[ALBUM LP] Sing Sinck, Sing explore nos limites
Are sing sinck, sing, album disponible chez Constellation Records.
Et si tout était une question d’atmosphère, une question d’air que nous respirons, de musique que nous entendons, de beauté que nous voyons. Si tout n’était qu’émotion, véhiculée par divers facteurs sensoriels, par ces ressentis profondément ancrés au fond de notre âme. Explorer ses recoins demande un savoir-faire indéniable, d’autant plus quand la musique qui se propose de le faire ose la plongée en apnée dans la psyché de Sing sinck, sing.
Oublier ses repères.
Dès le morceau d’ouverture Do the police embrace, Sing Sinck, sing nous propose une musique à la limite même de l’aliénation. Reposant sur des boucles répétitives, reposant elles-même sur un lit de nappe de synthés et de guitares, tandis qu’une basse discrète, semblable à une pulsation cardiaque vient à peine se faire entendre, les voix plaintives, mais possédant le feu sacré des chants chamaniques, font voler en éclat toutes les barrières physiques nous entourant.
Instantanément, nous sommes focalisés sur ce son prenant, hantant les moindres recoins de nos psychés. Il n’y a, ici, rien de rationnel. Nous quittons nos enveloppes charnelles comme si nous étions envoutés par la flûte d’un charmeur de serpents. Rien ne nous entrave désormais, seul l’émotionnel prédomine, sans barrière d’aucune sorte. Qu’importe si les mots se noient dans un brouillard de musique, ou inversement, l’intention qui réside est de nous faire ressentir le monde qui vibre dans ces compositions.
Des sonorités bien connues.
Pourtant, des sonorités bien connues, pour qui connaît l’univers d’Efrim Manuel Menuck (Godspeed you ! Black emperor, Thee silver Mt Zion) surgissent ici ou là notamment sur le deuxième titre, Fight the good Fight avec ses claviers et ses arrangements évoquant 13 Angels standing guard’ round the side of your Bed figurant sur le premier LP de Silver Mt Zion (l’excellent He Has Left Us Alone but Shafts of Light Sometimes Grace the Corner of Our Rooms…). Après écoute, nous retrouvons également, et c’est tant mieux, énormément de l’univers de Kevin Doria (l’autre membre de Sing Sinck, Sing, également membre et/ou fondateur de Growing, Total Life, Hiss Tracts) avec ces explorations “statiques” aussi addictives que nébuleuses.
Les thèmes abordés sont profonds, dressent un état des lieux du monde d’aujourd’hui, entre descentes de police, forêts en flammes (tristement d’actualité en ces jours où partent en fumée des milliers d’hectares de la forêt Amazonienne), pourtant un éclat d’espoir percent sans cesse les ténèbres, du moins pour qui sait lire en les lignes. L’espoir, cet éternel objet de l’homme qui nous permet de croire que tout n’est pas perdu, est ici présent en filigrane, discret mais omniprésent. Il tire du marasme ce disque exigeant qui aurait vite pu sombrer dans quelque chose de très glauque.
Des voix et des hommes.
Les voix sont ici superbement mises en scène, avec cette fébrilité pleine de force dont nous savions Efrim Manuel Menuck capable. Ce point fort repose sur une musique sachant la transcender, preuve de l’entente sans failles des deux membres qui se connaissent depuis plus d’une décennie. L’association de ces deux talents, aux univers pourtant très forts (et presque incompatibles tant l’un est dans la retenue et l’autre dans l’explosivité), semblait pourtant évidente tant l’impact du disque se grave au fer rouge dans nos peaux.
Ce disque est d’une beauté difficile à appréhender, nous le concédons, pour qui est étranger à l’univers des Canadiens. Pourtant, sa flamme nous réchauffe le coeur et l’âme, aussi certainement qu’un baiser langoureux saurait le faire. Un premier exercice palpitant, en attendant la suite des événements (le groupe écrira et enregistrera de nouveaux titres cet hiver comme ils nous le confiaient dans l’interview que nous avons publiée il y a quelques jours). Nous ne saurions que trop vous conseiller, si vous habitez Montreuil ou ses environs, d’aller faire un tour à La Marbrerie ce 15 septembre pour y découvrir ce groupe à nul autre pareil.
LE titre de l’album.
Pour nous, le morceau phare de l’album se trouve être le premier, Do the police embrace ? Son ambiance y est presque apocalyptique, prenante, oppressante, sans pour autant être sinistre. La voix de Menuck y est affolante d’émotion vive, brute, et les tessitures sonores nous déconnectent instantanément de notre environnement quotidien. Sans doute à cause de l’urgence qu’elle dégage (la police volait en rond autour de leur lieu d’enregistrement), l’émotion est palpable, terriblement sincère, jamais surjoué. Ce titre nous titre les larmes de yeux par sa simplicité et son authenticité.
Le bandcamp de Sing sick sing
Univers prenant également chez N U I T