[ALBUM] SLIM PAUL, Good for you // blues optimiste
Un épouvantail en solo.
Pour ceux qui ont eu la chance de les voir sur scène, le blues métissé hip-hop de Scarecrow vous aura fait forte impression, autant par la qualité de son jeu que par son énergie sur scène. Et puis, vous vous souvenez de l’épouvantail, filiforme, tenant une six cordes comme si sa vie en dépendait ? Aussi à l’aise sur une électrique qu’une folk ou qu’un dobro, à la slide ou en arpège, son jeu (et son allure) évoquait un peu un Jimi Hendrix plus blues que nature. Cet épouvantail (Scarecrow, effraye corbeau, épouvantail quoi) n’est autre que Slim Paul. En formule trio, sous son nom, il nous propose Good for you, un album bon pour vous, pour nous.
Pas de pose.
Alors, mettons tout de suite les pendules à l’heure. Ce n’est pas parce qu’il est blanc, de Toulouse, qu’il n’est pas légitime à chanter le blues et une certaine vision de l’Amérique. Slim Paul, il a ça dans le sang, le blues. C’est brûlant, c’est toute son âme pourrions-nous dire, et cela s’entend sur chaque titre de Good for you, album qu’on n’écoute pas une fois, mais qu’on écoute en boucle tant ce qu’il dégage nous paraît à la fois familier et inédit, à chaque écoute. Une sorte de mini classique instantané en somme.
Et c’est vrai, qu’il pourrait être un classique, si ce n’est que qui dit classique dit un peu engoncé dans des codes immuables qui peuvent, parfois paralyser. Mais ici, il n’y a rien de figé, notamment parce que sa musique dégage le feu sacré blues, en lui injectant un supplément d’âme gospel. Mais pas simplement cela puisque nous sentons sur chacun de titres cet esprit qui semble émaner de bien plus profond que la simple carcasse de Slim Paul. Un truc qui vient du cœur, du respect, de l’amour.
Voix/guitare.
Il faut reconnaître que le monsieur sait y faire avec sa voix et sa guitare. Si le premier répond au terme d’organe, le second pourrait en être un, comme une extension de la simple personne de Slim Paul. Pourquoi ? C’est un peu comme si cette guitare lui était greffée directement au bout, ou à la place, des bras. Non pas qu’il déballe une technique monstrueuse, il fait bien plus. C’est son âme qu’il déballe à chaque titre, sans pour autant se montrer prétentieux. Comment une telle musique pourrait-elle l’être ? Elle dégage une sincérité non feinte, une ferveur religieuse, de celle qui nous met les larmes aux yeux. Celle qui nous fait aimer la musique, et les musiciens, au point que certains en viennent à les idolâtrer.
Mais, ils ne sont que des hommes et des femmes « normaux » (entre guillemets car nous sommes tous uniques, donc anormaux par excellence, mais on s’égare). Bref, Slim Paul est un homme comme un autre, certes talentueux, certes qui balance autour de lui une musique qui touche au cœur, mais sans doute parce que l’homme qui se cache derrière possède aussi cette capacité à comprendre cette musique, ses enjeux. Et c’est en se rendant aux États-Unis qu’il approfondit encore plus son amour pour celle-ci.
En mode trio.
Sur ce deuxième LP (le premier répondait au nom de Dead already), toujours en compagnie de Jamo (batterie) et Manu Panier (basse), Slim Paul rend sa musique plus joyeuse (ce que l’on n’a pas de mal à croire, rien qu’en lisant le nom des deux albums). En effet, Good for you est plus léger dans ses thèmes, dans sa musique également puisqu’elle dégage un fort sentiment d’optimisme, comme nous le disions plus haut). Pour autant, elle n’est pas légère à outrance, mais disons simplement qu’elle nous met la banane.
Sans doute parce qu’il n’y a rien de faux dans cet album. Ni dans l’intention, ni dans la réalisation. C’est chaud, rassurant, mélodique, moderne, rythmé, ose les petites touches mélancoliques, ou simplement une certaine gravité, mais sans sombrer dans le pathos. Non, c’est un disque qui reflète la vie, simplement. Et qui fout un bon coup de pied au cul de la sinistrose qui accable un peu tout le monde depuis quelques mois.
Si l’album est clairement blues, il possède également une petite touche pop qui fait que nous nous sentons tout de suite embarqués dans un univers entraînant, varié (parfois, les albums de blues peuvent être redondants, ce n’est nullement le cas avec Good for you). Pour nous, cet album pourrait se rapprocher du Welcome to the cruel world de Ben Harper, sorte de petit chef-d’oeuvre du genre, c’est-à-dire blues mais possédant une ouverture d’esprit qui transcende le genre.
Sans faute.
C’est donc un album proche du sans faute que nous offre Slim Paul. L’esprit est respecté, l’envie de le proposer au plus grand nombre aussi, sans se fourvoyer en chemin. C’est un album absolument indispensable en ce moment, mais nous pressentons également qu’il sera indispensable à chaque fois que nous aurons… le blues. Une contradiction ? Pas sûr. En tout cas, cet album nous fait du bien et comme c’est très rare, nous essayons de propager sa bonne paroles à qui est réceptif. Magnifique !
LE titre de Good for you.
Log dog blues. Sans doute pas le plus virevoltant musicalement, sans doute pas le plus original non plus, mais il nous fait penser à Seamus de Pink Floyd, ou Mademoiselle Nobs, ces morceaux où le groupe faisait chanter des lévriers afghans, sur une base blues. Avec Log Dog blues, on retrouve des jappements de canidés (mais en sont-ce véritablement, des canidés ? on vous laisse vous faire vôtre idée), certes pas aussi prononcés, mais le but n’est pas là non plus visiblement. Mais toujours est-il que ce morceau nous fait son petit effet, et que de toute façon c’est totalement subjectif et comme c’est nous qui décidons, hop, titre de l’album !
On pense à The chainsaw blues cowboys
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