[BREVE+CHRONIQUE] IBRAHIM MAALOUF S3NS & Levantine

Ibrahim Maalouf S3NS brèveIBRAHIM MAALOUF S3NS (sortie le 27/09 chez Mister Ibe)

Ibrahim Maalouf annonce, pour le 27 septembre, un onzième album intitulé S3NS. Cet album, comme toujours avec le trompettiste, est autant inspiré du jazz que de la pop ou du rock. Mais cette fois-ci, il y sera aussi question d’Amérique du sud puisque Maalouf, entouré par 15 musiciens,  rend un hommage à la culture latine et à la musique afro-cubaine.

Le casting propose, entre autre, Harold Lopez Nussa, Alfredo Rodriguez et Roberto Fonseca (tous trois pianistes et issus de la nouvelle scène cubaine de jazz), mais également le saxophoniste Irving Acao et la violoniste Yilian Cañizares.

Ce premier extrait de l’album à venir, Happy Face, est une indication de la direction prise par Ibrahim Maalouf et ses compères. Cela nous annonce un album riche et coloré, caliente et gorgé des saveurs sud américaines (dont il est inutile de vous décrire les effets sur le corps et l’esprit). Enfin, puisque nous parlons d’Ibrahim Maalouf, revenons sur son dixième album, Levantine symphony N°1 que nous n’avions pas chroniqué lors de sa sortie.

Ibrahim Maalouf Levantine chroniqueIBRAHIM MAALOUF Levantine symphony N°1

Cet album est une indiscutable preuve que la musique est histoire de contexte. Nous avons boudé ce disque en début d’année. Pourquoi, sachant que nous aimons peu près tout ce que propose Ibrahim Maalouf ? Simplement parce que nous n’étions pas dans les bonnes dispositions pour apprécier Levantine symphony N°1 à sa juste valeur.

Grandiloquent et …pompeux ?

Soyons totalement honnêtes avec vous. Ce disque, nous le trouvions un peu pompeux, voire prétentieux. Parce que le jazzman s’essayait à d’autres horizons, ceux de la composition d’envergure, avec un orchestre symphonique, choeurs d’enfants et que cela nous paraissait synonyme de gros melon ou de chevilles qui enflaient sérieusement à mesure de la renommée sans cesse grandissante du jazzman (avec des critiques souvent dithyrambiques). Mais alors, qu’est-ce-qui a changé ?

Eh bien voilà, nous avons traversé une petite période de moins bien, il n’y a pas très longtemps de cela, sans doute générée par une quête un peu effrénée vers un nombre de visites que nous souhaitions grandissant. Alors nous publions deux voire trois articles conséquents par jour, bouffions de la musique et des bouquins en fonction, c’est-à-dire à un rythme souvent très (trop?) élevé. Dès qu’un disque nous paraissait mauvais, nous sombrions dans une mélancolie malsaine, de celle qui nous disait : tu as perdu ton temps à écouter ces disques.

Alors, étrangement, ce Levantine symphony N°1 nous est retombé dans les mains à ce moment précis De nos mains il voyagea dans la platine et dispersa ses notes que nous appréhendions dès lors sous un angle nouveau.

Puissant, épique.

Comme avec toute symphonie, Ibrahim Maalouf part d’un thème de départ qu’il développe sur la durée du disque. Celui-ci, fort de 16 titres, 5 thèmes et 7 mouvements, déploie alors la force de ses orchestrations. Ici, il est presque autant question de musique classique, que de jazz, que de musique de film, que de pop. Ibrahim Maalouf mélange effectivement ces influences, les malaxe, les triture et les ressort à sa sauce.

Il y a dans ce Levantine une force, une puissance indéniable, qui nous soulève le corps comme la vague soulève le bateau. Il souffle un vent fort, tantôt réconfortant, tantôt tourbillonnant. La force de son interprétation n’y est pas la seule responsable puisque l’apport de l’orchestre lui confère ampleur, chaleur et un caractère épique décoiffant (on pense en particulier au mouvement III).

Le choeurs d’enfants de la Maîtrise des Hauts-de-Seine apporte une dimension inédite à la musique de Maalouf, une couleur différente de celle de sa trompette, tout en y incorporant la même dose d’énergie, soit mélancolique, soit euphorique. Comme souvent avec Maalouf et son écriture, la mélodie est simplement limpide, percute directement les zones de nos cerveaux concernées pour ne plus nous laisser indemnes. Impossible de se défaire d’elle, de faire comme si elle n’existait pas, elle nous taraude à l’infinie, nous porte et nous fait relever la tête et sortir du bouillon.

Ainsi…

Ainsi, il convient de dire que tout est question de contexte, avec la musique de Mallouf comme avec celle d’autres musiciens. Il suffit de peu pour passer à côté d’un album ou d’un titre. Mais, tout comme il est facile de le snober, il est tout aussi aisé d’y revenir, à un moment ou à un autre et de se poser là, à côté de ses a priori, et de se dire que nous allons apprendre à réécouter tel ou tel album avec une oreille différente, neuve.

Grâce à cela, nous pouvons affirmer que ce disque ambitieux n’est pas l’œuvre d’un artiste ayant chopé la grosse tête, mais qu’il est bel et bien le fruit d’un artiste voulant, toujours plus fort, développer son univers, sa musique, avec talent, certes, mais également avec une forme d’humilité dont beaucoup pourraient (ou devraient) s’inspirer.

Au final, Levantine symphony N°1 s’avère être un disque hyper plaisant, puissant et mélodieux, surprenant et inspirant. Encore un beau coup réussi par Ibrahim Maalouf qui, décidément, nous surprend encore et toujours.

Site officiel Ibrahim Maalouf

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On aime aussi Stéphane Galland qui est également présent sur S3NS.

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