[ ALBUM ] ROUUGE, Mended, onirisme mélancolique.
Découvrez Mended, mini-album ou gros EP de Rouuge (disponible le 27 mars, autoproduction).
Il est des disques relativement inclassables, mais qui s’inscrivent dans un mouvement esthétique global qui nous est tout de suite familier. Notamment parce qu’il respire une sincérité à fleur de peau, Mended, de Rouuge, par son rock crépusculaire nous attire dans des contrées à la fois rassurantes et novatrices.
Impossible à définir.
Ce disque est impossible à définir. S’agit-il d’un EP ou d’un album. 9 titres, 20 minutes et quelques, les contours sont flous. Tout comme le style même de cette musique. Rock ? Pop ? Folk ? Nous ne saurions y répondre avec exactitude. La seule chose que nous savons en revanche, c’est que ce mêle-tout dégage une sincérité poignante, une mélancolie sucrée, par des compositions ne coulant pas de source. Nous avons l’impression d’une apnée du sommeil, d’un temps ou le temps semble suspendu. Le cœur au bord des lèvres, les mots au chaud dans nos pensées, tout se télescope, plaisir, tristesse, émerveillement.
C’est sûr, nous allons perdre quelques lecteurs avec cette entame de chronique. Mais Rouuge ne nous laisse absolument pas indifférent. Mended nous demande d’être actifs dans cette écoute, de nous impliquer affectivement avec la chaleur qui se dégage des neufs titres jouant la nostalgie, la surprise, la joie, ce petit truc qui nous rappelle ces moments magiques d’abandon. Parce qu’à l’écoute de Mended, nous oublions le temps qui passe, nous sommes dans une bulle que rien ne peut venir briser.
Une électricité apaisante.
Cette bulle est traversée par un filet d’électricité qui vient nourrir la voix, les guitares, les effets électroniques (discrets mais essentiels). Les arrangements sont à la fois subtils et grossiers, mais pas de ce grossiers qui rebute, mais de celui qui impose de modifier nos perceptions. Il peut s’agir d’une rupture rythmique totalement inattendue, du son qui grimpe de deux échelons sans prévenir, comme pour nous dire de rester aux aguets, parce que ce qui va suivre est splendide.
Et en fait, pour la faire courte, la suite est véritablement splendide. Mais ce dès le premier morceau, juste expérimental ce qu’il faut pour nous désarçonner et attiser notre curiosité. Les tonalités choisies par Rouuge dispensent des teintes très personnelles, légèrement teintées sépia, parfois colorées comme un fard rouge rosé. Les claviers sont magnifiques, les guitares évoquent celle du Grace de Jeff Buckley, ou d’un autre disque de cette même époque. Nous sentons aussi cette aura particulière que nous connaissions des albums de Syd Matters, ou de Sparklehorse, quelque chose de précieux qui alimente notre âme. Quelque chose de vitale. Ou qui permet de se sentir en vie.
Ne pas en dire trop…
… pour ne pas gâcher la surprise. Mais en dire assez pour vous donner envie de découvrir cet album. Tout le paradoxe réside là. Rouuge, avec Mended, nous offre un album complètement à part, hors des schémas actuels de revival psychédélique, hors de cette vague post punk, hors de cette électro pop qui a le vent en poupe.
Rouuge nous offre un album romantique, une parenthèse sans âge, qui fend parfois notre carapace et nous met à poil face à nos ressentis. Mended, pour définitivement ne pas en dire trop, est à nos yeux essentiel.
LE titre de Mended.
Unburnt chopped wood. Un arpège de guitare acoustique, une voix magnifique, aérienne, un effet de cordes, la voix se perdant dans un écho, des grillons, l’arpège seul les recouvre, l’envie de pleurer, puis passage de la guitare en saturation, dérapage, arpèges électrifiés, les larmes coulent, on a l’air bête à chialer devant notre pc en rédigeant cette chroniquer. Ce titre est sublime. Cet album est essentiel…
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