QUALITY USED CARS, Good days/bad days, sincère.
Album disponible chez Spoilsport records.
Vous le savez désormais, quand nous évoquons le label Spoilsport records, c’est que nous allons faire un tour du côté de l’Australie. Mais une fois n’est pas coutume, nous n’allons pas évoquer un nouveau groupe post punk, ou post on ne sait pas quoi, mais un groupe alt-country absolument génial. Nous vous parlons aujourd’hui du premier album de Quality used cars, album qui tourne depuis de longues semaines sur nos platines et qui dégage à chaque fois un incroyable frisson de plaisir.
Parce que Good days/Bad days s’avère un petit bijou de simplicité, d’inventivité, le tout porté par une voix complètement à part et des compositions qui font instantanément mouche. Mais commençons par le commencement. Quality used cars est le projet solo de Francis Tait, tête bien connue (aux arrières-plans) de la scène live australienne. En effet, celui qui compose, chante et joue ici du piano, de la guitare, de l’harmonica, et de la basse a régulièrement tourné avec des groupes comme Squid Nebula, The Vacant Smiles et Millar Jukes. Abordant n’importe quelle combinaison de soul, de jazz, de blues, de disco, de psychédélisme et de surf rock au fil des ans, Francis Tait se considérait comme un membre sans importance des différentes formations. Ce qui ne peut nous empêcher de nous pincer le cœur tant cet album démontre tout son talent.
Une équipe de choc.
Entouré ici d’Hannah McKittrick (chant, claviers), Ben Leahy (choeurs, guitare), Ryan Leahy ( choeurs, batterie, tambourin) Isobel Caldwell (chant) et Black Lica (basse), Quality used cars s’aventure sur des terres folk, country, et n’est pas sans rappeler l’univers d’un certain Bob Dylan, du fait de cette voix idiosyncratique, d’une part, qui apporte des couleurs incroyables aux compositions, ainsi qu’une identité totalement unique, mais également par cette façon totalement personnelle d’aborder sa folk music.
Chanté ou parlé, les titres déroulent des trésors de tact. Tait nous raconte des histoires qu’il n’est pas besoin de comprendre, tout se passe dans notre imaginaire. En effet, nous pourrions nous trouver aussi bien dans un rade perdu au fin fond des États-Unis que dans le bush australien*. Ça sent le sable du désert, les moments de camaraderie sur des territoires hostiles où la rencontre humaine est rare. Ainsi, des images d’immensité se dessinent derrière nos paupières closes. Mais également quelque chose d’épique, de foncièrement positif, optimiste, comme chargé de ce sentiment de se sentir privilégié de se trouver à un endroit précis, à un moment donné, sans que quiconque puisse venir troubler cette quiétude contemplative, cet instant de solitude sacrée.
Des titres touchants.
Nous sentons tout au long des dix titres les mélodies couler dans nos veines. Passée la première surprise de la voix, celle-ci paraît bientôt absolument parfaite pour nous transporter dans cet univers sonore aux mélodies limpides, aux couleurs nostalgique auréolée, par moments, dune mélancolie légère. En outre, nous sentons une sincérité incroyable se dégager de celles-ci, un sincérité faite de fragilité, d’humilité, celle des conteurs qui ont compris que le lieu où nous sommes nés a toute son importance et qu’il faut le respecter.
Jouant sur des mid tempo, souvent dansant, la guitare est légèrement électrifiée. Les compositions ne souffrent d’aucune faiblesse, nous emportent dans un tourbillon de sensations inédites. Si la folk de Dylan est présente en arrière-plan, comme peuvent l’être certains passage rythm nblues nous évoquant les Rolling Stones, nous ressentons également certains aspects ragtime envahir l’espace. Ainsi, l’esprit far west, celui des voyageurs, s’impose, sans forcer. Toujours inspirées, les chansons possèdent cette grâce particulière de ceux qui se sont longtemps cherchés, qui ont écrit dans leur coin, attendant leur tour pour s’inviter aux premières loges. En ce sens, elles produisent sur nous ce petit côté évident, de celui dont on se demande comment cela se fait-il qu’un tel disque ne voit le jour qu’aujourd’hui ?
Le bon moment.
Sans doute faillait il à Quality used cars attendre la maturité artistique de son leader ? Ou peut-être est-ce juste le fruit de cette réunion de talents dont chaque membre a de l’importance ? Car contrairement à ce que pensait Francis Tait, il avait de l’importance dans chacun des groupes dont il a fait partie, importance dont nous sommes sûrs qu’il a su convaincre chaque membre du groupe qu’il la possédait.
Touchant, sincère, classique dans sa forme mais moderne dans son fond (l’inverse est juste également), Good days/bad days est un petit diamant, pas brut du tout, qu’il convient de contempler, des étoiles dans les yeux et le cœur grand ouvert.
LE titre de Good days/bad days.
The wheels are in motion dégage chez nous un sentiment particulier, un aspect presque tribal, relativement minimaliste. Si le groupe était américain, nous le penserions inspiré par les indiens. Comme il est australien, nous pensons aux aborigènes, avec une musique qui vient de la terre, qui respecte les rites ancestraux en imposant un rythme que le chant parvient difficilement à suivre. Pourtant, le côté chaloupé de la chanson est assez lent, mais les paroles, elles, courent à en perdre haleine. Cette dualité apporte une densité toute particulière au titre, une forme d’urgence mais également un côté sacré qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur.
*Évidemment, nous sommes en terres australiennes comme le stipulent ces quelques notes : »Cet album a été créé sur la terre volée du peuple Wurundjeri de la nation Kulin et nous tenons à rendre hommage aux anciens du passé, du présent et de l’émergence. A toujours été, sera toujours une terre autochtone. »