NICOLAS MICHAUX, Les chutes (versions alternatives et inédits)

nicolas michaux les chutesAlbum étendu post Amour-colère (disponible chez Capitane Records).

Les chutes porte bien son nom puisqu’il s’agit d’un album mettant à jour les morceaux rejetés du deuxième opus de Nicolas Michaux, Amour colère, sorti il y a un an. Sur Les chutes, nous retrouvons donc une version alternative (Harvesters), une démo (Nos retrouvailles) et des versions live (Parrot, Ennemies et Amour colère). 5 inédits complètent la donne et nous montrent à voir une autre facette du travail du musicien.

Si les inédits retiennent forcément plus notre attention, formant à eux seuls une sorte d’EP, qui se suffirait presque à lui-même, les versions lives, démos et alternatives ne sont pour autant pas dénuées d’intérêt. La version alternative d’Harvesters nous démontrent en effet qu’à un moment donné un morceau peut paraître figé, prêt à être employé et déposé sur la galette, mais que, s’il ne correspond pas exactement et précisément à l’idée que s’en fait son géniteur, il mérite encore un travail de finalisation supplémentaire.

La version démo de Nos retrouvailles montre quant à elle une base sur laquelle il faut encore travailler, même si la teneur globale du morceau est déjà fortement amorcée. Enfin, les versions live (Ennemies, Parrot et Amour colère) sont la version « vivante » de celle de l’album, et démontrent que malgré un travail de production millimétré, pouvant être très dur à reproduire sur scène, l’urgence du live n’aidant parfois pas toujours, le titre peut être joué quasiment à l’identique en concert, avec des arrangements légèrement différents mais qui n’enlèvent rien (au contraire, ils apportent une autre couleur) à l’original.

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Les inédits.

Pour rappel, Nicolas Michaux est un musicien belge, qui chante et écrit soit en français, soit en anglais, qu’il possède un charme fou, entre une certaine idée de la variété (de qualité, on ne parle pas de Sheila ou Patrick Bruel faut pas déconner) et de la pop. Il vit entre entre Bruxelles et l’île de Samsø au Danemark où il vit avec sa famille. En outre, il est membre du collectif de production Capitane Collective. Afin de parachever son travail sur Amour colère et pouvoir passer à la suite de son histoire, il nous dévoile 5 inédits issus des séances de travail de l’album.

Si ceux-ci n’ont pas été retenus dans la version finale de l’album, il y a deux raisons. La première étant que dix titres figurant sur son deuxième opus sont un très bon compromis pour un album. Le trop étant l’ennemi du bien, Nicolas Michaux a été avisé de se limiter à ce nombre, faisant que son album était parfaitement équilibré sur sa proposition autant que sur sa durée. D’autres auraient tartiné, lui a su rester sobre, et c’est tout à son honneur.

D’autant plus qu’Amour colère fonctionnait à merveille ainsi. Les inédits révèlent en effet un caractère légèrement différent dans leur teneur que ceux figurant sur le disque.

Le club des cinq.

Les chutes commence avec Amusement park, pièce à la basse hypnotique et au rythme lancinant. La voix de Nicolas Michaux, assez haut perchée, lui apporte un léger spleen lumineux, avant que n’intervienne le refrain qui rebat les cartes. En effet, ce refrain quitte les accords mineurs pour les majeurs, apportant une respiration à un morceau qui aurait pu devenir plombant, mais qui échappe à ce piège par une envolée salutaire. Guitare, wurlitzer, basse et batterie mid tempo dégageant un groove sensuel, délicat qui ne manque absolument pas de charme, Ces arrangements font d’Amusement park une entrée en matière sobre et douce amère qui nous donne irrémédiablement envie d’en savoir plus sur ces fameuses nouvelles compositions.

Weary Sailors le suit de prêt. En effet, en deuxième position sur Les chutes, il ne ressemble presque en rien à son prédécesseur. Le rythme y est plus enlevé, la guitare plus enjouée, le tout dégageant une bonne humeur et une légèreté qui contraste avec élégance avec l’ouverture du disque. Le chant du musicien est plus bas, pas très loin de ressembler à un chant parlé, néanmoins, la ligne de chant est d’une redoutable efficacité et montre la marque de fabrique de l’artiste dans toute sa splendeur. Car il ne faut pas s’y tromper, sa voix, ses mélodies vocales, ses lignes de chant sont un de ses plus beaux atouts.

Mélodies.

Ne vous y détrompez pas non plus, celles de ses instrumentations le sont tout autant et prouvent un superbe travail de réflexion et de mise en place des morceaux. La fin de Weary Sailors vire presque à l’hommage gospel et cette deuxième partie saisissante est d’une incroyable richesse. Inauguration est le troisième inédit, en cinquième place sur l’album. Sa musicalité, nous évoquant un air de fête foraine avec son aspect « orgue de barbarie » et des paroles évoquant toutes les rues qui sont belles, ou tout est repeint, placent Inauguration dans une certaine allégresse. Le textes joue le contrepied puisqu’il vient démentir cette légèreté avec des paroles plus mordantes, ou critiques.

Cette observation d’une ville se renouvelant, se parant de nouveaux oripeaux, évoque aussi une histoire de couple qui ne semble pas forcément au beau fixe. Mi amer, mi doux, le morceau n’est pas une simple balade, il porte aussi un regard lucide sur les gens, les relations qui les unis. De la fortune, en neuvième place, est un titre au psychédélisme marqué, notamment avec son « bourdon » hypnotique qui nous fait perdre la tête. Le titre repose sur une économie de note, sur une voix trafiquée (ce qui n’est pas courant chez Nicolas Michaux) ce qui a pour effet non seulement de nous faire décoller, mais qui crée aussi un effet hymne (on imagine aisément tout le monde reprendre en choeur De la fortune pour en faire un morceau cathartique).

Une fin en douceur.

Le morceau possède un axe, celui du peu de notes justement, et s’enroule autour, formant une spirale ascendante qui nous conduirait aux cieux. Malheureusement assez bref, ce n’est pas totalement le cas, Nicolas Michaux optant pour la frustration liée à ses 2 petites minutes et 37 secondes de trip. Mais ce n’est absolument pas un mal (on vous l’a dit, le musicien ne tartine jamais et cette sobriété le sauve des clichés).

Enfin, Choming out clôt Les chutes un peu de la même manière qu’il l’a commencé, c’est-à-dire à l’orgue, en douceur, vaguement mélancolique, baigné par un clapotis nous évoquant la marée montante. Il y a de la douceur dans ce tout instrumental, une idée de lâcher prise, de retour à un temps plus calme, celui qui signifie également de tourner la dernière page d’un livre avant d’écrire la première ligne du suivant.

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