[EP] KARL JANNUSKA, Feafterweight // voyage en état de rêve.

Un EP de Karl Jannuska, écrit pour Sofie Sörman

Featherweight est un EP de Karl Jannuska. Le batteur, compositeur, producteur a en effet écrit et produit cet EP un peu magique. Mais, altruiste, il l’a écrit pour Sofie Sörman, chanteuse suédoise avec qui il travaille depuis une vingtaine d’années. Au cours de ces dernières années, Jannuska a épaulé Sofie Sörman sur ses différents projets, mais cette fois-ci, il s’agit bel et bien d’un EP en son nom, censé mettre en avant les talents de chanteuse de son amie de longue date. Le résultat est simplement magnifique, à la croisée du jazz, de la pop.

Tout commence par le morceau qui donne son nom à l’EP. Ce titre est le plus ouvertement jazz de l’EP puisque relativement traditionnel dans sa forme, même si nous sentons un frémissement pop sur certains points stratégiques du morceau. Si nous goûtons peu au jazz vocal, nous devons admettre de bonne foi que la voix de Sörman est simplement parfaite et qu’elle nous transporte dans un monde fait de douceur et de volupté.

Au jour naissant.

4AM photo, qui le suit, repose sur une base hypnotique, batterie, contrebasse, piano, jazz aussi, avec une dimension contemplative résultant notamment du mix qui place la contrebasse et les cymbales en retrait, donnant ainsi un esprit vaporeux, comme étrangement détaché. Tout est fait avec légèreté, avec un minimalisme qui décuple le pouvoir émotionnel et imaginaire du titre. La voix ici, se fait langoureuse, évocatrice d’une description, photographie vocale. Après, c’est notre imaginaire qui fait le reste, nous embarque en un quelconque lieu, magique, intrigant, mais jamais inquiétant pour autant.

L’EP déroule ses ambiances avec une légèreté incroyable et, même si les titres possèdent tous des univers bien distincts, une cohésion les lie, porté par la voix et les talents de production du couple de musiciens. Sitting in darkness se savoure comme une pièce jazz pop, très anglo-saxonne dans l’esprit, vaguement baroque dans ce chant (on pense, à cause de la manière de chanter, à Odessey & Oracle). Piano minimaliste laissant place aux silences, une fois de plus, et chant dominent sur la première partie du titre, secondés par une batterie et une guitare électrique sur la deuxième moitié. De pop, baroque, le titre dévie dans une atmosphère rock, ou subsiste l’esprit jazz néanmoins, un peu oppressante, plus expérimentale. L’inventivité est au rendez-vous, notamment concernant les aspects rythmiques du morceau.

Âme.

Evergreen semble un direct prolongement du précédent titre, oubliant au passage son aspect légèrement baroque pour renouer avec un chant plus jazzy. La basse appuie la batterie avec un côté répétitif obsédant, lui aussi minimaliste. Mais la touche plus inédite, c’est celle d’une guitare, nous ramenant du côté du Mali, du blues du désert des fameux Tinariwen. Le glissement s’effectue avec une douceur incroyable, sans que la transition ne choque le tympan. Un grand morceau, empli d’âme.

Enfin, Tears of joy termine l’opus avec une classe « soul » elle aussi, très spirituelle, une nouvelle fois porté par la voix somptueuse de Sofie Sörman, décidément mise en valeur d’une façon « amoureuse » par un Karl Jannuska inspiré et inspirant, se mettant totalement au service de la chanteuse sans pour autant sacrifier sa personnalité, hautement élégante et raffinée, presque invisible et qui portant déroule un tapis rouge sensoriel qu’il convient de savourer à sa juste valeur. Un disque qu’il fait bon écouter, en boucle, pour s’évader, pour rêver, pour espérer, aussi.

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