[CHRONIQUE] RIDE, nouvel album This is not a safe place

ride this is not a safe place chroniqueRide, nouvel album This is not a safe place (sortie le 16/08 chez Wichita Recordings/ PIAS)

Pour ceux qui ne le savent pas, Ride a commencé sa carrière à la toute fin des années 80, sortant un premier album en 1990. Ils faisaient partie de ce courant, le shoegaze, aux côtés des My Bloody valentine et quelques autres groupes.
Vers le milieu de ces années-là, le shoegaze prend un coup dans l’aile, notamment à cause du déferlement de la brit-pop et de groupes comme Blur, Oasis ou Pulp qui commencent à tout rafler sur leur passage, grâce à(ou faute à) un son beaucoup plus policé et des rengaines accrocheuses ne demandant pas trop d’efforts pour être acceptées. Le shoegaze retourne dans la confidentialité et les groupes se séparent, petit à petit, inexorablement. Ride en faisait partie, jusqu’à un retour totalement inattendu en 2017. En août sort leur nouvel album This is not a safe place.

Un retour que le groupe confirme.

Cet été, Ride enfonce donc le clou de sa résurrection avec un deuxième album de cette deuxième période de créativité artistique. Que constatons-nous ? Que le shoegaze n’est désormais plus le leitmotiv du groupe. Les murs d’enceintes sont tombés, mais le savoir-faire pop, lui, demeure intact. Pourtant, le groupe cherche à explorer d’autres univers.

Nous n’allons pas vous gâcher que l’album est assez contrasté, notamment à son tout début qui peine à décoller. Il en résulte une atmosphère étrange, très hétérogène, qui n’invite pas forcément à se poser simplement dans son fauteuil et à écouter le disque les yeux fermés. Le très bon côtoie certains morceaux plus pauvres. Nous allons expliquer tout de suite ce que « plus pauvre » signifie dans le cas du début de This Is not a safe place. Les morceaux les plus pop sont, à notre goût, un peu trop téléphonés, déjà entendus mille et une fois. Ils ne sont pas très nombreux ces morceaux, se regroupent dans une première partie de l’album (heureusement) et cassent parfois un peu sa dynamique. Ce défaut dévoilé, passons aux réjouissances.

Exit le shoegaze.

Comme nous le disions, le groupe a abandonné l’essence shoegaze pour n’en garder que l’esprit. Le titre d’ouverture en est parfaitement l’exemple, avec des sonorités émanant d’un brouillard électro complété par des voix claires sur les ponts. Ces voix nous attirent dans un ailleurs onirique, tandis que les sonorités premières, sourdes, évoquent plutôt quelques endroits plus charbonneux.

Cet exemple est suppléé par d’autres, par touches légères ou plus appuyés. Nous sentons une réelle envie d’explorer de la part de Ride, d’expérimenter également. Cette envie se traduit d’une part dans le son, d’autre part dans la composition des morceaux. Dans This is not a safe place, pas mal d’arrangements électroniques, pas mal de noirceur sur certains titres également (on pense notamment à Kill Switch qui est un petit sommet, du genre oppressant, intense, ou bien Eternal recurrence, nostalgique à souhait). Celle-ci est contrebalancée par des pop songs plus enjouées, ce qui a tendance à équilibrer la balance.

Émotions à fleur de peau

Nous sentons sur une grande majorité de titres un flux tendu d’émotions, variées et fortes. Celles déjà évoquées, mais aussi une sorte de romantisme parfois un peu naïf, un optimisme salutaire. Les voix portent ces contrastes de façon subtile, qu’il s’agisse des chœurs ou de la voix lead. Expressive, distinctes, elles sont l’une des forces de cet album, surtout lorsqu’elles sont couplées à des mélodies tout de suite mémorisables.

Un parfum épique se dégage de certains morceaux, un autre, plus intime survient comme par magie, au détour d’une guitare folk légèrement rehaussée d’une pointe d’électricité pour une balade mémorable (Dial Up). Quand les nappes de claviers apparaissent, nous nageons simplement en pleine extase.

La production est souvent irréprochable, loin de ce qui se faisait lors des années 90. S’il flotte de temps à autre un parfum de new wave, c’est simplement pour enfoncer l’impression hypnotique et éthérée de certains titres. L’effet de rêve éveillé est alors fort, saisissant. Les « berceuses » de Ride sont diablement efficaces et nous propulsent dans un univers chaud, enveloppant, dans lequel nos sensations sont décuplées, sans pou autant nous entraîner en terrain inconnu.

Confirmation du come-back d’un des pionniers du shoegaze made in Angleterre (c’est un pléonasme).

Si nous exceptons le début d’album un peu chaotique (This is not a safe place trouve son rythme à partir du quatrième ou cinquième titre), ce LP est un pari réussi. Les charmes qu’il distille ne s’adoptent pas facilement mais le plaisir s’en trouve alors magnifié. Ride confirme donc son come-back et nous espérons un avenir pérenne pour le groupe, cette fois-ci.

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