[ ALBUM ] JUNIORE, Un, deux, trois, pop sixties désenchantée
Nouvel album de Juniore, Un, deux trois disponible le 28 février (Le phonographe/ AL+SO)
Un, deux, trois comme une invitation à faire la course. Pourtant, avec ce nouvel album de Juniore, aucune raison de vouloir courir de cet objet au charme sixties trempé dans des mélodies aguicheuses, instantanées, jamais fades.
Juniore enchante.
Si les textes sont souvent désenchantés dans Un, deux, trois, Juniore, elle, enchante. En formule trio guitare, claviers/orgues, basse, batterie, le groupe séduit avec des mélodies absolument addictives faisant résonner dans nos esprits une époque que nous n’avons pas connue. Mais elle est tellement fantasmée, cette époque, à travers la pop culture, le cinéma également, qu’elle nous semble familière, comme étant partie prenante de notre existence.Mais, la grande prouesse de Juniore est de ne jamais tomber dans le piège révérencieux de l’hommage.
De la même façon, nous ne sentons ici aucune forme de passivité, genre on réchauffe un plat qui a jadis marché, espérant que la nostalgie d’une époque enterrée fasse le reste du job. Non, il n’y a rien de tiède ici ! En effet, Juniore assume son penchant sixties yéyé de façon moderne. Avec une production qui, si elle emprunte au genre ci-dessus cité, n’en demeure pas moins extrêmement moderne et répondant parfaitement aux canons d’aujourd’hui.
Une musique légère, des textes lucides.
Les musiques de cet opus sont légères, souvent portés par une paire rythmique qui imprime le tempo. Une basse sautillante, imposant une sorte de twist démentiel, que vient suppléer une batterie pleine d’un groove discret, imposent le rythme. Pour les accompagner, guitares et claviers, ou plus exactement orgues, apportent cette divine touche rétro (qui ne sent jamais le renfermé, nous le répétons). Réverbérations, légère distorsion, sonorités aiguës, cristallines, tout nous confine à l’orée des seventies. Résultat, un ensemble plutôt dansant venant lumineusement contraster avec des paroles lucides, des fois narquoises, effrontées, mais toujours trempées dans la vérité de Juniore.Histoire d’amour, portraits au vitriol, les désillusions ont les honneurs.
Un titre comme Tu mens en est le parfait exemple. Et c’est assez rigolo parce que la voix de Juniore accompagne ces textes avec un côté lancinant, traînant, marque d’une lassitude que la chanteuse porte au bout des lèvres. Elle évoque étrangement la façon de chanter de B.B, et nous imaginons facilement Juniore avec une moue boudeuse imprimée sur le visage. Rassurez-vous néanmoins, Juniore sait chanter (pas comme B.B), décoche des lignes de chant qui font mouche à chaque fois, et ces deux effets combinés la rendent charmeuse à souhait.
1, 2, 3.
C’est donc un disque plein de délicatesse que ce Un, deux, trois. Un disque qui flirte avec un passé révolu réinterprété de façon très fine. Nous y voyons forcément des références à des France Gall, Françoise Hardy ou autres Sheila, mais uniquement parce que Juniore est une femme. Musicalement, elle se rapproche plus de l’esprit de Jacques Dutronc, avec ce côté dandy détaché de tout cela, avec un certain humour, très très discret, très très subtil, mais qui apporte une touche irrésistible à l’ensemble.Si l’hommage aux années yéyés est présent, ne serait-ce que par la teneur musicale de l’ensemble, Juniore se place bel et bien dans notre époque, avec sa permanente perte de repères.
Un, deux, trois est une bouffée d’oxygène, ce genre de disque qui vous amène à cesser de regarder votre smartphone toutes les 3 secondes, à prendre le temps de vous poser, à ne rien faire d’autre que de vous plonger dans cet univers coloré, très bien foutu. Le retour à la réalité ne s’en avère que plus douloureux. Mais comme on est maso, on y retourne à la moindre occasion ! Et c’est bon !
LE titre de Un, deux, trois.
On ne va pas couper les cheveux en quatre, nous adorons Ah ben d’accord, parce que la ligne de chant y est, à notre avis, géniale. Les effets de production, sur la voix, malins, le rythme imparable, presque tribal, le texte moqueur (genre de mauvaise foi), bref, on accroche carrément. Les orgues sont plus vrais que nature, avec ce grain incomparable qui nous file des frissons. Ce titre est une petite merveille dark yéyé, toujours avec cette petite touche blasée qui fait un effet terrible. On adore !
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On aime aussi Tramontana.