[ ALBUM ] JOHNNY LABELLE, XVIII // Séduire…

XVIII, nouvel album de Johnny Labelle (disponible chez Inner ear records)

Nous vous reparlons de Johnny Labelle dont nous avions déjà chroniqué le premier album, paru il y a un peu plus d’un an. Nous vous parlons cette fois-ci de son deuxième, XVIII, album synth pop/dream pop qui fait tout pour nous séduire, pieusement.

Nous ne plaisantons qu’à moitié avec cet adverbe. En effet, certaines sonorités de cet album nous transportent dans le cœur d’une église dont la lumière, coulant à travers les vitraux, donnerait la teinte de cet album qui ressemble à une forme de parenthèse, une bulle dans laquelle il est bon de se réfugier quand on a perdu tout espoir. Mais peut-être allons-nous trop vite ? On reprend au début.

Synth pop/dream pop.

La musique du musicien athénien est principalement, ici, conçue autour des claviers. Et de la voix. Ces claviers sont savamment agencés, dévoilant des mélodies aux teintes toujours variées. Les thèmes déroulent leurs charmes de façon légère, progressive, et petit à petit deviennent magnétiques. Cela se fait graduellement, comme si, une fois le premier doigt glisser dans l’engrenage, tout le corps viendrait à suivre le mouvement.

The dolphins ouvre la voie, de façon presque insignifiante, sur fond de saxophone. Séducteur, il nous caresse dans le sens du cœur, du romantisme, bref de ce que vous voulez. Les claviers apparaissent lentement, tissent, comme une araignée, une toile dont il nous devient progressivement très vite difficile de nous extirper. Captifs (volontaires), nous restons scotchés à la musique de Johnny Labelle qui réveille des images folles, dans des teintes grises, claires et chaudes, ou bleutées, desquelles émaneraient quelques touches jaunes lumineuses. Celles-ci, le plus souvent, émanent de la voix du chanteur.

Toujours l’ombre de…

Nous y trouvons, dans cette voix, grave, de crooner pas pour mémés, des inflexions à la Bowie. Pas que le timbre soit le même, néanmoins, un élément nous y fait inexorablement penser. Nous aurions pu évoquer les performances vocales d’Iggy pop, tendance crooner également, mais c’est véritablement à Bowie que nous pensons. Parce qu’il y a de l’élégance et que manifestement, celle-ci n’est jamais surjouée, tout comme elle n’est jamais sirupeuse.

Il faut dire que cette voix fait beaucoup pour nous séduire. Elle s’invite en notre corps, y insufflant une chaleur que nous gardons précieusement en nous au moment d’affronter l’extérieur anxiogène de ces derniers mois (enfin de cette année passée). Pourtant, elle est nuancée, cette voix, expressive, même si cela reste dans un spectre assez restreint. Mais qu’importe puisque cela accompagne à merveille la musique qu’elle sert (ou inversement, nous ne savons pas laquelle des deux nourrie l’autre).

Des orgues, une réverb’ liturgique.

C’est vrai que ce sentiment pieux nous quitte peu à l’écoute de XVIII. Est-ce dramatique ? Absolument pas. Car on peut être pieux face aux choses de l’amour , face à l’indicible beauté d’un paysage, face à une œuvre. En ce sens, nous écoutons l’album de façon religieuse, en essayant qu’aucune interférence ne vienne troubler notre quiétude. Il en va de notre santé psychique. Parce qu’il faut véritablement laisser tomber les barricades pour ce disque, pour qu’il positionne ses bonnes ondes en nous, sur nous, pour qu’il nous guérisse de la folie des hommes.

Johnny Labelle, une nouvelle fois, nous offre un album sophistiqué, à la fois accessible et intelligent. Toujours élégant, toujours romantique, il est une source de réconfort permanent. Il fait partie de ses indémodables que nous prenons à réécouter quand le ciel est gris et que le moral est en berne. Parce qu’il fait simplement énormément de bien. Et par les temps qui courent, nous en avons vitalement besoin.

LE titre de XVIII.

Parce qu’il est peut-être le plus optimiste, le plus serein, In the sun nous fait un gros effet. Il nous apporte dans un univers presque new-wave à la seule force des cordes vocales et de cette production typée. Il nous fait aussi penser, ce titre, à ceux composés par Au-revoir Simone, au point que nous en sommes presque étonnés d’entendre la voix masculine de Johnny Labelle. Néanmoins, pas de plagiat car l’univers de Labelle possède une dimension plus suave que celle des américaines. Pour le reste, la musique dégage ici une aura positive, comme si elle nous ouvrait grand les bras pour un câlin. Et c’est exactement cela que nous voulons faire, un câlin, à l’écoute de ce titre (malheureusement l’un des plus courts de l’album avec ses à peine 3 minutes au compteur).

johnny labelle XVIII

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