[ALBUM] QUAISOIR, ODA // En Mouvement Perpétuel

4é album de Quaisoir

Nous n’allons pas vous mentir. Nous avons failli passer à côté de Quaisoir et de son quatrième album ODA. Il y a des albums qui demandent à être domptés, et pour lesquels une deuxième écoute voire une troisième est nécessaire. Il en est de même dans nos vies de tous les jours, dans nos relations sociales qu’elles soient amicales ou professionnelles. Nous nous sentons plus à l’aise avec untel de suite, nous sommes un peu plus distants avec certains, puis un jour, pour une raison qui nous échappe, la glace se brise et l’alchimie se fait. L’alignement des étoiles. Un coup de foudre à retardement.

Multi-instrumentiste et Compositeur

Si nous prenons le temps d’écrire cette chronique, c’est que nous estimons que Quaisoir et ODA méritent l’éclairage qu’il se doit. Les amoureux de chanson française, de lyrisme et de mélodies vagabondes trouveront en ODA le Saint Graal. Derrière Quaisoir se cache un seul homme, Guillaume Pervieux, multi-instrumentiste et compositeur. Sous ce pseudonyme énigmatique,, Guillaume a déjà à son actif trois albums aux noms tout aussi sombres que provocants, tels que Missiles, Noces de sang ou encore Jesuisvivantetvousêtestousmorts.

Bon, nous sommes curieux, cela vous le savez, alors d’où vient ce nom Quaisoir? Même si le nom sonne bien de chez nous, c’est de l’autre côté de la Manche que nous pensons trouver un élément de réponse. Nous prenons le risque, nous n’avons peur de rien (ou presque) et tentons le coup en proposant le nom d’un des personnages du roman Imajica du romancier britannique Clive Barker. Ça y est, c’est dit, prenons la poudre d’escampette maintenant.

Un album sur le mouvement

Guillaume Pervieux explore aussi sous son nom, d’autres univers bien loin de celui de Quaisoir, avec la composition de musique Ambient, qui saura vous rappeler le génie du genre, Brian Eno. Nous profitons de cette chronique pour vous inviter à laisser traîner vos oreilles sur le dernier album Ambient de Guillaume, sorti très récemment et intitulé Flaws. Vos sens vont en prendre un coup!

Revenons à ODA et aux huit titres qui le composent. ODA est un album sur le mouvement au sens large du terme. Le mouvement de nos corps, l’invisible temporalité, les voyages sont autant de thèmes abordés. Le morceau Camions s’ouvre sur une douce mélodie au piano. La voix douce et fragile de Guillaume ainsi que la teinte mélancolique du titre, nous rappellent la vie solitaire de ces aventuriers du bitume, ordinaires et anonymes, au volant de leur machine disproportionnée. Avec Dijon, morceau plutôt rock, Quaissor reste sur la route et se questionne sur nos déplacements automobiles. Nous l’imaginons assis dans son automobile, sur une autoroute sans fin, en train d’observer ses congénères, vous, nous, en sommes. Mais où allons-nous? Cette question banale prend un tour philosophique. Où allons-nous?

Le balai incessant des locataires d’un soir

Le mouvement conduit implicitement à l’immobilité, comme sur le morceau, le féérique morceau Mille Hôtels. Attention, il n’est pas question ici des Grands Palaces ou de demeures étoilées, mais plutôt de ces lieux communs, sans âme et usés par le balai incessant des locataires d’un soir ou de quelques heures. Nous touchons du bout des paupières les oiseaux d’aciers qui décollent et se posent à un rythme infatigable et nous faisons l’amour avec des inconnus peu discrets à travers les fines cloisons des chambres low cost. La beauté de ces lieux ne prend vie qu’une fois Phébus endormi et quand les réverbères tels des traînées d’étoiles font scintiller les routes.

Quaisoir nous emmène aussi dans ce lieu que nous connaissons bien, avec Joyeuse Maison, la guitare s’étire, nous met mal à l’aise. La maison peut être l’image d’un refuge, cependant, elle peut aussi dire beaucoup de choses sur ce que nous sommes, notre personnalité, notre psyché et même notre corps. Sur ce morceau ainsi que sur Ruban, il est aisé de faire un parallèle entre l’univers artistique de Quaisoir et celui de Dominique A, à la fois rock à souhait, énigmatique et avec de grandes parties instrumentales qui nous parlent des fois bien plus que les mots. Quaisoir reprend la route sur les chemins de cette continuité infinie qui est le temps, avec le morceau Tic-Tac, Tic-tac ce bruit sec de l’horloge qui nous rappelle que nous ne sommes pas éternels. L’atmosphère est lourde et pesante.

Un tourbillon phonique

Quaisoir s’égare, se perd en route sur Comme Une Seule Journée, morceau où il ne reste que des souvenirs d’une histoire d’amour passée. La voix délicate de Guillaume erre entre nostalgie et mélodie. Tornade(s) qui clôture l’album à merveille, nous emmène dans une ambiance atmosphérique, dans un tourbillon phonique. La voix flotte dans l’air, nous sommes comme aspirés vers un ailleurs amorphe. Si nous devions mourir maintenant, c’est comme ça que nous verrions notre fin.

Comme indiqué plus haut, nous avons failli passer à côté de cet album de Quaisoir, et nous nous en sentons presque gênés. Quaisoir fait partie de ses artistes qui survolent le paysage musical francophone sous les écrans de contrôle et dont nous aimerions entendre bien plus souvent tant l’univers est foisonnant. Musicalement, nous sommes médusés. Nous regrettons une seule chose, celle de ne pas pouvoir répondre à la signification du nom de l’album, ODA. Alors Guillaume, nous sommes preneurs.

LGH

quaisoir oda

 

 

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LGHLGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

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