[ ALBUM ] JONATHAN BREE, After the curtains close
After the curtains close, nouvel album de Jonathan Bree (disponible chez Cargo records).
Il n’est pas rare que nous faisions le grand écart entre deux groupes ou artistes au sein de la même semaine. Hier, nous vous chroniquions le très bon premier album de The WRS, aujourd’hui nous vous parlons du nouvel opus de Jonathan Bree, After the curtains close. Mais qu’est-ce qui fait que nous chroniquions l’un et l’autre malgré le grand écart stylistique les différenciant ? Simplement la passion qui habite l’un et l’autre.
Pop symphonique.
Contrairement au groupe belge chroniqué hier, Jonathan Bree n’oeuvre pas dans le garage rock. D’ailleurs, il n’officie pas dans le rock tout court, même si guitares, batterie et basse sont belles et bien présentes dans ce nouvel album du Néo-Zélandais. Mais elles sont ici présentes pour produire une pop tendance hyper classieuse, à la production caressant le tympan comme la plus douce des caresses.
Ces instruments typiques de la chose pop sont ici associés à des cordes, des nappes de synthé (vaguement nostalgiques) et de carillons. Le résultant est soyeux, magnifique, nous plonge instantanément dans une ambiance mi-féérique, mi-cinématographique, avec aussi une belle part de romantisme (parfois un peu désabusé). Quand la voix de Jonathan Bree retentit, nous sommes sous le charme. Elle imprime force et cohérence à ce disque, disons-le tout net, sans aucune fausse note.
Manque d’aspérités ?
Vous nous direz que cela ne nous ressemble pas vraiment d’apprécier ce que nous pourrions qualifier de manque d’aspérités (pour ne pas dire que la musique est ici lisse). Et nous vous rétorquerons que ce n’est pas parce qu’un soin extrême est apporté aux mélodies, aux arrangements et à la production que le disque est lisse, plat. Bien au contraire ! Il ne cesse de nous surprendre, à chaque écoute.
Une intonation de voix, des choeurs, une voix féminine en lead, des effets très légèrement électronique, chaque morceau nous révèle une nouveauté, une trouvaille. C’est inventif, c’est émotionnellement palpitant, intense. Si des teintes sépia apparaissent sur certains morceaux, les couleurs modernes les remplacent sur d’autres, toujours avec ce respect de la belle mélodie pop, celle que l’on peut écouter 2, 3, 10 fois d’affilé sans se lasser.
Un album qui gonfle le coeur de beauté.
After the curtains close ne cesse de nourrir notre âme, écoute après écoute. Certes, nous sentons des pointes de mélancolie, noires comme le charbon surgir ici où là, mais cela ne nous plombe jamais le moral. Au contraire, ces titres sont signe de vulnérabilité, et si contrôle il y a sur tous les aspects musicaux de l’album, Jonathan Bree nous démontre qu’en aucune façon il est une machine dénuée de sensibilité.
Celle-ci est d’ailleurs portée en étendard sur After the curtains close. Elle est synonyme de tristesse, de joie, de vie, de rêves ou de cauchemars. Nous sentons que Jonathan Bree ne s’est rien interdit sur ce disque, qu’il a écouté ce que lui disait son instinct pour produire un disque qui, sous des aspects peut-être grandiloquents (inhérent aux apports symphoniques) est bel et bien intime. Nous le sentons s’exprimer sans filtre, impression renforcée par le communiqué de presse nous indiquant que le musicien « à la suite d’une rupture, se dévoile et nous raconte une année de solitude et de traumatisme tout en canalisant des sensations positives via le sexe et la dépravation dans sa musique. »
Alors, même si tout paraît beau, clinquant, il reste une part de ténèbres non-négligeable dans cet album, qui fait qu’il est tout sauf lisse, bien au contraire !
LE titre de After the curtains close.
Alors c’est paradoxale. Nous adorons la voix de Jonathan Bree, le son de basse sur tout l’album, mais le titre qui nous met des frissons est Kiss my lips (feat. Princess Chelsea). Sans doute parce qu’il évoque pour nous les girls group sixties tout en y apportant une touche de modernité presque anachronique, mais au combien subtile. Elle est signe que le musicien s’est amusé à brouiller les pistes, à expérimenter, ce que l’on retrouve en fil conducteur tout au long de l’album.
Ici, la voix est magnifique, possède un grain particulier, et chaque apparition de celle-ci nous fait une effet terrible, d’autant plus quand celle de Bree prend le relai (sur d’autres titres de l’album), avec ses intonations graves et profondes. Le mariage des deux s’avère souvent bouleversant, à l’image de ce disque, nous le répétons, sans faute de goût.
Revoir les titres Heavenly vision (dans la playlist du 04 mai ) et In the sunshine (dans celle du 27 juillet).
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