[ ALBUM ] SAMMY BRUE, Crash test kid, ado décomplexé
Crash Test Kid, premier album de Sammy Brue (New west records)
« Sometimes you gotta die before you live ». Jamais phrase n’aura été aussi emblématique, surtout provenant d’un « Crash Test kid ». Car oui, Sammy Brue est encore un enfant, enfin un ado, de 15 ans, qui nous propose un album décomplexé à mi-chemin entre pop et classic rock (avec pas mal d’influences blues et americana). Il fait sienne la devise qui dit qu’il faut vivre pleinement sa vie, ses rêves, sinon nous risquons bien de passer à côté de ceux-ci.
Alors, à bras-le-corps, il prend son stylo et écrit des chansons. À bras-le-corps également il se saisit de sa six cordes et nous emmène dans son univers pop, rock, folk, absolument et génialement accessible, sans pour autant sombrer mainstream. Certes, nous sentons poindre ici ou là des tics inhérents à la« Sometimes you gotta die before you live ». Jamais phrase n’aura été aussi emblématique, surtout provenant d’un « Crash Test kid ». Car oui, Sammy Brue « teen music », mais qu’est-ce qu’on s’en fiche ! Pourquoi ? Parce que Sammy Brue le fait de façon totalement sincère, évitant de sombrer dans l’amalgame un peu putassier du punk rock à la Sum 41 ou Blink 182 qui n’ont pas encore compris qu’un jour, il faut évoluer avec son âge.
Maturité.
Donc ici, Sammy Brue nous propose son univers qui, à l’image de l’artwork de Crash test kid est coloré, vivant, bouillonnant. La musique qui se disperse des enceintes est tout de suite assimilable, et nous avons peine à croire que le kid en est vraiment un tant sa musique est intelligente. Elle est, pour ainsi dire, le parfait contrepoint entre l’ancienne génération de punk rockers fatigués et la nouvelle sans vraie prise de risques ni personnalité.
Nous sommes assez bluffés par le talent qui semble irradier du jeune homme. Car sa musique a été, semble-t-il, inspirée par le rock d’antan. Tendance classic rock, elle est néanmoins fortement agrémentée de rythmes enjoués, légers, de blues revisité à la sauce teenager, mais surtout est portée par tout ce que la jeunesse a de stimulant, à savoir une compréhension de ce qu’ont fait les aînés mêlée à ce qu’ont à dire les jeunes. Ça fonctionne à merveille sur Crash Test Kid, et ça nous fait du bien.
Quelques tics, mais des idées.
C’est vrai, tout n’est pas parfait. On retrouve parfois un sentiment trop grandiloquent d’optimisme, quelques hymnes un peu téléphonés, mais nous n’en tenons pas rigueur au musicien, notamment parce qu’il mène ses compositions au bout de leurs idées. Certes, il y a un côté très joyeux, plein d’espoir, mais également quelques passages plus tristes (nous n’irons pas jusqu’à utiliser le mot mélancolie néanmoins), comme sur le titre Crash Test Kid. Et il existe, et c’est tout à son honneur, un soupçon de romantisme pas désagréable (et presque déconcertant de naïveté) qui montre que, peut importe l’âge et les époques, l’amour restera toujours l’amour. Mais, il ne faut pas vous y tromper : derrière des aspects euphoriques, les mots s’avèrent plus sombres qu’il n’y paraît. L’art de la nuance est ici très bien senti.
L’autre point fort de Sammy Brue, c’est que ses textes sont consistants. Ils lui permettent d’aborder les questions de fond de tout adolescent se respectant, tout en ayant un regard porté vers l’avenir. Nous sentons qu’il a cherché à exprimer ce qu’il a sur le coeur, et il y parvient avec sincérité et pas mal de talent.
Car c’est surtout là où nous voulions en venir. Le dicton dit que le talent n’attend pas le nombre des années et Sammy Brue en est le parfait exemple. Sa marge de progression existe, son album n’est pas parfait (mais quel album l’est?), mais il possède déjà tout l’attirail nécessaire pour être un futur grand nom de la musique. Irréprochable dans ces compositions, dans son écriture, dans les arrangements aussi, la voie du succès lui semble grande ouverte. Il ne faut juste pas qu’il oublie cette simple phrase : « sometimes you gotta die before you live. »
LE titre de Crash Test Kid
Sans doute pas le meilleur titre de l’album, mais c’est celui que nous préférons. Il s’agit de True Believer. Simplement parce que ce titre parle de l’adolescence du point de vue d’un adolescent, avec toute l’innocence du monde. Il se dégage de ce titre, de la musique comme des paroles, une pureté qui ne peut être prise en défaut.
Il n’en faut pas plus pour nous confirmer que ce jeune talent possède de l’or entre les mains. Et nous espérons que le succès ne lui arrivera pas trop vite en pleine tête et qu’il perde le fil de sa pensée et de son art (autrement dit que le monde du showbiz l’absorbe et le recrache comme tant d’autres). Car assurément, il a des choses à dire et que nous les attendons avec impatience.
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