[ ALBUM ] LUKAS IONESCO, Magic stone.

Magic stone de Lukas Ionesco (disponible chez Echo Orange).

Son Japanese cowboy nous avait mis l’eau à la bouche avec sa folk lo-fi presque rêche. Alors nous nous sommes précipité sur son album Magic stone pour retrouver cette patte très personnelle. Et le moins que nous puissions dire, c’est que Lukas Ionesco possède un truc rien qu’à lui.

Folk viscérale.

Muni d’une simple guitare et de sa voix, Lukas Ionesco nous propulse dans sa folk à la production minimaliste. Bon, nous trouvons tout de même quelques autres instruments de musique, à savoir un xylophone et une sorte d’accordéon (ou bien s’agit-il d’un mélodica, ou d’un effet de clavier, dur à affirmer). Ceux-ci apportent une petite touche colorée pas déplaisante, délivrent un contraste également intéressant à cette musique qui nous évoque effectivement la folk, mais également le grunge, le rock indé américain des années 90, le tout saupoudré d’un esprit punk certain.

Celui-ci réside dans le fait que Lukas Ionesco ne s’embarrasse pas de superflu, qu’il file droit au but de ses compositions. Elles foncent droit devant elles, dégagent un sentiment de liberté, d’insouciance également. Leur côté punk réside également dans leur relative simplicité instrumentale. Elle a pour but d’offrir un album homogène, foisonnant d’idées lumineuses, toujours dans cette tonalité lo-fi laissant présager d’un enregistrement maison.

Clin d’oeil à Syd Barrett.

Pour nous, cet album est une sorte de clin d’oeil au génial créateur de Pink Floyd. Quand sa carrière avec le groupe s’achève brusquement après le premier album du groupe, et que la maladie le rend plus qu’instable, il enregistre deux disques erratiques de pop/folk dont seul ressurgit un savoir-faire mélodique fort (même si les compositions y sont parfois déglinguées). Nous retrouvons un peu de cela chez Lukas Ionesco, le côté déglingué en moins. Du coup, il ne reste que ce sens aigu de la mélodie (et ce n’est pas plus mal, bien au contraire).

Il possède le don de tracer des lignes de chant percutantes, qui restent en tête. Portés par sa voix presque androgyne, les titres étirent leur bras comme pour mieux nous serrer contre eux. Nous y trouvons quelques influences à la Bowie, mais également à d’autres chanteurs anglo-saxons plus ou moins célèbres. Quand il use du français, ces morceaux ne se départissent pas de cette touche anglo-américaine très bien travaillée.

Âpre ?

Alors c’est sûr, ce côté minimaliste s’avère relativement âpre. Pas d’effet sur la guitare folk, pas d’effet sur les voix (il chante accompagné de Laura Benardor qui est tout sauf anecdotique sur ce disque), un enregistrement brut donne cette sensation d’écouter un morceau d’un seul tenant qui couvrirait l’ensemble de l’album. La première écoute pourrait en rebuter quelques-uns mais l’effort consenti à réécouter l’album s’avère payant très rapidement tant les morceaux dégagent quelque chose d’unique.

Il est ici question d’émotions brutes, de mélancolie, de tristesse, mais également d’un soupçon de colère, toujours avec une porte ouverte sur des sentiments plus positifs qui ne cloisonnent pas Magic stone dans un bourbier pesant. Au contraire, les voix nous permettent, en quelque sorte de survoler les marécages nocifs des sentiments négatifs. Un exutoire ? Oui, nous pouvons presque le dire ainsi. Lukas Ionesco, en tout cas, nous offre une porte de sortie vers un ailleurs plein d’espoir, où la relative noirceur laisse place à un sentiment plus vaste d’espoir. Comme si ces titres posés là appartenaient à un passé qu’il convient d’enfermer dans une boîte. Et qu’il conviendrait de ne plus ressasser.

Au final, Magic Stone s’avère un disque séduisant, contre toute attente. L’aspect presque amateur de l’objet lui confère un charme particulier, n’appartenant qu’à un homme capable de transcender ses douleurs pour nous offrir une vision d’avenir au ciel dégagé. Très bien joué !

LE titre de Magic stone.

Pour nous, le titre de cet album se trouve dans ce qui est chez d’autres le ventre mou d’un album. Mais ici, pas de ventre mou, notamment grâce à ce Storm in my head qui nous dynamite un peu la tête. Notamment pas cette petite suite d’accords qui en casse la routine lorsque survient le refrain. Il s’agit presque d’un coup de talon sur le sol qui propulserait le chanteur vers le haut. Ou d’une perte d’équilibre qui accélérerait le pas, pour ne pas se rétamer le nez par terre, et qui permet un rattrapage en douceur du morceau.

L’effet est bien maîtrisé, dégage Storm in my head d’un morceau classique pour le projeter ailleurs, vers un morceau unique mi-grunge mi folk. Et surtout, il permet à l’album de ne pas s’enliser à ce moment délicat de la mi-album. Il faut tout de même noter que les morceaux qui le ceinturent sont loin d’être mauvais, ce qui contribue à ce que jamais l’album ne s’essouffle. La tracklist est soigneusement étudiée pour éviter la lassitude. Et prouve que Lukas Ionesco a tout d’un (futur) grand.

japanese cowboy lukas ionesco

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