HAYKO, Baku (EP déjà disponible)

hayko bakuPop dream et monde spectral.

Dur de rester insensible à cet EP pas vraiment comme les autres. En effet, ce « side project » de Félix, qui évolue au sein d’Arche, derrière des aspects qui pourraient paraître balisés si nous ne nous en tenions qu’aux trois premières secondes de chaque morceau habitant Baku, projette autour de lui une aura totalement à part. Alors que se croisent sonorités dream pop, refrains scandés à la manière d’hymnes, inspirations légèrement plus punk, Hayko surprend.

Évidemment, les atours dream pop sont ceux qui nous sautent littéralement au visage : synthés scintillants, échos/réverbérations oniriques (ou conduisant à un état proche d’un éveil, quand nous sommes encore à nous accrocher aux derniers fragments de rêves qui s’accrochent à l’arrière de nos paupières), voix évanescentes, tout y est. Mais Hayko ne s’arrête fort heureusement pas là.

Comme un enfant turbulent, il casse les propres règles qu’il édicte. Ici, par exemple, sa voix se fait claire, presque parlée, alors que le début du titre partait en ligne droite vers les étoiles (Let me deep alonex). Plus mordant, Hichiro lance une rythmique post punk adoucie par une nappe de synthé aérienne. Le refrain, japonisé, renforce une sensation de voyage, nous attirant sans cesse à aller plus avant dans les terres de Baku.

Fantôme.

Baku, comme l’indique le communiqué de presse est un «fantôme qui porte autant qu’il est porté, dans une soif insatiable de rêves ». Nous retrouvons ce paradigme tout au long des 5 titres. Leur point de départ est, quasiment toujours, une base solide, bien connue, sans grande surprise. Mais passé les premiers pas dans ce nouvel univers qui nous paraît déjà familier, la suite déjoue les plans tout établis.

Les rythmiques, souvent, cajolent puis bousculent, déroutent bien souvent car n’allant jamais là où nous pensions qu’elles nous conduiraient, faisant de certains titres des chevauchées fantastiques dans un univers se découvrant totalement au fur et à mesure des secondes s’égrainant. Jeannot<3 par exemple se termine en feux d’artifice de batterie, dans une frénésie insoupçonnée d’énergie (pour autant jamais vénère, mais au contraire épique comme seuls peuvent l’être certains rêves qui commenceraient comme des cauchemars pour se terminer en apothéose colorée et rassurante).

Sa suite, Nora singing, emprunté on ne sait où, nous réimplante dans une normalité étrangère, au cœur d’un pays qu’on imagine sans grand peine asiatique, où une femme, peut-être une grand-mère, chante a capela, peut-être dans une cuisine, avant d’étouffer son chant dans un rire. Concret, palpable, il termine le rêve, nous ramène à l’éveil avec ce charme des petits matins reposés.

 

La nuit s’achève…

Ainsi s’achève la période des songes. Baku raconte cette histoire imaginaire à travers 5 actes qui, étrangement, ressemblent à s’y méprendre à un concept album. Ce concept serait de forer l’univers d’un rêve, de ses premiers contours à son achèvement. D’ailleurs, les premiers mots de Nighty night ne sont-ils pas « welcome to my dream » ? L’introduction néanmoins n’indique en rien la cohérence à venir du disque de Hayko. Car chaque nouvelle étape revient sur un aspect de ce rêve, avec son déroulé cryptique, ses péripéties, ses changements de rythme, ses mini-conclusions également.

Pour nous qui avons tendance à dormir d’un sommeil de plomb, dont aucun souvenir de songe n’émerge, nous sombrons corps et âme dans ceux de Hayko, dans son romantisme, dans sa douce mélancolie, ou plus exactement dans sa nostalgie, dans ses pics d’adrénaline, dans ses fantasmes d’ailleurs, dans ses univers que le « groupe » a vus de ses yeux et qu’il décide de partager avec générosité. Et quand s’achève cette boucle spirituelle, que nous reprenons pied sur le plancher des vaches, c’est avec un poids en moins sur les épaules. Et des étoiles plein derrière nos paupières.

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