NEW CANDYS, Vyvyd, pagan rock et mythologie psych.

new candys vyvyd4é album disponible chez Little Cloud Records/ Dischi Sotterranei/ Fuzz Club.

Si vous ne connaissez pas New Candys et qu’on ne vous le dit pas, vous serez à mille lieues de vous imaginer qu’il est, contre toute attente, Italien et non qu’il vient du côté de Portland, États-Unis, par exemple. Le groupe emmené par Fernando Nuti, après de multiples changements de membres, et une pandémie qui n’a sans doute rien arrangé, a sorti son 4é effort, Vyvyd, petite merveille psych rock à deux doigts du post punk et du shoegaze, le 4 juin. Et le moins que nous puissions dire, c’est que cet album est une réussite.

Entre la fin 2017 et la mi-2018, le groupe a été remanié et en a résulté une nouvelle énergie, une nouvelle synergie aussi, qui a conduit New Candys, actuellement composé de Fernando Nuti, d’Andrea Volpato, Alessandro Boschiero et Dario Lucchesi. Ils se sont mis à composer Vyvyd dès qu’ils ont été réunis, même si Nuti avait déjà quelques pistes de travail. L’excitation de cette nouvelle formation a poussé celles-ci à leur paroxysme créatif, et non sentons effectivement une sorte d’émulsion de talent, en plus d’une véritable complicité.

Celle-ci est d’ailleurs à l’image des instrumentations, mélange d’analogique et de numérique, même si, mis à part quelques aspects visiblement électroniques, paraît coulé dans le même moule. De Twin mine à Snake eat snake, la cohérence et l’homogénéité est de rigueur et nous propose un voyage sensoriel captivant.

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Un air de dandy Warhols.

Sur cet album, et sur un titre comme Begin again en particulier, le groupe nous évoque un peu les Dandy Warhols, période 13th tales from urban bohemia. La capacité à nous embarquer dans un long morceau répétitif, aux boucles vaporeuses, aux voix qui se dispersent dans le vent, nous donnant l’impression de flotter dans un rêve, ou alors dans cet entre-deux précédent l’endormissement, est absolument génial. La transe opère ainsi sur pas mal de titres, nous amenant au bord d’une danse tribale et peace and love, même si des éclairs nous rappellent souvent à une réalité moins douce.

Nous citerons par exemple le morceau qui suit Begin again, un titre plus férocement rock, bien que paradoxalement ce soit aussi un des moins analogiques de l’album. Mais la hargne qui existe sur Evil evil pourrait nous faire penser à des morceaux comme Numb d’Archive. On sent ici toute l’implication d’un groupe au fait de sa créativité. Les expérimentations sur les sons sont toxiques, possèdent un grain crunchy du plus bel effet, qui nous met la tête à l’envers. Il faut dire que la ligne de chant, comme sur l’ensemble des titres de l’album, est d’une limpidité incroyable. Elle nous embarque dans les méandres de la psyché de Nuti, aussi surement noire et désespérée que blanche et ensoleillée.

Sa voix est souvent passée au travers de filtres qui la rendent presque impalpable. Pourtant, elle possède toujours ce petit côté revêche qui montre qu’il faut sans cesse compter sur elle, sur sa présence, pour nous ramener les pieds sur terre.

Mélodies diaboliques.

Les aspects mélodiques sur Vyvyd sont simplement le gros point fort de l’album. En effet, New Candys a tout pigé et nous propose une lecture des plus aisées de sa musique. C’est-à-dire qu’ils arrivent à produire une musique originale mais qui ressuscite paradoxalement 60 ans d’histoire rock. Autrement dit, on reste surpris par la qualité et la variété des compositions tout en nous sentant en sécurité, comme si nous savions d’emblée que cet album nous deviendrait vite très familier. Le dosage entre les deux est finement maîtrisé, faisant que nous ne sommes jamais saisis par la somnolence. Au contraire, notre esprit reste aiguisé par les changements d’ambiance, de climats, de rythmes.

Si nous sentons parfois quelques passages un peu plus mélancoliques, Vyvyd nous évoque plus un album d’espoir. Nous pensons qu’il s’agit pour New Candys du disque du renouveau, et nous le sentons à cette énergie solaire qui accompagne chaque titre. Le plaisir de jouer est ici évident, se dégage aussi de cette production millimétrée qui permet de contenir tous les sentiments exacerbés dans un giron presque intimiste, comme si vous hurliez votre colère en chuchotant pour ainsi dire.

Avec ce parti pris, le groupe nous évite l’écueil plombant de certains groupes revanchards, qui a trop se regarder le nombril en oublierait presque qu’il joue aussi pour ceux qui l’écoutent. Ici, pas de soucis de ce genre, nous sentons un groupe en pleine conscience, innovant dans sa proposition, combattif, introspectif, porté par un amour inconditionnel de ce que doit être la musique.

Au final, Vyvyd peut se révéler un délicieux poison, celui qui vous tire du sommeil tout comme celui qui vous y entraine. Entre rêve et réalité, la musique de New Candys berce nos sens de la plus habile des façons, jamais en nous flattant bêtement, mais au contraire en nous impliquant avec douceur dans son univers. Et ça, nous ne pouvons que l’applaudir.

LE titre de Vyvyd.

Le choix n’est pas aisé tant l’album est homogène. Pas de titre faible, tout comme il n’y en a pas véritablement d’au-dessus du lot. Néanmoins, certains vous donneraient une idée assez précise de l’univers de New Candys. Twin mine, qui ouvre l’album et en donne les contours et par exemple un excellent tremplin vers Zyko, titre le plus bref de Vyvyd, mais pas le moins intéressant pour autant. Avec sa rythmique hachée, il est parmi les titres les plus ouvertement rock de l’opus. Au niveau des sonorités, c’est un des plus intéressants, des plus tranchants aussi. Les guitares y sont incisives, la rythmique binaire, l’ambiance « techno thriller » ultra présente.

Aux antipodes, le morceau le plus long, Begin again est l’un des titres les plus lysergiques, osant la répétition de longues boucles nimbées de brouillard. Tribal, obsédant, il nous fait tourner la tête et perdre nos repères. Et puis un titre comme Heluva zoo nous amène au plus près du compositeur, de ses idées, de se qui se joue dans sa tête. Sur ce titre, la base acoustique (à la guitare, vite suppléée par l’électrique), nous donne à voir un groupe aussi à l’aise au naturel que branché sur secteur. Avec sa petite rengaine presque surf rock, ce titre vaut aussi le détour. Pour synthétiser, nous dirons qu’avec ces trois titres vous retrouvez tous les éléments sonores présents sur l’album.

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