[ ALBUM ] THE WRS, garage rock psychédélique from Belgique.
Premier album du trio The WRS (disponible chez Rockerill records, Le cèpe records, Gazer Tapes et Salty dog records).
Jamais power trio n’a jamais aussi bien endossé cette dénomination. En provenance directe de Charleroi, The WRS nous électrise avec ce premier album aux riffs en fusion, à la batterie dévastatrice et à la basse foudroyante. Que demander de plus ?
Un pur son de cave.
L’album commence et déjà nous sentons que nous avons affaire à du lourd. C’est bête à dire, mais c’est de façon quasiment instantané que le groupe nous prend à la gorge avec un son propre à vous décapiter. Il commence par une nappe de synthé, du plus pur style début 70’s, sur lequel quelques gratouillis de six cordes viennent se greffer, avant qu’un arpège s’installe tranquillement. Tendance planant tout ça.
Oui. Sauf que, très vite, les choses dégénèrent, pour notre plus grand plaisir, dans un rock massif, tailler dans cette pierre qu’on imagine faite pour sceller les caves les plus froides, celles où il convient de laisser mature le bon vin. Et comme le bon vin, The WRS se savoure, en gourmet. Au bout de 2’30, le groupe envoie la sauce. La guitare balance ses premiers riffs, la basse vous prend au bide, et la batterie emporte le tout dans une cavalcade démoniaque. Le son est ici ramassé, compact, place le chant loin derrière (quand il apparaît à 4’05). Il est saturé, ce chant, noué dans l’écho, dégage un côté spectral assez enivrant.
Et après ce morceau d’introduction ?
Le groupe déroule sa musique sans coup férir, alternant groove bien senti et prouesses guitaristiques. Le tout avec ce savoir-faire garage, c’est-à-dire toujours à mi-chemin entre énergie débridée et finesse noyée dans les décibels. Parce que oui Monsieur, il y a de la finesse, même si notre attention se porte davantage sur ce qui saute aux oreilles, autrement dit un raz-de-marée impressionnant à haute fréquence cardiaque.
Pourtant, ici surviennent un clavier, une rupture rythmique, des variations de basses, un fuzz d’enfer contrant les distorsions. Nous sentons aussi, à travers ces arrangements, toujours joués pied au plancher et nez dans le guidon, une joie jubilatoire du trio, à nous repousser dans les cordes avec ce souffle épris de liberté.
Bonne humeur et respect du genre.
The WRS, s’il fait plaisir à l’oreille, fait aussi plaisir à l’âme. Nous sentons un groupe investi d’une sacrée mission, celle de faire, encore et toujours, renaitre le rock. Pour y parvenir, il injecte une bonne dose de coolitude, un je-ne-sais-quoi de l’ordre de l’improvisation inspirée, chopée sur le vif, le tout avec décontraction et bonne humeur. Cela ne signifie nullement que le groupe est en roue libre, bien au contraire, car The WRS respecte de façon criante les aînés en reprenant certains « tics » qui font la spécificité du genre.
L’album navigue donc sur cette mer capable de furie qu’il rend ici docile et apprivoisée. Nous apprécions le fait que le groupe prenne le temps nécessaire pour développer ces morceaux, allant même jusqu’à frôler les 9 minutes sur un titre comme NIPBY (Nobody is perfect but you). Chaque titre d’ailleurs, à l’exception du deuxième (Spit) dépasse les 4 minutes (3 des 7 morceaux de l’album s’envolant au-delà des 6 minutes). Cela permet à The WRS d’exposer ses idées avec un maximum d’ampleur, de faire revenir ses mélodies à la poêle et nous servir un bon petit plat mijoté, sauce MC5 et autres garage band célèbre. Bref, on en redemande, encore et encore.
LE titre de The WRS.
Voilà chose bien malaisée que de définir un titre phare dans cet album tant la cohésion qui y règne est solide, teintée dans la masse. Magic powder qui ouvre l’album est forcément un entrée en matière réussie, qui donne envie de s’installer dans le disque et de ne plus en ressortir, mais NIPBY s’impose comme un plat de résistance copieux, qui aiguise les papilles de façon plus que convaincante.
Mais, car il y a un mais, il faut aussi un dessert, sucré, psychédélique à souhait. Et boum, débarque Byzance, et là, nous sommes rassasié. Son motif presque arabisant, en tout cas bien orientalisant comme il faut, nous propulse dans un univers fait de mille et unes nuits enivrantes et magiques, avec tout de même une montée genre (presque) bad trip avant de conclure le morceau. Sans doute est-ce lui le titre de l’album.
Oui, nous en sommes convaincus. Même si, en guise de digestif nous apprécions fortement 3’s for lalala avec son solo (trop bref) de batterie et la bonus track Inavouable qui semble n’avoir pas été enregistré dans les mêmes conditions (le son y est moins mate, la voix plus audible, même si flirtant parfois avec la saturation du micro, tout en restant caractéristique du groupe). Pour toutes ces raisons, The WRS est un excellent premier album augurant de belles choses à venir.
On pense à Clavicule