[ ALBUM ] SUPER-X, post punk rock psychédélique

Super-X, premier album en provenance de Melbourne (Polaks records/Spoilsport Records)

Cela devient une (très bonne) habitude de se prendre une monumentale gifle en provenance d’Australie. C’est une fois de plus le cas avec Super-X, trio australien qui nous délivre un album puissant, mélodique, et aux expérimentations hypnotiques.

L’album commence et se termine sur la même nuance, une espèce de musique ambiante évoquant le bruit de la pluie qui s’écoulerait dans une gouttière. Forcément, l’image que nous utilisons est relativement éloignée de la réalité de ces sonorités, mais l’aspect liquide de la chose ne fait pour nous pas de doute. Néanmoins, chacun l’interprétera à sa façon.

Toujours est-il que cette sonorité étrange donne une forme circulaire à l’album, comme si une énergie ne cessait de circuler qu’un bout à l’autre de l’album, comme si un serpent se mordait la queue. Pour dire les choses un peu différemment, nous dirons simplement ceci : si vous mettez l’album sur repeat, vous ne saurez plus quand il commence et quand il s’achève.

Le tourbillon est donc sans fin, et nous propulse dans une transe magnétique, sorte de trou noir duquel nous ne pouvons ressortir indemnes. Cela simplement parce que le groupe nous propulse dans une autre dimension, une dimension où les instrumentaux prennent le pas sur les paroles et nous entraîne dans une forme de transes hypnotique.

Puissance sonore.

Dès l’entame, enfin dès qu’on a passé l’intro liquide, le groupe rentre dans le vif du sujet. Grosses guitares, batterie, voix, fuzz, distos et tutti quanti. Mais pas de basse. Et la voix, très peu également. Celle-ci est d’inspiration cold wave, nimbée de réverb, brute et pas policée. Elle dispense quelques phrases, comme pour expliquer la teneur du titre. C’est peu bavard, et c’est tant mieux car le groupe préfère s’exprimer par la musique. Et nous avouons adorer cela, parce que ce langage nous laisse libres d’interpréter les choses comme nous le souhaitons.

Les parties instrumentales sont donc largement prédominantes. Elles sont un mélange condensé d’énergie atomique, d’un groove froid, de superpositions, de rythmiques parfois tribales, d’explosions contenues, ou pas, de décibels sauvages. On pense aux Stooges par certains aspects, dont cette espèce de psychédélisme inhérent aux années 70. Seule la présence vocale y diffère. Mais on pense aussi à d’autres groupes, comme Spacemen 3 par exemple.

Avoir un aperçu de ce que propose Super-X sur bandcamp

Révolution.

Comme ce disque qui effectue une révolution en n’arrêtant pas de tourner (effet dû à ce que nous expliquons plus haut), il dégage également un sentiment revendicatif. Sans doute par l’aspect perforant de la musique. Par effet de répétition du thème qui porte chaque titre, la musique de Super-X fore en effet toutes nos défenses pour aller au coeur de nos sentiments. Ceux-ci se veulent contradictoires, ou plus exactement confus.

Ils réveillent en ce sens véhémence, notre colère, notre envie de faire bouger les lignes. Le trio parvient à faire cela simplement par la superposition de boucles sur lesquelles les guitares posent de nouveaux effets, progressivement, de façon de plus en plus insidieuse, poisseuse, presque malsaine. Il en résulte un groove fangeux duquel il est impossible de s’extraire (le voulons-nous cependant?).

La musique du groupe, une fois installée, ne se déloge plus de notre tête, de notre corps. Elle fait littéralement partie de nous, elle guide chaque événement de notre quotidien, qu’il soit positif (et donc source de vitalité) ou mauvais (source de revendication) et nous donne simplement envie de nous exprimer pleinement.

Donner c’est donner, reprendre c’est voler.

Alors Super-X nous donne, nous donne, nous donne. Et on prend, on prend, on prend. On prend cette énergie, ce brasier ardent, cette colère froide, cette explosion intime et muette qui se transforme en déflagration externe à nulle autre pareille. Mais pourtant, tout reste étrangement contenu, bridé par une conscience de l’autre, du genre « la liberté des uns s’arrêtent ou celle des autres commencet ».

Autrement dit, Super-X nous met sur le chemin qui est le nôtre, de notre propre humanité, et s’en repart soulagé de son fardeau. Il ne reprend rien, ce groupe, car il n’est pas égoïste. En gros, il nous donne les clés, et chacun est libre d’ouvrir les portes qui sont les siennes. Mais sa musique en tout cas, s’insinue en nous, durablement, fortement, nous transforme mais ne change pas nos fondations intimes. Il nous a juste montré que son identité n’est pas si éloignée que ça de la nôtre. Et que sa musique, finalement, était toujours présente en nous, même si nous ne l’avons jamais laissée s’échapper.

Super-X agit donc comme un catalyseur de pensées intimes, doublé d’un amplificateur d’émotions vives. Mais jamais, il ne nous épuise, au contraire ! Ce groupe nous délivre une énergie fondamentale, que nous prenons à notre compte et que nous augmentons de nos vécus. Et par effet boule de neige, elle grandit et nous nourri. Et revient comme un mantra, comme une obsession dont nous ne voulons pas ou plus nous séparer. Bref, ce debut album est d’une force peu commune, celle de ceux qui expriment les choses sans les dire, et ce n’en est que plus puissant.

LE titre de Super-X.

Nous ne pouvons définir un titre en particulier, notamment car les six premiers morceaux s’enchaînent sans coupures (liés entre eux par un grésillement d’amplificateur qui nous montre, si besoin était, que les guitares sont électriques. Pour nous, le morceau de l’album combine donc l’intro, New one, One cut, Circle form (tiens donc), Inside of you et TXL. Eh oui, des fois, on ne veut pas choisir et cet enchaînement de morceaux, outre le fait de nous ravir, nous place dans un tel état de fébrilité que nous les prenons comme un tout et non comme une succession de titres sécables. Mais rassurez-vous, vous pouvez le faire de votre côté. Et continuez à vous rassurer, la fin de l’album, autrement dit les 4 autres morceaux, valent eux aussi le détour !

super-x

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