[ Album] MAUDITS, fièvre rock instrumentale pour soir d’insomnies.

Maudits, nouvel album (déjà disponible chez Klonosphère)

Vous ne trouvez pas le sommeil. Trop de stress, de pression permanente, de cauchemars qui guettent le moment ou vos paupières deviendront trop lourdes. Alors comme un zombie, vous déambulez chez vous, dopé à la caféine, pour ne pas sombrer dans une léthargie agitée. On a le remède pour vous. Maudits.

Attention, n’allez pas croire que le « mini » album de Maudits (6 titres, d’où le terme mini, même si la durée de l’objet avoisine les 45 minutes) va vous endormir, bien au contraire. Enfin, on dit ça… Vous pourriez croire à l’entame de celui-ci que vous vous trouvez en présence d’un groupe instrumental de plus, qui déroule le fil de sa pensée musicale sur fond de rock alangui, façon berceuse pour grands enfants. Mais pas du tout parce qu’à un moment, la double pédale vient vous tirer d’une éventuelle somnolence. Notamment parce qu’elle est accompagnée de poussées metal à même de chouchouter vos pires cauchemars.

Enfin, on dit chouchouter vos pires cauchemars. On se comprend, hein ? C’est la musique du diable le metal, et Maudits lui rend grâce dans une déflagration qui fait dresser les poils sur les tête et les cheveux sur les bras (nous vous rappelons que vous combattez l’insomnie, vos repères corporels sont donc flous). Mais ce mouvement de furie se noie au fil d’une composition progressive, alternant passages presque pop, rock et, donc, metal. Sans perdre en cohésion.

Post rock progressif.

Le truc qui va vous maintenir éveillé, c’est d’essayer de comprendre comment un groupe réussit le mariage rock avec le metal, dans la continuité fluide d’un même morceau. D’essayer de piger comment Maudits parvient à passer d’une musique contemplative, limite new age, à un déferlement d’énergie atomique sans que vous perceviez les ficelles que le groupe tire derrière votre dos.

En même temps, vous ne voulez pas dormir, parce que la musique, jusqu’à Maudits, n’arrivait pas à vous faire ressentir cette fusion entre douceur et violence, fusion que vous retrouvez dans votre quotidien et que vous n’arrivez jamais a expulser.

Mais là, vous vous dites que c’est bon, que quelqu’un à enfin pigé ce que vous ressentiez au plus profond de vous, sans que vous parveniez à l’exprimer (ou que vous en ayez besoin). Et le groupe s’y prend bien. Nous retrouvons sur cet EP de longues plages évoquant Mogwai, c’est-à-dire une musique faisant ressortir une émotion fragile, nichée au fond de votre poitrine, ou de votre âme. Mais parfois, les groupes post rock vous gonflent parce que trop ambient. Et ça, ça vous endort, et du coup, réveille vos sombres ruminations.

L’apport metal.

C’est là que l’apport metal est primordial. Il se fait par touches ponctuelles. Et c’est tant mieux parce que le metal, comme l’ambient, ça va bien 5 minutes. Avec ses tics, ses aspects téléphonés, ça vous gonfle vite. Mais ici, ça survient « avec délicatesse », car habilement dispersé sur des morceaux au long cours (l’album ne possède que 6 titres, dont le plus bref avoisine les 5 minutes).

Ces fragments metal apportent donc une énergie, une puissance à des titres qui aurait pu sombrer dans l’entre deux tiédasse d’un post rock banal.

Mais il faut avouer que le post rock de Maudits n’est pas tiédasse, à la base. Parce que, justement, il possède ce petit truc en plus qui le démarque de pas mal de groupes qui suivent (ou qui n’ont plus la folie émotionnelle des débuts). Non, Maudits a une personnalité propre, et elle se ressent peut-être dans certains passages très brefs. Cordes, piano, passages à tendance acoustique, un petit mouvement plein de groove, ces petits arrangements transcendent le propos de l’album, comme autant de touches de couleurs éphémères mais qui vous touchent directement en plein coeur.

Fin des insomnies.

Et c’est là que le groupe parvient à vous parler directement au creux de l’oreille. Parce qu’il réunit dans ses morceaux l’ambivalence du monde, sa beauté et sa laideur, sa force et sa douceur, son énergie, sa pulsion (pulsion de vie comme pulsion d’auto destruction). Vous vous y retrouvez quelque part, sans que le groupe ne flatte aucunement vos bas instincts. Non, il vous respecte (tout comme il se respecte lui-même).

Dès lors, les cauchemars disparaissent de votre vie. Vous avez la sensation d’être enfin compris. Dès lors, vous retrouvez le sommeil, tant que vous respectez la posologie d’une écoute minimum par jour.

Sinon, pour être plus sobre, et pour résumer tout ce qui précède, nous dirons simplement ceci : avec son album Maudits réussi le pari de concilier rock, rock progressif et metal avec une cohérence forte, une science incroyable de la mise en scène de ses morceaux, avec une énergie incroyable et un savoir-faire instrumental bluffant. Du coup, on le recommande plus que fortement !

maudits

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