[EP] LŮN, Chamanes // Partir aux pays des esprits.

Chamanes, EP 5 titres (autoproduction).

Ce n’est pas à proprement parler le type de musique vers laquelle nous nous tournons d’ordinaire. Ou du moins pas celle qui attire notre attention de prime abord. Sans doute parce que nous sommes un peu trop rockeur dans l’âme, et que quand les guitares ne sont pas là, nous y allons sur la pointe des pieds. Mais, avec de telles qualités de composition, de production/sonorités, nous ne pouvions passer à côté de Chamanes, premier EP de Lůn, paru ce 27 février (nuit de pleine lune). Nous nous trouvons, puisque le titre de cet EP n’est absolument pas usurpé, dans une musique portée par des influences folks, ou néofolks, néoclassiques aussi, world music et chamaniques. Tout concourt, dans Chamanes, à éveiller nos oreilles à une autre forme de conscience et à nous faire quitter le cocon douillet de notre zone de confort.

Lůn, c’est le projet musical solo de Mayline Gautié violoniste classique de formation, mais habituée à évoluer là où nous n’attendrions pas une violoniste classique (dans le metal par exemple). Naturellement, son instrument de prédilection se trouve mis aux avant-postes, distillant souvent des touches tziganes, orientales, voire traditionnelles évoquant, au détour de quelques accords, l’âme celtique (Prāna, Sedna). Qu’il soit soliste ou posé sous forme de nappe, il imprègne tout l’EP de sa complainte, jamais plombante. Les titres reposent sur un format presque quasiment instrumental, les quelques voix glanées ici ou là nous propulsant dans une psalmodie incantatoire puissante. Elles sont instruments, ces voix, puisqu’elles nourrissent et se nourrissent de la musique, y apportent parfois une percussion (quand elles se font plus heurtées, plus présentes, comme sur Chamanes ou Sève), parfois une mélodie céleste (sur Sedna par exemple).

Bien que nous n’en comprenions pas le sens, leur effet est terrible, magnifié par la musique qui leur donne un impact électrisant, qui nous tire de nos réflexions. Nous entrevoyons le bleu, le vert, la nature, le désert. Tout se combine dans une danse enivrante, que nous ne parvenons jamais à réfréner.

Des influences et des concrétisations.

Parmi les influences de Lůn, nous ne pouvons passer à côté de celle de Dead can dance. Elle nous saute littéralement aux oreilles, même si dans le cas présent la musicienne possède assez de charisme pour s’en démarquer. Nous retrouvons néanmoins ce jeu de percussions, tribal, ces nappes propices à la rêverie, ce rythme indolent qui, tel celui du fakir invitant le serpent à danser, prend directement le contrôle de notre corps et de notre système nerveux. Quelques notes de piano, de violoncelle ajoutent des teintes tour à tour lumineuses ou dramatiques, nous portent vers le pays des esprits que nous le voulions ou non. Un peu comme si la chamane Lůn sommeillait en nous et en venait à nous faire prendre conscience d’un ailleurs où vivraient les âmes de ceux qui sont ou qui ont été.

Cet EP est une concrétisation de ce que porte l’être humain, au plus profond de lui. Il peut s’agir d’une danse sans âge, d’un propos empli d’une spiritualité que nous avons perdue et que le hasard d’une pandémie (par exemple) nous force à retrouver, pour simplement pas nous perdre en chemin. Et puis, ces mélanges de voix, de choeurs, sont un appel, à qui veut bien l’entendre, que la vie est un flux qu’il ne faut pas dompter mais accepter comme tel, en accepter les remous, les turbulences, pour enfin être en paix.

Bref, Chamanes est un EP sans âge, rythmé, moderne, onirique, spirituel, évocateur de ce qui nous entoure, ce qui nous fait le plus grand bien à l’heure actuelle. Et nous donne envie de continuer à avancer dans l’existence, coûte que coûte.

Lůn chamanes

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