Chronique musique EP-mini album
MYOSIS, Pretty Girls Are Never Sad : adieu l’âge libre
EP déjà disponible (Morphine records)
A l’écoute de Pretty Girls Are Never Sad de Myosis, notre petit orifice noir animal, la prunelle de nos yeux, se rétrécit comme peau de chagrin, tant nous sommes éblouis par cet EP. Au-delà d’être un réflexe photomoteur de notre pupille entraînant le rétrécissement de cette dernière, Myosis est un auteur-compositeur bordelais, dénommé Virgile, nom qui ne saurait nous rappeler un grand poète latin. Bien qu’accompagné de Johan Schots (Basse) et de Théo Benquet (Batterie), Virgile mène le projet Myosis sur tous les fronts, de la composition des titres, à la direction mais aussi jusqu’à la paperasse en tout genre!
De formation classique, apprenant le piano dès son plus jeune âge, Virgile prend une claque en entendant les anglais de Muse pour la première fois. Comment ne pas résister à la voix de ténor de Matt Bellamy (leader de Muse), aussi à l’aise derrière un piano qu’avec une guitare Manson entre les doigts.
Romantisme exubérant
Pretty Girls Are Never Sad. Les jolies filles ne sont jamais tristes. Mythe ou réalité? Vraie fausse idée? Tout pourrait partir de ce simple constat, celui des réminiscences d’une période plus ou moins complexe suivant les personnes : celle de l’adolescence.
Cet EP résonne comme une introspection de l’âge libre, comme une passation de témoin avant d’entrer dans la vie domestique. Ahhh, l’adolescence, période où se forme la pensée abstraite et où surviennent les premières expérimentations, les maladresses, les peines de cœur, la rébellion, les excès et les incompréhensions. Le sujet n’est pas nouveau et fera encore couler beaucoup d’encre.
Nous pensons forcément aux Smashing Pumpkins avec leur titre 1979, à Sonic Youth avec Teenage Riot ou encore à Placebo et à l’intemporel Teenage Angst. Si nous abordons ces derniers, ce n’est pas anodin car le morceau Need You, accompagné de son clip, nous rappelle le romantisme exubérant du début de la bande à Brian Molko.
Glam ?
Myosis dans son clip comme sur scène, apparaît en robe et maquillé, cultivant ainsi une certaine androgynie assumée et une image glam rock. Ici Virgile chante l’amour et nous bouleverse par son chant, allant jusqu’à nous faire frémir l’épiderme. Le chant! Une voix! Myosis fait partie de ces chanteurs qui instantanément, dès le moment où ils mettent à chanter, déclenchent quelque chose d’inexplicable. Aucune envie de zapper.
Slow Days est un hymne aux abus, à la démesure, à la fuite en avant, à l’auto-destruction. Comment chasser un mal-être juvénile à coup de Valstar et de pétards. Si les années soixante et soixante-dix peuvent être considérées comme l’âge d’or du rock, nous notons que le rock des nineties a su également marquer les esprits et toute une jeune génération actuelle. Qui l’aurait cru?! C’est le cas avec Slow Days qui nous rappelle les premiers pas de Radiohead que ce soit dans la compo ou le chant.
Éduquons nos enfants
Le titre Child’s Play est du même acabit avec des airs de Shoegaze. Ce qui nous surprend chez Virgile, c’est cette maturité dans les textes, le désir de parler de sujets tabous, que nous rencontrons finalement peu dans la musique. Child’s Play nous invite dans les pensées les plus obscures d’un probable prédateur sexuel qui s’immisce dans les parcs pour enfants (“The Freak is coming”). Cette chanson évoque en nous le septième art avec des films comme Little Children de Todd Field, ou encore le merveilleux et cauchemardesque, Mystic River de Clint Eastwood.
Myosis continue de chasser les vieux démons, de souligner les tares et les bassesses du genre humain avec le titre Insecure. Myosis traite des violences conjugales, sujet qui nous touche tous de plus ou moins près. Nous avons envie de vous dire que cette plaie dure depuis trop longtemps. Éduquons nos enfants.
Enfin, avec Rosie Green et son refrain un brin pop, et lumineux, nous sommes rassurés : Myosis ne voit pas tout en noir, et laisse apparaître une lueur d’espoir dans les sombres ténèbres de la vie. Certes, celle-ci n’est pas toujours facile, mais il faut savoir se relever et prendre un nouveau départ. Ça fait un peu bienvenu dans le monde des bisounours, où tout le monde est gentil. Cependant à l’instar de Myosis, nous aussi nous voulons y croire. “Croire à un monde nouveau pour que nous puissions recommencer, pour que nous puissions briller à nouveau, pour que nous puissions aimer une nouvelle fois”.
Lors d’une interview pour un live session à Darwin (Bordeaux), Myosis indiquait que la meilleure chose qui pouvait lui arriver, serait de vivre de sa musique! Et nous, chez Litzic, c’est également tout ce que nous pouvons lui souhaiter de mieux. Cet EP est un petit bijou. Chaque nouvelle écoute augmente notre accoutumance à la musique de Myosis! Et nous prenons le pari qu’il en sera de même pour vous!!!
Keep Rockin’
LGH
LGH (Le Gosse hélicoptère) :
Révolutionnaire en peau de lapin, guitariste de salon à mes heures perdues, amoureux des mots et féru de musique. Mes mots d’ordre sont l’éclectisme, la curiosité et le partage. Keep rockin’ !!
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