[ DEBUT ALBUM ] CEYLON, Où ça en est

Premier album de Ceylon, Où ça en est, disponible le 24 janvier.

Il y a des albums comme ça, qui sont une forme d’évidence pour ceux qui les écoutent. Où ça en est, de Ceylon, fait partie de ceux-ci, parce que textes et musiques se fondent en un ailleurs aux contours sans cesse redéfinis. La lumière pleut sur cet album et il fait un bien fou aux oreilles, aux cœurs et à l’âme.

Poésie psychédélique.

Tout se joue là, dans un interstice, dans l’entrebâillement d’une porte entre deux univers, celui de la poésie et celui du psychédélisme (le plus débridé parfois). Le mariage évoque une époque révolue qui ne cesse de revenir sur le devant de la scène, avec plus ou moins de réussite. Dans le cas de Où ça en est, nous sommes dans le camp de la réussite, assurément. Nous avons bon avoir écouté l’album sous toutes coutures, textuelles, vocales, musicales, nous n’arrivons pas à y distinguer une seule fausse note.

Il y a deux voix sur ce disque. Une féminine, une masculine. La voix de Louise n’est pas forcément de celle que l’on aime d’ordinaire. Parce que peut-être trop aiguë à notre goût. Alors nous appréhendons de la voir si présente (ce que ne laissait présager la vidéo de Le 5, qui nous a fait découvrir le groupe, où elle est en retrait). Pourtant, elle se dissipe, cette appréhension, dès que nous l’entendons chanter. On veut dire dès qu’on l’entend réellement chanter. C’est-à-dire que Louise possède des intonations folles, joue sur les mots, non seulement à l’écrit (les textes dégagent une poésie dingue, un univers sortant des sentiers battus), mais également dans son chant, en appuyant tel ou tel propos, en jouant l’émotion que dégagent justement ces mots ou le contexte dans lequel ils sont placés.

Les textes y sont donc plus vivants que jamais, et peu importe un timbre qui nous plaît peu au premier abord. Parce que, au final, on l’adopte ce ton de voix, et on apprend à l’aimer (ce que nous finissons par faire contre toute attente). L’autre voix, c’est celle de Tristan (qui officie également à la guitare). Souvent aux choeurs, il se fonde à l’esprit des textes, apporte ses harmonies avec précision et douceur. Quand il passe au chant lead, comme sur Le 5 ou Hamlet Hoolywwod, il apporte son grain et sa puissance feutrée, qui deviennent vite explosifs. On pense à Jim Morrison. Que voulez-vous que nous trouvions à redire à cela ?

Quitter nos repères.

Ceylon s’exprime principalement en français (Le 5 et Hamlet Hollywood en sont des exceptions puisque l’anglais les domine de la tête et des épaules). Nous sommes souvent tatillons quand un groupe s’exprime dans notre belle langue, parce que la suffisance de certains nous ont souvent dégoutté d’écouter du français. Ici, il n’en est pas question, parce que le groupe a bossé sur ses textes, leurs apportant une touche de poésie classieuse, parfois obscure à saisir, mais peu importe. En effet, elle apporte ses couleurs, ses intentions et sa légèreté. Le résultat est le même que si nous comprenions tout, puisque nous décollons avec son lyrisme, pour ne jamais redescendre véritablement.

Il y est question d’amour (toujours), de (quête de) soi, d’autres choses de plus surréalistes aussi. L’effet obtenu est que cette écriture décuple le pouvoir de l’imaginaire dispensé par la simple musique. Cela est fait de telle façon que bien vite nous oublions que Ceylon s’exprime dans notre langue. Le groupe touche alors à la sphère universelle, de celle que nous comprenons partout sans qu’il soit besoin de parler la langue.

Électricité, chaleur, énergie incandescente.

La musique de Où ça en est est de celles qui nous transportent dans des lieux inconnus (c’est-à-dire que Ceylon est assez original pour ne pas sentir le réchauffé), mais familiers (c’est-à-dire réhabilitant un style musical ancré dans notre imaginaire collectif). Ils flirtent avec le psychédélisme des 70’s, avec son retour sur le devant de la scène de ces dernières années. Le son nous évoque les Doors, Steppenwolf, mais également les fous furieux (et eux aussi talentueux) King Gizzard and the Lizard Wizzard.

Tout, dans Où ça en est, est arrangé de façon magistrale, qu’il s’agisse de ces moments de tempêtes ou ceux d’accalmie. Les instrumentistes sont excellents et semblent avoir trouvé une cohérence en rejoignant le duo originel composé de Louise et Tristan. Avec Lucas (guitares, oud), Pierre-Jean (basse) et Sacha (batterie), le quintet, depuis 2017, se trouve à la perfection et semble prendre un pied d’enfer !

Les envolées psychédéliques se teintent d’oripeaux fantasmés d’un Moyen Âge romantique (Où le mal I) avant de finir en épopée sauvage à la Magic Carpet Ride de Steppenwolf. Une douceur sexy habille d’un irrésistible groove Où le mal II. Dans ce titre, les vocalises de Louise font des merveilles (elles sont très théâtrales, dans le bon sens du terme, tant le frisson qui nous secoue l’échine nous fait du bien), tandis que les choeurs lui apportent une profondeur émotionnelle certaine. Le 5 lui, nous transporte dans un pur délire voyant s’accoupler les Doors avec Iron Butterfly (pourquoi pas).

Où ça en est, album de l’année dès janvier ?

Mon ami, Hamlet Hollywood et sa suite, Hamlet Roi, dégagent cette saveur presque hippie qui nous propulse à une époque que nous n’avons jamais vécue, d’une façon si réaliste que nous croyons véritablement y être, peut-être quelque part aux alentours de Katmandou, ou d’ailleurs. Où ça en est possède des couleurs incroyables, autant chaudes que revêches, joue le feu et parfois la glace, la tranquillité d’une scène ou la fureur d’un combat contre soi-même. Nous nous trouvons sans cesse ballottés dans nos émotions, entre une joie presque incrédule qu’un groupe français sonne si bien et l’envie assumer d’y retourner encore et encore, comme pour se faire du bien.

Sans conteste, Où ça en est est le disque de cette rentrée 2020. Il sera aussi l’un des grands disques de l’année. Ce premier album de Ceylon est un coup de maître, croyez-nous sur parole.

LE titre de Où ça en est.

Nous n’allons pas vous cacher que tous les titres valent le détour. Le 5, que nous avions découvert en vidéo (ICI) captée live par Les Capsules, aurait pu bénéficier de l’aura du titre de l’album. Mais, parce qu’il y a un mais, c’est Où le mal I qui lui damne le pion. Pourquoi ? Parce que ce titre bicéphale nous réjouit à chaque écoute. Il commence dans une tonalité presque heroïc fantasy pour finir en pur délire psychédélique et nous osons croire qu’en live, ce titre retourne le public tant la force qu’il dégage nous paraît imparable. Il dégage aussi une joie certaine puisque nous nous sommes surpris, à plus d’une reprise, à sourire de satisfaction en l’écoutant, en nous disant : putain c’est bon ça ! Du coup, la palme de titre de l’album lui revient. Et ce n’est que mérité.

Ceylon où ça en est

 

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