[EP] octambo, Infra //passer du rêve au cauchemar.

Infra, par octambo, déjà disponible.

Aujourd’hui, il est inconcevable d’imaginer la musique sans l’image qui va avec. Est-ce la faute aux premiers clips MTViesques de Michael Jackson ? Impossible de le dire tant l’époque qui est la nôtre mélange inextricablement tous les genres. Mais cela n’est pas pour déplaire à Jérôme Farrugia qui entremêle image et son dans son projet octambo. Pour preuve le clip d’Only this, tiré de son EP Infra, véritable ode aux créations visuelles, mais également à la musique à la fois organique et électronique.

D’ailleurs, tout l’EP (5 titres, 31 minutes) le démontre de façon habile. Mélanger les influences permet d’obtenir des résultats fous, fait vaciller les frontières entre les styles pour nous propulser dans un univers unique, foisonnant d’idées, laissant surgir l’émotion de façon inédite. Par exemple, Monde idéal et son arpège de guitare électrique nous propulse dans une pop éthérée, introspective, là où Astéracées, premier titre de l’album jongle avec les codes électro, ambient et rock progressif dans une introduction à Octambo lumineuse et optimiste.

La musique, sur Infra, propose des contrastes saisissants. Sur les 5 titres, deux sont brefs ( Monde idéal et Antikythera et leur durée « radio » autour des 3 minutes) tandis que les trois autres dépassent tous les 7 minutes. Pourtant, longs ou courts, ils ne perdent jamais en impact, développent leur univers propre sans perdre non plus en cohérence. La patte de Jérôme Farrugia réussit à lier l’ensemble dans un style que nous qualifions d’électrorock même si l’électro prend parfois le dessus, ou inversement.

Onirisme créusculaire.

Les images qui se dégagent de l’ensemble sont très cinématographiques, évoquant le cinéma de science-fiction, tel Blade Runner ou autre techno-thrillers (ou univers robotiques tel I Robot). Musicalement, les guitares possèdent des attaques parfois proches du métal, ce que contredisent les parties ambient dévoilées sur les autres titres. Mais, parfois même au sein d’un seul morceau (Only this en est un parfait exemple), les frontières s’annihilent d’elles-mêmes pour former un tout s’extirpant de tout code préétabli.

Il y a parfois des images qui nous viennent à l’écoute, des images de désert ou de mondes dévastés (Antikythera), de mondes laissés au contrôle des machines (Only this est sa voix numérisée), d’univers aquatiques (Monde idéal nous évoque une idée de flottaison sur une vague chaude, enveloppante, nous berçant sas lassitude).

Et puis nous avons cette impression de dystopie, de vision anticipative d’un monde perdant ses repères, ou sa raison, dans l’avènement de la technologie (le titre final octambo). Pourtant, Infra, qui lie inextricablement moyens numériques à d’autres plus analogiques, sait dompter la technologie pour produire un univers musical personnel, relativement sombre dans sa majorité (ou en tout cas qui dérive vers un aspect noir à mi-chemin), mais jamais dénué d’humanité. Un équilibre délicat entre angoisse et lâcher prise que nous transmet cet EP à même de convertir les rockeurs à l’électro, ou vice-versa.

octambo infra

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