[ALBUM] TAPEWORMS, Funtastic, explosion pop !
Funtastic, premier album de Tapeworms (disponible chez Howlin Banana records, Cranes records, Coypu records (Italie) et chez Testcard Records (Japon).
Tapeworms nous avait séduit avec son premier single Safety crash. Nous attendions de pied ferme la sortie de l’album pour voir si Funtastic était à la hauteur de cet avant-goût explosif de pop décomplexée. Alors, bien ou bien ?
Un single appétissant
Reprenons depuis le début. C’est de la pop que propose Tapeworms comme nous le démontrait à merveille le single. Ce titre fut, comment dire, un petit coup de coeur. Nous avons eu, à son écoute, l’impression d’avoir été projeté sur un mur capitonné avec force. Sensation de choc, mais amoindrie par des petits boudins molletonnés, qui faisait que le « crash » se produisait en toute sérénité.
Ce crash prenait les atours d’une pop aérée, plutôt légère, sur laquelle le trio lillois posait quelques bidouilles électroniques n’étant pas sans nous rappeler les machines de notre adolescence (les fameuses Nintendo Snes et Sega Megadrive). Le mariage aurait pu être foireux, mais les musiciens s’en tiraient haut la main, avec une insolence folle. Nous n’avions dès lors plus qu’une hâte, découvrir Funtastic dans sa globalité.
Surprise de taille.
Et voilà le jour J arrivé. L’album déboule, et nous l’écoutons, mi-incrédules, mi-euphoriques. Bon, pour tout vous dire, nous avons l’habitude d’être échaudés par un single qui déchire tout mais qui donne suite à un album tiède (et vous n’avez pas idée à quel point c’est fréquent). Ici, ce n’est pas du tout le cas ! L’album est diablement bon, riche, et surtout incroyable de justesse et de perspicacité.
La justesse réside dans cet insondable ( et indescriptible) parfum de spontanéité, de celle impulsée par des gens pas encore blasés par une industrie parfois sans pitié. Ici, dès l’entame de Funtastic, nous plongeons dans un grand bain de fraîcheur, d’inventivité, de surprises. Celles-ci résident dans un choix assumé de sonorités rétro futuristes, sur les claviers et autres bricoles électro, et traditionnelles à la pop (guitare basse batterie). Le tout est associé à une production ressemblant à une vis sans fin, tourbillonnant et libérant un univers cosmique, du moins dans notre esprit. En deux mots, il règne ici une sensation de liberté artistique totale et maîtrisée.
Onirique, mélancolique.
Il plane sur l’ensemble des titres une atmosphère détonante, située quelque part entre un onirisme échevelé et une légère mélancolie, plutôt douce et jamais plombante. Juste un léger spleen, coloré d’une voix lead féminine ou d’un duo féminin masculin (ou même masculin tout seul, à l’occasion). Les choeurs participent à la fête, en étant toujours sobres et pertinents. Ce spleen s’exprime donc à travers elles, légèrement en arrière de la musique, dans un (presque) style shoegaze.
L’onirisme lui existe à travers une production ample, laissant l’espace nécessaire aux notes pour se répercuter quelque part dans notre psyché, y rebondir et agir sur les interrupteurs de nos souvenirs et de nos émotions.
Cette pop s’inscrit totalement, à notre avis, dans un courant dans lequel s’épanouit par exemple Someone ou Jay Som, deux artistes que nous aimons beaucoup ici. C’est-à-dire que la musique nous enlève, nous dépayse totalement, mais sans devenir flippante parce qu’elle nous priverait de repères. Au contraire, les quelques expérimentations de Tapeworms sont à la fois surprenantes et jouissives. Ne serait-ce que sur le morceau d’ouverture Next time (may be) avec la rupture « fréquence cardiaque » qui arrive sans crier gare.
Ces expérimentations ne se font jamais au détriment de la musicalité globale de Funtastic. Elles s’inscrivent au contraire dans cette faculté qu’à le groupe à être là où nous ne l’attendons pas.
Pop feu d’artifice.
Dès lors, la pop du groupe devient feu d’artifice, à la fois coloré, explosant en mille pétales bariolés qui retomberaient bercés par le vent d’une jeunesse déjà pleine de maturité (les compositions sont très abouties), et explosive (les guitares savent flirter avec le rock et des rythmiques plus burnées que celle de la simple pop).
Nous aimons cette sensation de liberté que procure funtastic qui porte dès lors bien son nom. Mélange de fun et de fantastique, l’album séduit par sa pop explosive entre indépendance d’esprit et collages « musique analogique/ musique (de jeux) électronique(s) ». Le trio réussit ici le mariage dans un déluge explosif de souvenirs vaguement vintages, de sonorités aventureuses, le tout assaisonné d’une sérieuse dose de bonne humeur humble et contagieuse.
LE titre de Funtastic.
Palm reading non ? Le morceau commence par une petite rengaine presque Sea sex and sun et puis, au moment du refrain, légère dissonance, voix désaccordées, comme si nous trébuchions à cause d’un trou dans lequel se serait aventuré, par mégarde, notre pied. Puis ça repart, avant un break cosmique, avec une voix lointaine, comme émergent du brouillard d’un rêve. Puis retour à une réalité plus électrique, rock.
Ce titre résume, à notre avis, la folie créatrice du groupe puisque nous y avons de la pop, du rock, ces légères expérimentations qui surprennent et séduisent, tout en restant incroyablement homogène et cohérent. Palm reading est donc, à notre avis, en 2’55 le condensé de l’album. Et avouez que c’est pas mal pour ce faire une idée de ce que Tapeworms a dans le bide. Nous, on en redemande !