des images cinématographiques. Autant de scène qu’il y a de titres, sans jamais perdre en cohésion. Bien joué.

La voix de Thomas Breinert y contribue de façon subtile. S’il n’est pas une bête de puissance, si sa voix, au début nous semblait presque inapte au rock, elle sait nuancer le propos, alternant l’émotion à fleur de peau tout en y apportant un souffle combatif plutôt bienfaiteur. Surtout, elle nous permet de penser qu’il ne faut pas forcément avoir un organe monstrueux (de puissance) pour faire du vrai bon rock. Parfois, nous pensons, dans certaines inflexions de voix, à un chanteur comme Jean-Louis Murat, à la différence que la diction de Thomas Breinert y est nettement plus compréhensible (sans doute parce que ses textes ne sont pas du tout honteux, ce qui lui permet de les assumer sans pudeur).

Classe.

Au final, Lupanar Chic nous séduit, nous emballe, nous réconcilie avec le fait que, si on le veut, si on prend le temps d’écrire des morceaux intelligents, tant au niveau des compositions qu’à celui des textes, le français est une putain de langue pour le rock.

Nous ne savons qu’ajouter à cela sinon que cet album nous procure un indicible plaisir (pas du tout coupable, une nouvelle fois).

Le site officiel de Thomas Breinert ICI

Ils font aussi du rock, et ils sont français aussi : LuneApache 

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