PM WARSON, True story, old school (et ça fait du bien)
Debut album (déjà disponible chez Légère recordings).
Étrange comme parfois certains premiers albums sonnent comme si leur géniteur était un vieux de la vieille, ayant trimballé sa carcasse décharnée, mais élégante, dans des bouges aux quatre coins du globe. Et pourtant, en voyant le visage de PM Warson, on se rend compte qu’il est tout jeune, totalement à l’opposé de sa musique qui dégage une grâce tout droit échappées des années 50 à 70. True story ne vole pas son nom puisque nous sentons dans cet album, l’histoire vraie d’un rythm and blues qui se serait mis sur pause pendant presque 40 ans. Et le résultat est spectaculaire !
En effet, PM Warson a dû potasser ses livres d’histoires de la musique inspirée par la culture noire américaine. Comme les glorieux aînés (on pense notamment aux Rolling Stones), il nous dévoile une musique pleine de sève, sans pose, mais avec une incroyable insolence. À l’heure où une grosse majorité de la classe rock revisite le psychédélisme à toutes les sauces, lui creuse son sillon à l’exact croisement du blues, du rythm and blues, et d’une certaine soul. Tout ça en étant plus blanc que neige. Qu’importe puisque le respect est total, que le rythme nous accompagne d’un bout à l’autre du disque, et que la voix fait des étincelles.
Classique.
Certes, n’allez pas chercher des expérimentations tentaculaires. Ici, tout est fait dans les règles de l’art, avec malgré tout cet esprit de proposer des chansons originales et inspirées (quand bien même certains penseraient que tout a déjà été dit en la matière). Ainsi, en s’appuyant sur une production qui fleure bon l’analogique, des micros aux instruments, le jeune musicien (anglais il va sans dire) nous délivre environ 10 joyaux à l’éclat éblouissant. Éblouissant de maîtrise, éblouissant de feeling, éblouissant enfin de cette classe intemporelle qui fait les grands auteurs/compositeurs/interprètes.
Sur les dix titres proposés, 7 sont des compositions 100% signées de sa main, 2 sont des reprises (dont une de Dylan) et 1 une composition Warson/Seymour-Marsh (ce dernier étant par ailleurs guitariste acoustique sur le disque). Autant dire qu’il place la barre très haut, d’entrée de jeu (puisqu’il s’agit bien d’un premier album), et que, rien que pour cela, son disque pourrait être salué comme une pure réussite. Parce qu’ici, absolument impossible de citer une faute de goût ou de réalisation. Même la tracklist s’acoquine avec la perfection, proposant des climats apaisés après des rythmiques enlevées, comme pour nous proposer un répit, le temps de reprendre notre souffle, avant de remettre le couvert.
Peu de guitare (aux avant-postes).
Nous aurions pu croire que True Story mettrait les guitares en avant, mais elles sont finalement placées un peu en retrait. Le mix, en ce sens est des plus malins, puisque c’est le piano qui se trouve aux avant-postes, avec une paire batterie contrebasse terriblement sensuelle. La guitare sert non pas de fil conducteur (à quelques exceptions près), mais de signe de ponctuation d’une rare pertinence. Quant au piano, il est secondé de main de maître par les orgues (Wurlitzer en tête) et des cuivres rutilants (saxophone, baryton ou ténor, trompettes). Pour couronner le tout, des choeurs, qui font tout sauf de la figuration, nous rappelant les grandes heures du genre.
Nous aimons, enfin, l’impression d’être présent à une répète du groupe dans le club qui les accueillerait le soir même. Il y a, dans le son général de l’album, cette notion à la fois d’espace, propice à ce que la musique se déploie et évolue à son aise, et d’intimité, de proximité avec les musiciens. C’est assez génial et cela distille une ambiance très particulière au disque.
Des images plein la tête.
La musique de PM Warson pourrait accompagner n’importe quel film musical, ou pas d’ailleurs, se déroulant quelque part sur le sol américain (voir anglais, notamment sur certains passages évoquant un je-ne-sais-quoi de Carnaby Street), dans un club enfumé où des protagonistes se retrouveraient pour régler un sujet épineux. Fort heureusement, la musique, qui adoucit les mœurs, arrangerait la situation et tout le monde repartirait content.
C’est peut-être là la plus grande prouesse de ce disque. Outre celle de nous délivrer un regain d’énergie (malgré la chaleur écrasante), il nous fait indéniablement plaisir. En étant exactement à cet endroit où il faut être, c’est-à-dire là où les autres ne sont pas. Hors mode sans être démodé (bien au contraire), True story propose une parenthèse le temps d’une grosse demi-heure. Celle-ci se prolonge indéfiniment par la suite puisque certains thèmes nous restent en tête (dont le morceau qui donne son titre à l’album), tout comme certaines lignes de chant. Rétro, certes, mais intemporel.
LE titre de True story.
On aurait pu choisir le morceau du même nom, mais on citera plutôt le sublime In conversation. Pour son rythme légèrement chaloupé, pour ses choeurs appuyant chaque fin de couplet, pour son petit côté rock (on aime le solo de guitare, bref, mais à la cool). Et puis parce qu’il a un truc qui nous prend gentiment au niveau du bassin, un petit côté sexy tout en étant (presque) nonchalant. Chaque instrument (comme sur le reste de l’album du reste) est parfaitement à sa place, définie selon les critères du musicien, ce qui ne manque pas de dégager un côté entrainant incomparable. Mais l’album est si homogène qu’on ne vous en voudra pas si vous préférez un autre titre de True Story.
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On avait parlé de PM Warson dans l’une de nos playlists