JULIEN RIBOT, Do you feel 9 ? (disponible chez December Square)

julien ribot do you feel 9 ?Un album « total »

Alors que la fin d’année approche, nous sommes bien en peine de citer 3 disques qui se dégagent particulièrement de cette année pourtant riche (enfin surtout le deuxième semestre, on ne va pas se mentir). Nous restions obstinément bloqués à 2, cherchant, remuant les archives en nous disant où diable se cache ce troisième album majeur de l’année. Et voilà que déboule Do you feel 9 ? De Julien Ribot. Et là, on respire, car nous avons notre troisième disque de l’année, peut-être aussi LE disque de cette année.

Et ça nous pose un problème. Vous savez, le travail de chroniqueur est plutôt cool, on reçoit plein de disques, certains par très bons, d’autres très bien, d’autres carrément excellents. Et ces derniers nous posent énormément de problèmes, parce qu’il survient toujours la crainte de ne pas en parler à la hauteur du sentiment intense de plaisir qu’il aura suscité chez nous. Être fade, voilà bien ce qui nous terrorise en tant que transmetteur de bonnes choses.

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On se lance.

Alors, il faut bien se lancer un jour où l’autre. Si le sentiment qui prédomine à la l’écoute de Do you feel 9 ? c’est cette incroyable bouffée de bonheur, de presque libération. Il convient que nous soufflions une bonne fois pour toute, qu’on se lance dans le bain, que nous laissions parler le cœur, plutôt que l’oreille qui tente de tout décortiquer avec le peu de moyen qu’elle possède.

Ce disque est simplement une petite merveille. Il se situerait quelque part à la croisée d’un Bowie, d’un Gainsbourg, de Air aussi, mais aussi des Beach Boys, de la recherche de la mélodie parfaite, de la musique parfaite, trait d’union entre tous ces artistes majeurs (enfin pour nous en tout cas). Sur Do you feel 9 ?, pas de brebis galeuse, chaque mélodie est à la place qui convient, place confortée par un agencement de titres d’une efficacité diabolique. Le disque s’auto-relance, se porte lui-même, ne semble jamais parasité par quoi que ce soit, même si l’auteur avoue que les accidents sont souvent à la base de ces compositions. Heureux, les accidents.

À l’ancienne.

Ce disque, il est joué à l’ancienne. On veut dire par là qu’il y a bien quelques petites bricoles électroniques, mais que globalement, la base piano, basse, batterie, voix, guitare se suffit presque à elle-même. Les éléments électroniques renforcent simplement les ambiances, placent l’album dans un ailleurs très personnel, le seul où vit Julien Ribot. Si sur la pochette de l’album, faite par l’artiste himself, on voit des petits bonshommes descendre d’une soucoupe pour s’infiltrer dans l’oreille (qui a une forme de 9, pas sur la pochette, mais de façon symbolique) de Julien Ribot, il apparaît que lui-même n’en soit pas un, donc que son monde et le nôtre sont les mêmes (mais son inventivité et la nôtre, ben elles sont pas les mêmes).

Sa musique provient d’un truc un peu divin. Elle est magistrale, orchestrale par moments, dégage un puissant entrain, une grâce parfois épique. Elle nous pousse à nous laisser l’écouter en intégralité (un chroniqueur zappe vite, Do you feel 9 ? nous scotche du début à la fin, nous empêchant par conséquent de faire autre chose en même temps), en boucle aussi, avide de tenter de comprendre ses secrets, sa magie. Mais justement, il ne faut pas la dévoiler, cette magie, sinon, ce n’en est plus, et du coup, quand on connaît toutes les ficelles, on ne s’émerveille plus vraiment.

Se laisser habiter.

À mesure que la musique s’infiltre en nous, nous nous laissons gagner par un sentiment d’euphorie. Elle est dictée, cette euphorie, par le rythme et le groove qui se dégage des compositions, par leur sensibilité, par les arrangements inventifs. Il faut aussi avouer que ces compositions sont autant cérébrales qu’instinctives, autant intelligentes que populaires. La balance ne souffre aucune discussion, ne souffre d’aucun clivage non plus.

Peut-être qu’on est fait des caisses non ? Pourtant, il nous apparaît clairement que ce disque est une sorte de trait d’union entre les dernières légendes de la musique, et un avenir où il semble ne plus y en avoir (avenir…ou présent…). On a envie de pleurer sur Hey do you know wonderland, envie de rire sur Neon Juju, envie d’exister sur l’ensemble du disque. Bref, Do you feel 9 ? est le disque que nous n’attendions plus cette année…ou cette décennie… ou de ce siècle (là peut-être qu’on exagère, mais avec sincérité, ça faisait un sacré bout de temps qu’un disque ne nous avait pas enchanté de cette manière).

LE titre de Do you feel 9 ?

Autant te demander si tu préfères qu’on te coupe un bras ou une jambe. Le disque fonctionne sur sa globalité. Il n’y a aucun titre faible, aucun qui n’existe sans celui qui le précède (même Do you feel 9 ? qui ouvre le bal semble avoir été précédé par un autre titre, tout comme Neon Juju qui le referme semble nourrir un hypothétique morceau à venir). Il y a des coups d’accélération, des moments de freinage, mais tout est toujours dans un tempo frisant l’excellence. Donc un titre en particulier ? C’est comme si le disque se déroulait en une seule piste (même si les titres sont variés). We obi diva pourrait avoir été écrit et (presque) chanté par David Bowie (dont le titre de la chanson est une anagramme), Anabelle nous séduit (la part.I comme la part.II), Time is a fruit nous émeut au-delà du dicible, Idiorrrythmie n’a rien d’idiot, et sa rythmie va bien, soyez-en sûrs, et Le rayon vert n’a rien à voir avec le navet Marvel Green Lantern (l’un est un pur nanard, l’autre non).

Bon on a fait le tour on croit. Petit chef-d’œuvre. Immense coup de cœur. Mais vraiment immense, on déconne pas.

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