[ ALBUM ] CLAVICULE, Garage is dead (Beast Records)

Premier album de Clavicule, Garage is dead, disponible le 12/06 chez Beast Records.

Clavicule se tirerait-il une balle dans le pied dès le nom de son premier album, Garage is dead ? Cette question, nous sommes en droit de nous la poser car, quand un groupe garage annonce la mort de son style, nous pouvons vite craindre le pire (c’est-à-dire un échouage en bonne et due forme vers une variété à mémère, dégueulasse donc). Mais, n’aurait-il pas, au contraire, le bon goût de la provocation et de l’ironie ce groupe ? C’est ce que nous allons vous dévoiler pas plus tard que tout de suite.

Rennes, ville rock.

Inutile de vous dire que la scène Rennaise n’en finit pas de nous dévoiler des groupes à l’énergie incandescente. Dernièrement, c’est Carambolage qui était mis à l’honneur sur Litzic (nous avons diffusé il y a peu sa dernière vidéo, mais également celle de Gauche droite, datant d’il y a un peu plus longtemps). Mais aujourd’hui déboule, sans crier gare, ou presque, Clavicule. Et autant dire que le groupe envoie du pâté !

Formule classique, ou presque. Guitares, basse, batterie, chant, le tout en mode quatuor, et c’est parti ! Et ce n’est rien de le dire car, dès que Garage is dead est placé dans la platine, pas moyen de l’arrêter. La déflagration est telle que, comme sous l’effet d’une dépression post-explosion, nous sommes aspirés dans un monde fait de rugissement de 6 cordes et de rythmiques endiablées.

On ne va pas mégoter, le groupe joue vite, fort, et il le fait bien !

Tarantinesque.

Nous sommes donc en présence du rock garage tout à fait bien comme il faut, avec relents punk et surf rock qui, tels des météoriques, éclair le ciel de ce Garage is dead loin d’avoir un orteil dans la tombe. Mais Clavicule, ce n’est pas qu’un son massif et destructeur, c’est aussi de la finesse et de l’élégance. Comme disait une célèbre marque de pneu dans une pub (désolé, on a les références que l’on mérite): « sans maîtrise, la puissance n’est rien ». et Clavicule possède la maîtrise !

Elle repose sur un fondement fin sixties début seventies et nous évoque en creux, par moments, une B.O dans un film de Tarantino, qui ne serait pas encore sorti, quelque part entre Reservoir dog et Pulp fiction. Ces passages « surf » permettent de mieux déceler l’ampleur des compositions du groupe et nous ravissent au plus haut point. Ils apportent de la nuance dans le chaudron sonore des Rennais.

Des compositions au cordeau.

Nous n’allons pas vous mentir, nous en le faisons jamais (ou presque… han c’est pas bien on instille le doute chez vous là, non ?), du rock garage, presque tout le monde peut en faire à partir de quelques bases rapidement acquises. Mais rares sont les groupes à le faire aussi bien que Clavicule. Le groupe soigne ses compositions et la teneur globale de son disque. Garage is dead nous donne d’ailleurs parfois l’impression d’être un concept album, ou une B.O, tant les motifs semblent liés les uns aux autres. Il va sans dire que l’homogénéité du disque est aussi dense que du tantale.

clavicule my time

crédit Titouan Massé

 

Nous y retrouvons une similarité de motifs, mais jamais la redite ne sonne. Au contraire, le groupe imagine, autour de chaque titre, un décorum qui lui est propre. Joué soit à fond de caisse (Clavicule n’est jamais mou du genou) ou de façon plus posée, mais toujours avec cette rugosité abrasive typiquement garage, les climats évoluent et coordonnent le mouvement de Clavicule. Ce dernier se situe entre une colère un peu froide, dénonciatrice, qui laisserait néanmoins une porte de sortie à un sentiment plus jubilatoire une fois l’explosion terminée.

Un titre comme My time en est un parfait exemple car à lui seul il représente l’aspect général de Garage is dead, celui d’une boucle qui se bouclerait quasiment (puisque les deux extrémités ne sont pas totalement jointes mais légèrement décalées, en forme de spirale en somme).

Avec ce premier album, Clavicule nous prouve que, contrairement à ce qu’annonce son titre, le garage n’est pas mort, loin de là ! Nous sommes même en capacité d’affirmer qu’avec Clavicule, le genre n’est pas prêt de s’éteindre tant l’enthousiasme qu’il suscite est des plus vifs ! La messe est dite !

clavicule garage is dead

visuel : Arrache toi un oeil

LE titre de Garage is dead.

Ah ! Notre tendresse se porte sur Cab, en plein milieu du disque, même si nous en avons également une toute particulière pour Jericho qui termine l’album. Ces deux titres sont relativement similaires dans leur construction, jouant les contrastes, une légère forme d’hommage cinématographique, et la dualité bien/mal en plombant ses titres d’une certaine lourdeur (pleine de grâce). En effet, on sent qu’un poids parfois terrible repose sur les épaules de Clavicule (sauveur du garage rock?), qu’il rend leurs gestes las, inexorablement attirés par le sol.

Pourtant, si la musique en effet l’exprime cette lourdeur, l’esprit lui est bien autre car nous sentons quelque chose de positif derrière cette apparence trompeuse. Un regain d’énergie peut-être ? Enfin quelque chose qui dit justement que cet album ne sera pas l’épitaphe d’un genre s’auto-parodiant parfois (quand il est malmené par des groupes peu inspirés). En ce sens, Cab porte en lui un souffle rock impétueux, que rien ne viendrait annihiler et est parfaitement représentatif de l’album et de la mentalité de Clavicule. Amen !

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