[ ALBUM ] OCTAVE NOIRE, Monolithe, en état de grâce

Deuxième album d’Octave Noire, Monolithe (sortie le 24/01 chez Yotanka)

Nous avons dit, lors de la sortie du premier single Los Angeles, qu’Octave Noire semblait reprendre, avec Monolithe, son nouvel album, les choses là où il les avait laissé avec Néon, son premier LP. Mais nous avions tort car , si certains éléments se situent évidemment dans la continuité, nous sentons une certaine évolution dans la musique du trio. On vous décrypte tout cela.

Les points communs.

Néon nous avait fait une très forte impression à sa sortie. De celle qui vous fait vous dire que la pop française n’est pas si dénuée d’intérêt que le laisse prétendre certaines institutions (comme celle des victoires de la musique, par exemple, dont la liste des nominations vient de sortir et que nous sommes en droit de nous dire « non, mais… Sans déconner ? »). Enfin bref, avec Néon, Octave Noire redonnait quelques lettres de noblesse à la pop made in France, quelque part dans le prolongement d’un couple, pas si improbable que cela, Serge Gainsbourg/Sébastien Tellier.

Monolithe perpétue un peu de cet esprit, par des sonorités qui lui sont chères (et qui nous sont chères à nous aussi). Nous retrouvons ainsi ses lignes de basse caractéristiques, rondes, roulantes, qui s’insèrent avec tact dans des compositions très souvent efficaces, parfois même démoniaques. Nous retrouvons également ces sons de batterie, mi-acoustique mi-électronique, avec l’une d’entre elles, qui nous plaît tant, à savoir ce son de peaux de fût détendues apportant la aussi une rondeur certaines à des percussions qui souvent sonnent sèchement ( la caisse claire notamment). Cela apporte des sonorités variées, mise en avant par l’inventivité du batteur.

Et puis nous retrouvons évidemment cette voix douce, à la diction claire, portant des textes à la fois spirituels et prédicateurs, légèrement surréalistes, ou du moins évoquant un univers de (presque) science-fiction. Nous pensons parfois à un gourou romantique, dont le seul mal serait de nous remettre face à nos contradictions. Le constat est en revanche plus amer que sur Néon, Monolithe se penchant en effet sur un constat désabusé de la société qui est la notre.

Les points de divergence.

C’est ici que se situent les points de divergence d’avec Néon, à savoir qu’il existe sur Monolithe une certaines noirceur que l’on ne trouvait pas forcément sur le précédent LP, ou du moins de façon plus sporadique. Cette touche un peu froide n’a rien pour nous déplaire, car elle s’accompagne d’une musique toujours inspirée électro-pop symphonique. En effet, les compositions dégagent toujours ce sentiment exaltant, épique, qui avait fait la personnalité du premier album, mais se glissent désormais des parties presque expérimentales (notamment sur le dernier titre de l’opus, le très très bon Sous blister).

Autre nouveauté, les collaborations avec d’autres artistes. Ils sont au nombre de trois, mais deux nous paraissent peu convaincants. Non pas que les artistes prêtant leur voix soient hors sujet, mais dans le cas de Mesparrow, par exemple, le texte est on ne peut plus minimaliste (une phrase répétée tout au long du titre) qui ne met pas forcément sa contribution à l’honneur. Dans le cas de Dominique A, rien à redire à son texte ou à sa prestation vocale. Non, ce qui nous paraît un peu étrange, et pas forcément habille, c’est que la voix d’Octave Noire et celle de Dominique A se ressemblent énormément (seul un timbre légèrement plus aigu les distingue), d’où un intérêt limité à notre goût.

En revanche, le troisième featuring lui est on ne peut plus pertinent. En effet, ARM apporte son flow de façon plus que convaincante et font de Monolithe Humain l’un des morceaux forts de Monolithe, avec son apport de voix parlée plus tranchant, sans pour autant s’avérer agressive (ce qui permet de ne pas perdre le fil de la personnalité d’Octave Noire).

Ce Monolithe pas si massif que cela.

Avec un tel nom d’album, nous aurions pu croire à un album massif et indigeste, mais il en est tout autre à l’écoute. En effet, Octave Noire réussit, malgré certaines désillusions contenues et évoquées dans ses textes, à produire un album pop enchanteur et enchanté. Les arrangements sont magnifiques, notamment ceux concernant les prises de batterie. Les structures des morceaux sont toujours aussi bien travaillées quoi que moins surprenantes que sur Néon (rien d’étrange en tant que quel car il s’agissait alors d’une une découverte totale), mais toujours bien au-dessus de ce que propose le genre).

Les paroles, souvent minimalistes, proposent des images cinématographiques, laissées à notre convenance car Octave Noire possède la force et le talent de nous laisser notre liberté. Tout n’est pas dit, à nous d’interpréter les choses à notre manière, et c’est très fort. Nous retrouvions cela dans leur premier album et ce deuxième, même si dans un état un peu moins euphorique.

Pour nous, Octave Noire est un groupe incontournable, et Monolithe ne contredit pas la donne. Nous le conseillons donc fortement à qui aime la musique bien faite, intelligente, et qui ne nous prend pas pour des cons.

LE titre de Monolithe.

Vous l’avez bien noté, deux morceaux se détachent du lot. C’est-à-dire qu’au lieu d’être simplement très bons, ils sont excellents ! Il s’agit de Sous Blister avec cette approche originale et presque expérimentale (ce jeu de batterie!) et Monolithe Humain (feat. ARM). C’est vers lui que notre cœur balance, à un cheveu près. Parce que son rythme y ait à la fois lancinant et percutant, notamment via le flow d’ARM, mais également par ses arrangement électroniques en arrière-plan. Comme Sous Blister, les parties de batteries sont aventureuses, le mariage des deux voies est plus que convaincant, et les paroles, quoi que relativement pessimistes, sont contrebalancées par le côté épique de la musique. Bref, ce titre nous porte à bout de bras, à chaque écoute.

OCTAVE NOIRE MONOLITHE

 

 

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