MAUDITS, Angle mort (disponible chez Klonosphère)

maudits angle mortRésilience

Le premier album de Maudits nous avait énormément plu. Le groupe revient avec son successeur, et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne nous déçoit en aucune façon. Presque exclusivement instrumental, il délivre sa sensibilité en à peine 36 minutes pour 5 titres. Tristesse, mélancolie, une certaine dose de colère, de rage, froide, un sentiment épique, libérateur, tous ces éléments font d’Angle mort une pure réussite du genre.

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Après l’orage.

Vous souvenez-vous de l’ambiance qui règne après la tempête, après un orage ? Cet état de calme presque forcé durant lequel les éléments se remettent à la place qui est la leur après un léger temps de flottement. Il en résulte comme un état d’hébétude, comme une crainte de voir que les éléments à nouveau se déchainent. Nous sommes en plein dedans avec cet album possédant une magie maléfique, comme une aura de mystère, un peu onirique, un peu féerique, sans jamais basculer dans le cliché, bien au contraire.

Nous sentons une tension ben présente sur chaque titre. Diffuse, délicate à décrire, elle nimbe les 5 titres, les marque de son empreinte quasiment invisible. Nous y sentons une forme de contrainte, celle qui entrave nos gestes, nos âmes et nos corps/coeurs, nous empêchant de nous sentir totalement libérés. Un peu comme, de trop vouloir vivre inconsciemment, nous n’apercevions pas l’épée de Damoclès au-dessus de notre tête. Quand elle en vient à s’abattre sur notre nuque, c’est la surprise, la stupéfaction la plus totale qui nous fait perdre nos repères.

Cette présence rôde donc, à travers le violon qui sort ses nappes discrètes, qui appuie ici où là une intention, tandis que les thèmes se fondent en un tout virevoltant, parfois proche du minimalisme. Les claviers disposent des nappes en arrière-plan, maintiennent une sorte de Bourdon hypnotique nous indiquant que tout ne s’arrête pas là. Il n’en a du reste jamais été ouvertement question, mais l’apocalypse pourrait fort bien nous surprendre, là, tout de suite.

Rythme sourd.

La paire basse batterie ne fait rien pour relâcher la pression. Mates, leurs sonorités contiennent les ténèbres dans le giron de leur tour d’ivoire. Tribales, profondes, funestes, aériennes aussi, elles indiquent une part de ténèbres dont nous ne pouvons ressortir indemne, comme si, à chaque nouveau pas nous nous écorchions à ce spleen à la lame tranchante.

Tout n’est pourtant pas noir, crépusculaire, car une lumière, à l’éclairage plus ou moins fort, envahit cette part obscure. Ceci se traduit par des mélodies époustouflantes, à l’image de compositions et d’arrangements extrêmement précis et pertinents. Rien n’est laissé au hasard, tout est fait pour nous maintenir captif de la beauté de ses titres totalement à contre-courant des mouvements saccadés et trépidants d’aujourd’hui.

Un propos cohérent.

Maudits prend le temps de bâtir sa cathédrale sonore, sans oublier de poser à ses pieds les éléments nécessaires pour que nous nous y retrouvions, à savoir une part de rock, une angoisse propre au metal, des mélodies instantanément addictives, des libérations sonores propres au post rock.

Comme un baume apaisant, Epäselvä clôt l’album, lui donne une teinte expiatoire folle, comme pour terminer aussi cette phase de résilience. Le titre Résilience 2021 n’est donc pas là par hasard (en plage 4), mais l’on sent bien que cet album marque le début de quelque chose de nouveau, comme si la page se tournait pour pouvoir donner suite à l’oeuvre de Maudits. Celle-ci n’en finit pas de nous bouleverser et cet album, s’il éclaire les angles morts, n’en éclaire pas moins son propre chemin.

LE titre d’Angle Mort.

Nous pouvons (devons?) prendre le disque comme un tout, comme une seule piste d’un seul tenant. Comme un morceau classique finalement, bien que les orchestrations soient tout à fait différentes. Mais si nous le décomposons, c’est le morceau de fin de l’album qui nous fait la plus forte impression, notamment parce que la tension retombe enfin.
Ainsi, nous apprécions de façon divine cette décharge émotionnelle, mais également nous nous réapproprions les morceaux précédents qui y gagnent une seconde lecture fortement intéressante. Ce disque est d’une pure beauté, d’une noblesse aussi, qui ne cesse de faire battre notre cœur (un peu trop) fort.

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