THE BREAKFAST CLUB, Dear Ghost

dear ghost the breakfast club2e EP déjà disponible (Pancakes Prod. / Wiseband).

Dear Ghost, cher fantôme, comme une phrase balancée, pleine d’amour, vers un cher disparu que nous aimions et que l’on refuse, malgré le deuil, de croire comme véritablement mort. Dear ghost, comme le nom du deuxième Ep de The Breakfast Club, duo Lillois qui œuvre dans une pop délicate, auréolé d’une pointe de mélancolie pleine de tendresse.

Le disque s’ouvre sur le morceau titre. Rythmique douce, presque une berceuse, où la voix nous embarque dans un univers qui prend le temps. Il prend le temps d’un souvenir, il prend le temps de conter une histoire, il prend le temps de nous laisser prendre le nôtre, de savourer cette musique qui peut paraître anachronique à l’heure où les années 90 sont en pleine bourre, où la grogne ne cesse de se tapir à l’ombre. Dear Ghost joue une pop presque évanescente, qui semble se diluer dans les contours d’un rêve pas encore totalement achevé.

Les sonorités sont ouatés, même sous leurs atours les plus brillants. Elles confinent au cocon, celui dans lequel on reprend force et espoir, dans lequel notre histoire passée vient se lover contre nous, pour nous rappeler que nous ne sommes pas encore morts. Il nous rappelle le meilleur des production anglaises du début des années 2000, avec ce mélange de presque amertume et d’amour.

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Douceur vapeur.

Swim deep lui succède. La voix devient vaporeuse, écho discret se répercutant sur quelques nappes de brouillard. Ce brouillard n’est en revanche pas humide, pas froid, il nous entoure, nous maintient dans son giron de chaleur. Swim deep, comme l’ensemble de l’EP, échappe aux relents post punk pour nous convier à une dreampop maligne, qui évite les pièges éculés pour renouveler un genre qui, typé, a tendance à s’autoparodier sous des tonnes d’écho et de productions sirupeuses. Pas de tout ça ici, ou plutôt dans des proportions très bien dosées, évitant que la nausée ne survienne, que la surcharge écrase la méticulosité dont fait preuve le duo (celle de construire des pièces mélodiques de dentelle et de légèreté).

Les compositions sont élaborées, comme la tracklist du reste, pour ne pas nous faire sombrer dans une quelconque léthargie, pas plus que pour nous faire partir ailleurs. The Breakfast club, par la force de lignes de chant accrocheuses, par des mélodies inattendues, surprenantes, maintient constamment l’attention. Ce n’est pas Golden sorrow qui contredira la donne, jouant sur une production audacieuse, sur des distorsions pleines de personnalité, et surtout un long pont instrumental (seule demeure une fantomatique présence de choeur ) d’anthologie.

Ne pas forcer l’écoute.

On my shoulder se fait un peu plus rock, mais tendance dépouillée sur son introduction guitare voix angélique. Si la pop du groupe est dream, son aspect rock ne lorgne jamais le shoegaze (la dérive aurait été facile et…entendue), la voix étant bien définie, n’ayant rien à cacher de sa personnalité lumineuse. La guitare est sur ce titre particulièrement expressive, presque un choeur sur sa partie solo. Le clavier apporte sa petite touche spectrale, mais jamais flippante, plutôt vaguement « halloweenesque » (avec une légère colorisation enfantine, qui renforce son effet presque « dramatique »).

The plane (avec The accidente) termine l’EP de façon plus concrète, comme si l’âme d’un fantôme se réconciliait avec son corps défunt, pour entamer une nouvelle danse, une nouvelle vie toute neuve, purgée de souffrances inutiles, de rêves non concrétisés. C’est sur cette note optimiste que se termine Dear ghost, EP ne donnant jamais la chair de poule mais qui, au contraire, réchauffe les os. Sensible et très bien fait techniquement, ce nouvel opus de The Breakfast Club nous enchante, un peu, beaucoup, à la folie, passionnément.

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