LUCY GOOCH, Rain’s break, intensité vibrante.

lucy gooch rain's breakRain’s break, nouvel EP déjà disponible.

Nous vous avions dévoilé un titre de Lucy Gooch il y a quelque temps, dans l’une de nos playlists . Déjà à l’époque, nous sentions un frémissement incroyablement fort à l’écoute de son single. Quand nous avons écouté son EP dans son intégralité, ce frisson s’est transformé en secousse sismique. Non pas que la jeune femme y déboule avec fracas, car c’est au contraire presque sur la pointe des pieds qu’elle fait trembler notre univers tout entier.

Le sien d’univers repose en majorité sur des nappes de synthés, sans rythmique pure. Autrement dit, pas de beat électro massif, pas de batterie à proprement parler, ni de handclaps, ni quoi que ce soit qui martèle un rythme si ce n’est quelques programmations qui apparaissent à mi-EP. Ce rythme est néanmoins généré par les notes de musique qui semble se disperser dans un bain de silence et par des lignes de chant et superpositions de voix qui lui donnent une assise onirique.

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Bourdon.

Cet Rain’s break, contenant 5 titres pour presque 18 minutes de musique, nous marque durablement. L’élément fil rouge est ce bourdon permanent, tendu comme le fil de la vie, sans pour autant être anxiogène. Il nous place dans un cocon cotonneux, vaguement dense, se projetant dans une multitude de directions très judicieusement balisée. À l’intérieur de ses frontières, dont il épouse le moindre contour, il impose l’atmosphère. Elle est très souvent synonyme de rêves, de songes qui tournent dans notre tête, jusqu’à une certaine forme d’obsession, jamais nocive.

Il nous interroge ce bourdon car il ne possède aucune nationalité, aucune attache rationnelle. On pense à ce moment où nous perdons nos repères au moment où croulant sous le poids de la fatigue notre esprit se met à lentement dériver avant que le sommeil nous happe. Cet effet est renforcé par la voix de Lucy Gooch possédant à la fois un pouvoir hypnotique et une attaque qui nous ramène sans cesse à la conscience.

Jeu de voix.

La voix est ici l’exact miroir de la musique. Si nous parlions du bourdon, nous devrions aussi évoquer les diverses nappes de synthé qui parfois se superposent, se dépassent dans une course effrénée pour prendre les devants. Ainsi, les sonorités se chevauchent, se positionnent en pleine lumière pour retourner ensuite aux arrière-plans, comme dans une danse circulaire nous montrant tour à tour le dos ou le profil des danseurs.

Les voix suivent à peu près le même chemin. Une voix lead, relativement détachée, entame sa ligne de chant, bientôt rejointe par un autre aspect de sa personnalité par un jeu d’overdub successifs. Les overdubs, se sont ces pistes d’une même voix (ou instrument) que l’on superpose avec une tonalité différente. Ainsi, si nous avons parfois l’impression que 2, 3 ou 4 chanteuses sont présentes, une seule est en vérité aux commandes. Cela donne une épaisseur aux titres qui disposent alors d’un vivier formidable d’idées à mettre en place (que Lucy Gooch mène toujours à leur terme).

La maîtrise est totale. Lucy Gooch parvient à créer un élan incroyablement fort à ces titres. Il n’y a pas, malgré une quasi-absence de rythmiques, aucun temps mort. Juste un voyage sensoriel incroyablement vibrant, touchant, qui ne sombre jamais dans une mélancolie sourde ou angoissante. Non, ici, un caractère épique se fait ressentir, un corps combatif, ou conscient. Nous y voyons peut-être une ferveur quasi religieuse (la cloche et l’orgue sur Ash and orange refermant l’EP n’y étant pas pour rien) face à ce qui nous entoure, un élan de sympathie pour la vie.

Original.

Si plusieurs noms nous viennent en tête à l’écoute de ce disque, parmi lesquels ceux de Björk, Kate Bush ou encore Sinead O’connor, pas tant musicalement parlant mais pour l’aura qu’elles dégagent, Lucy Gooch s’impose comme une personnalité à part de l’univers musical. En effet, elle se situe dans une niche très particulière qui semble ne pouvoir abriter qu’elle même. À la fois ambient et terriblement pop, sa musique introspective possède le bon goût d’accueillir en son sein chacun de nous qui y est libre d’extrapoler ses propres histoires.

Sa musique ne s’inscrit dans aucun courant clairement défini. Nous pourrions évoquer de la synthpop, mais pour nous, cela va bien au delà. Comme les artistes citées plus haut, Lucy Gooch, avec Rain’s break, propose une musique lui correspondant totalement et ouvrant la voie à pas mal de possibles. Pour nous, l’impact reste terriblement fort, émotionnellement parlant, et nous ne demandons qu’une chose, un plus long format dans lequel nous finirons de perdre tous nos repères.

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