GULP All good wishes

Et si tout n’était qu’une question de rythme. Pas forcément celui porté par une basse et une batterie, mais celui que l’écoute d’un disque peut provoquer sur votre organisme. Avec son album All Good Wishes (E.L.K Records), Gulp fait partie de ces groupes qui modifient notre notion du temps et de l’espace.

C’est un voyage que propose le groupe composé de Lindsey Leven (dont la voix fait des merveilles d’un bout à l’autre du disque), de Guto Price (Super Fury Animals) et de Gid Goundrey. Un voyage immobile, un voyage introspectif, contemplatif, mais un voyage qui nous fait perdre nos repères de façon délectable.

Le travail sur le son est assez captivant. Nous pensons parfois à Ennio Morricone, capable de transmettre en quelque note l’essence d’une image. Gulp, contrairement au célèbre compositeur, réveille notre imaginaire et nous permet de créer notre propre film. Il serait un film romantique, un film de SF à l’environnement fantastique, un film aux couleurs fin seventies début eighties. Il y serait question de cette horloge qui égraine les secondes, de grands espaces vierges de toute présence humaine, d’une falaise surplombant la mer, d’un vol d’oiseau au ralenti, d’un duel entre amants.

Les émotions déclenchées par All Good Wishes sont fortes, incontrôlables. Elles font s’emballer notre cœur, nous assécher la gorge, nous donnent envie de danser ou de rester là, à regarder par la fenêtre des enfants jouer dans le jardin et sourire à ce spectacle.

Nous pensons parfois à un groupe comme Goldfrapp, à Debbie Harry (Blondie). Nous pensons parfois à de la disco, à de la new wave, à du krautrock. Les arrangements sont subtils, fins. Parfois la voix est démultipliée (pour les chœurs), parfois les tessitures sonores sont retravaillées, parfois elles sont natures. Quelques cordes jaillissent ici ou là (notamment sur le très beau Spent right time here with you), des guitares cristallines habillent quelques titres (le très bucolique Following rain), des claviers s’occupant des nappes parfois élégiaques (All Good Wishes), parfois dansante (Morning velvet sky).

La maîtrise est palpable mais n’est en rien synonyme d’ennui, car elle est assumée, imaginative, tire le parti d’une pop jamais feignante, surprenante, riche.

Ce disque, sans y paraître, à capté notre attention de façon inédite. Nous sommes entré dans l’univers du groupe et ne sommes pas prêts à en ressortir. Très différents, les morceaux pourtant ne rendent pas le disque incohérent, bien au contraire. Les compositions sont fortes, issues du même moule mais explorent des univers variés. D’ailleurs, le dernier titre de l’album (Silver tides), plus expérimental annonce peut-être un successeur dans cette veine.

Mais rien ne presse.

Prenez le temps de vivre l’expérience All good wishes auparavant. Il changera votre perception de ce qui vous entoure, vous pouvez nous croire.

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