[CHRONIQUE] MISSINE+TRIPSTOIC & 2 ghosts from the orchestra

missine+tripstoic &2 ghosts orchestra chroniqueLP & 2 Ghosts from the orchestra de Missine+Tripstoic (déjà disponible, auto-production)

Il est des voyages que l’on prévoit de longue date, et d’autres qui viennent à nous, sans que nous l’ayons prémédité. C’est un peu ce qui nous arrive à l’écoute du premier album de Missine+Tripstoic & 2 ghosts from the orchestra. Ce voyage est sensoriel et musical, abolie la frontière entre les genres pour proposer une transe, en douceur.

Trip hop.

Si nous désirions qualifier la musique du duo, nous dirions qu’il s’agit de trip hop. Mais d’un trip hop qui incorporerait dans sa formule magique quelques rites chamaniques africains, une dose de sorcellerie jazzy, un peu de l’électricité du rock, des mélodies proche de la pop et pas mal de vaudou électro soft. Sur les incantations des voix féminines et masculines, la sauce prend et disperse ses saveurs aux quatre vents.

Nous décelons ici ou là, donc, une pointe de reggae sur le premier titre, des inspirations africaines, en terme de rythmique et de jeu de guitare sur le deuxième, un esprit proche de celui de Brigitte Fontaine (dans l’élocution notamment) sur le troisième titre, en français, des relents très « Bristol » et Massive Attack sur Addiction par exemple. Les programmations de batterie sont à placé dans une veine soft presque lounge.

Voix…

La dualité voix féminine voix masculinede Missine+Tripstoic  fonctionne de très belle manière. Elle, douce, claire, puissante (nous le devinons plus qu’elle ne nous le démontre), lui plus rugueux, parfois sépulcral, aux attaques plus rock. Le soleil et l’orage, l’apaisement et la tension, le bien et le mal ? Nous n’irions pas jusqu’à cette dernière dualité, mais nous sentons le côté dark de cette voix masculine, tandis que la lumière provient de la voix féminine. Quand elle s’harmonisent, le résultat est proche d’une révélation romantique (à la Belle et la bête presque, s’en vouloir froisser quiconque).

La voix féminine, majoritaire sur l’album, s’avère d’ailleurs propice à l’abandon. Elle nous emporte avec elle, comme un vent chaud et enveloppant nous porterait loin de nos entraves, invite à l’abandon et à la rêverie, au lâcher prise, de façon totalement inconsciente. Enfin, elle nous transpose dans une transe mystique, un peu comme si nous n’avions plus le contrôle sur nos corps et nos sens.

Transe…

Elle est aidée en cela par une musique dont la production, chaude, nimbée d’une légère réverbération teintant les compositions de ce voile qui parfois peuple nos songes, appuie les effets sans les surcharger. Le lâcher prise se fait progressivement à mesure du défilement des minutes. Nous nous sentons comme dans un cocon, oscillant sur ces mid-tempos efficaces et entrainants.

La transe se retrouve également dans pas mal de bidouillages électro, récurrents au sein d’un même titre, comme le flux et le reflux de la mer, hypnotique jusqu’à toute perte de repères. Pourtant, nous restons bien conscients, acceptons les offrandes de guitares électriques comme de légères inflexions à nous mettre en mouvements

Rêve éphémère.

Nous ressentons à l’écoute de cet album comme une sorte de ferveur religieuse. Rassurez-vous, nous ne parlons pas là de culte à vénérer, mais plutôt de ferveur de l’instant présent, de celui d’accepter de se laisser guider par nos sens, en sécurité. Le climat « ésotérique » régnant sur les 12 plages de l’album n’y est pas pour rien. Si l’album aurait peut-être mérité de gagner en concision (un léger ralentissement survient vers le septième titre pour repartir sur les deux derniers morceaux), & 2 ghosts from the orchestra aurait tout bon. cela ne l’empêche cependant nullement de briller de mille feux.
Quoi qu’il en soit, il s’agit ici d’une magie blanche, celle de la musique, qui fait du bien au corps et à l’esprit. Il s’agit aussi d’une manière de s’affranchir, avec Missine+Tripstoic d’un quotidien pesant. Parce que la musique du duo agit sur nous comme un mantra bienveillant. Ce qui fait de cet album un rêve éphémère qui ne l’est pas tant que ça.

Site officiel Missine+Tripstoic

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