[ ALBUM ] JEAN-BAPTISTE SOULARD, Le silence et l’eau.

Le silence et l’eau, nouvel album de Jean-Baptiste Soulard , librement inspiré du récit Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson (paru aux Éditions Gallimard).

Quand musique et littérature entrent en collision, nous ne pouvons qu’être à l’affût. Dans Le silence et l’eau, Jean-Baptiste Soulard (Palatine) nous livre son interprétation du récit de Sylvain Tesson, pour un résultat délivrant des images d’un ailleurs fait d’eau, de silence, de grands espaces.

Une adaptation réussie de Jean-Baptiste Soulard.

Nous mettons d’emblée l’accent sur le caractère réussi de l’entreprise. Remanier un texte pour le mettre en musique peut parfois s’avérer un fiasco complet si tant est que le rapport à l’oeuvre originale s’approche du fanatisme. En effet, il vaut mieux prendre une légère distance par rapport à ce texte aimé afin d’en restituer au mieux l’essence. Il faut donc concilier connaissance profonde de l’oeuvre avec un certain détachement pour restituer au mieux son atmosphère.

Avec sa folk teintée de cordes soyeuses, évoquant par certains aspects un imaginaire lié à la Russie, Jean-Baptiste Soulard parvient à rendre son hommage parfaitement légitime. C’est-à-dire, justement, que nous ne le sentons pas. Au contraire, J-B Soulard prend possession du texte, à son compte, et le transfigure musicalement en un voyage inédit.

Une musique simple et sensuelle.

Nous avions adoré Grand paon de nuit, l’album de Palatine (le premier article posté sur Litzic si notre mémoire ne nous joue pas un vilain tour), groupe dans lequel officie J-B Soulard. Nous retrouvons, dans Le silence et l’eau la même délicatesse, autant dans le choix des mots que dans celui des tessitures sonores. Une guitare folk dont les arpèges légers habillent l’espace, des cordes aériennes les soutenant, une voix claire, il n’en faut pas plus pour nous transporter vers un monde nouveau, au contours simplement esquissés par des textes ciselés, équilibrés, qui laissent à voir, à sentir, à entendre les éléments résultant de ce voyage sensoriel.

Sur ce disque, J-B Soulard n’est pas seul. Il fait intervenir différents guests, qui tous apportent leur petite pierre à l’édifice. Loin de dénaturer l’ensemble, ils le renforcent, avec douceur. Les voix féminines de Bessa, Jacinthe et Luciole (par ordre d’apparition) se marient à merveille avec celle de J-B Soulard, comme coulée dans la même veine , la même peau. Les voix masculines de J-P Nataf et Achille ne sont pas en reste et ne dénotent en rien de leurs homologues féminines. Sur Asile, Raphaêl Personnaz lit un extrait du livre de Sylvain Tesson, y apportant une profondeur musicale certaine. Sur Issba, Blilck Bassy nous donne la chair de poule par son envolée pleine de fragilité.

Le silence et l’eau.

Ces deux éléments portent l’album de bout en bout. Deux fluides qui lient intimité et musicalité, sans vouloir en faire trop pour nous égarer. Ici, tout est justement dosé (y compris la relative brièveté de l’album), l’effet obtenu est saisissant et ce disque s’avère une vraie réussite, une invitation au voyage, qu’il soit physique ou introspectif.

Le titre de Le silence et l’eau.

Pour nous, le titre qui nous fait le plus d’effet est Issba. La présence de Blick Bassy n’y est pas pour rien tant la force de sa voix nous saisit et nous place face à l’immensité d’un paysage et nous fait nous paraître tout petit. La dimension extatique de ce chant écorché ne peut pas nous laisser indifférents, au contraire, il nous touche là où notre humanité la plus profonde réside. Ce titre est une invitation à tout reconsidérer, en premier lieu notre impact sur le monde qui est le nôtre. Sublime.

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