[ALBUM] SLOMO, L-DOPA // Nerveux & planant.
Debut album déjà disponible
Nous pourrions chercher longtemps que nous n’arriverions pas à placer Slomo dans une catégorie bien précise. Il faut dire que L-Dopa, premier album du trio australien (Melbourne) est d’une liberté totale. Les morceaux oscillent en effet entre pop atmosphérique, tendance sous substances, post rock crépusculaire, voire post punk hargneux, sans oublier un soupçon d’électro. Bien évidemment, le tout se déroule en 9 titres et 31 minutes au chrono. De quoi vous laisser sur le cul.
Nous avions placé un de leurs titres, Fit right, leur single, dans une de nos récentes playlists. Le groupe en effet nous avait tapé dans l’oreille avec son rock surprenant, mélange d’instantanéité pop, limite shoegaze, et d’un refrain teigneux. À la voix, c’est Jem King qui officie (elle officie aussi à la guitare), ce qui ne manquait pas de dégager son charme. Sur l’album, relativement taiseux, c’est encore elle qu’on retrouve à cet avant-poste de tous les dangers, qu’elle évite avec malice et classe (sur le peu de morceau possédant du chant). Mais il faut dire qu’elle est épaulée par ses comparses Brother Tom à la basse et Cal Walkinshaw à la batterie.
Une assise rythmique puissante.
Les deux musiciens déploient, avec leur rythmique, une assise ultra puissante, de celle qui rend votre épiderme irritable, qui démange sous le fute et qui vous dit que vous sauteriez bien dans tous les sens pour faire disparaître ce picotement irrépressible. Parfois lourde, parfois peine d’un groove à peine maitrisable, le duo impose un tempo frénétique sur la plupart des titres, invitant à la débauche d’énergie, comme pour exorciser d’invisibles démons.
C’est efficace, c’est le moins que nous puissions dire, et nous aimons ça. Par-dessus, Jem King pose ses guitares, souvent inventives, parfois sinusoïdales, parfois plus terre à terre, qui électrise encore un peu plus tout ce beau monde (qui n’en avait pas vraiment besoin, mais qui irait se plaindre, honnêtement?). Musicalement, nous lorgnons à certains moments le math rock, le shoegaze (l’aspect monolithique du son), le post punk (le côté sombre de certaines compositions), la pop aussi. Le groupe ne se refuse rien.
Peu de paroles.
L’album repose principalement sur des titres instrumentaux, tout ou partie. Seul le single susmentionné possède une architecture couplet refrain traditionnelle. Pour les autres titres, le trio fait abstraction du classicisme en vigueur dans le rock pour poser sa musique comme il l’entend. Chaque titre possède sa personnalité propre, un univers qu’il développe en environ 3 minutes et 30 secondes. Parfaitement calibré pour les radios en somme, même si nous doutons qu’énormément d’entre elles programment le groupe. Parce qu’il est trop libre voyez-vous, et qu’il ne se range dans aucune autre case que celle d’une qualité d’écriture indéniable.
Car pas besoin de parler, ou chanter, pour raconter une histoire. L’instrumental permet d’être en connexion directe avec l’émotion. Le très post rock (tendance Robin Foster) Time possède ce côté exalté, plein d’emphase qui sert la gorge et donne envie de verser sa petite larme. Paradoxalement, un titre comme Self made se fait plus abrasif, toute distorsion en avant. S’intercalent, entre deux extrêmes qui n’en sont finalement pas tant que ça, des morceaux plus pop, évolutifs, aux sonorités claires.
De la mélancolie, de la colère, mais aussi de l’espoir.
Les deux sentiments (mélancolie, colère) semblent prédominer sur L-DOPA. Comme si Slomo avait un petit truc à régler, avec lui-même, avec les autres, peu importe. Mais nous voyons aussi d’autres sentiments surgir. Celui, peut-être, d’une fascination pour un inconnu qui s’offre à nous, dans lequel tout ne serait peut-être pas pourri. Il y a aussi cette petite lueur d’espoir que nous voulons bien y voir, quand les ténèbres semblent la seule issue. Fort heureusement, le trio n’est pas manichéen, et si des sentiments plus sombres semblent être présents en filigrane de cet album, ils sont souvent contrebalancés par quelques accords majeurs qui redonnent du souffle à l’ensemble.
Comme une bonne inspiration, celle qui permet d’affronter ce qui se place sur notre route, nous redonne force et courage. Alors la mélancolie s’envole, laisse place à un esprit combatif qui paraît être ici le mot d’ordre. Ne rien lâcher, avancer coûte que coûte, croire en ce que nous faisons, toujours. Un message que nous entendons les deux oreilles grandes ouvertes, message qui redonne un peu de sens là où nous avons parfois tendance à nous éparpiller. Salutaire quoi !
LE titre de L-DOPA.
Le morceau titre fait office de morceau de référence. Pour la base rythmique à la fois lourde et aérienne (et ouais), pour la partie de guitare, presque en arrière-plan mais qui définit un motif obsédant. Pour ce côté post punk étouffant, surtout lors de cette cassure à deux reprises, presque symétrique de part et d’autre de la mi-chanson. Pour ce côté sombre, le plus noir de l’album, mais qui n’empêche pas d’avoir envie de bouger, de pogoter, d’exister quoi. Ce titre ne laisse pas de répit à qui l’écoute, il ne laisse pas entrevoir la lumière du dehors non plus, puisque tourné vers l’intérieur, vers les états d’âme. Bref, un morceau pour danser tout seul, dans le noir (mais en se faisant bien plaisir quand même).
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