Euphrates Ride // Therapy – Vol au-dessus d’un nid de coucou

euphrates ride therapyPremier album cathartique !

Le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve, l’Euphrate. Et son eau tarit, afin que le chemin des rois venant de l’Orient fût préparé.” Apocalypse 16:12. D’un point de vue biblique, l’Euphrate est le quatrième fleuve qui sort de l’Éden pour arroser le paradis. Et d’un point de vue historique, l’Euphrate est aussi un fleuve hautement symbolique, étant donné son rôle dans la naissance de la civilisation. Rappelez-vous vos cours d’histoire / géo. Pendant que vous rêvassiez, ce professeur vous parlait avec engouement et le regard pétillant, de la Mésopotamie, où naquit la première civilisation de l’histoire de l’humanité. Ah c’est loin tout ça, nous direz-vous. Néanmoins ce qui nous amène à vous parler de tout cela, c’est le projet du multi-instrumentiste David Mauro, qui sort un premier opus sous le blase de Euphrates Ride, intitulé, Therapy.

Des bruits de pas dans le gravier

Avant toute chose, nous devons remettre dans le contexte l’origine de la création de ce projet rock / rock alternatif car celle-ci fait sens et permet de mieux appréhender cet album. Au-delà du côté créatif, Therapy met en évidence une maladie encore tabou, il n’y a pas si longtemps, qui est celle de la dépression.

Nous ne parlons pas de la petite déprime de la fin des vacances et du dimanche soir, mais de celle qui fait perdre goût à la vie, et qui impacte douloureusement aussi les proches du malade. C’est suite à un internement de plusieurs mois en hôpital psychiatrique pour une dépression complexe que le musicien David Mauro, fait preuve de résilience, en extériorisant ses affres et ses tourments par le biais de la musique.

C’est dans ces conditions, que naît Euphrates Ride et que renaît David Mauro ! Car nous savons que faire face à cette maladie psychique, n’est pas un long fleuve tranquille, les eaux sont trop souvent sinueuses et tumultueuses.

Dévaler le fleuve.

L’album Therapy comprend six titres oscillant entre le rock indé, psyché voire même un peu pop. C’est le titre Gathering The Waves qui a la lourde tâche de garder l’auditeur que nous sommes sur les eaux du fleuve. Rassurez-vous, pas besoin de gilet de sauvetage, nous sommes bien accrochés là où nous le pouvons.

Le morceau démarre par un bruit de fond qui nous interpelle et nous intrigue.Une voix claire et cotonneuse fait son apparition. Le rythme est nonchalant. Des sons de xylophone (?) aiguisent notre oreille interne. Des bruits de pas dans le gravier nous invitent à poursuivre cette balade le long de l’Euphrate.

Le titre Every Single Glass Of Sand Has A Mass évoque en nous ces principes, ces lois fondamentales qui définissent un phénomène dans un domaine d’étude. Comme une continuité voulue, le morceau démarre et termine avec le bruit du ruissellement de l’eau, symbole de la vie. Les oiseaux font leurs vocalises pendant que les enfants jouent au loin.

La bête n’est pas morte

Colours of Grey ou cinquante nuances de gris. En premier lieu, le titre nous renvoie à la tristesse, à la solitude et à la mélancolie. Une guitare débranchée se fait entendre en arrière-plan, puis la voix aux accents de douceur plane sur une mélodie vaguement pop. À un moment, le morceau nous rappelle Airbag de Radiohead. Ce côté pop, nous le retrouvons aussi avec I Beg Your Pray, même si, le solo saturé du morceau fait émaner en nous des réminiscences de tous ces groupes alternatifs américains nous ayant tant fait vibrer durant les années quatre-vingt-dix. I Beg Your Pray est certainement la piste la plus sombre de l’album (“I broke my iron bones and bled / I’ll be back on my feet full of blood” ou encore “I feel so miserable, eating my broken fingers”).

Nous retrouvons ce côté sombre et angoissant avec Trans Part I qui démarre par une longue instru qui nous rappelle l’ambiance de certains titres de Pink Floyd et autres groupes de prog rock. Ici la voix est lointaine, sépulcrale, sortant d’outre-tombe. Trans Part II reprend le même schéma avec une instru fleuve qui nous emmène dans un long voyage psychédélique voire féerique. Une batterie semble se réveiller et prendre de l’ampleur comme un cœur ressusciterait après un long massage cardiaque. Puis c’est l’effusion, une fin tonitruante, un solo de guitare foudroyant, le tout sur un rythme appuyé!

La bête n’est pas morte! Elle est belle et bien vivante.

L’album est extrêmement jouissif, et bien ficelé. Nous ne savons pas si Euphrates Ride a triomphé de ses vieux démons mais une chose est sûre, c’est qu’il a réussi à se sublimer avec les six titres qui constituent Therapy. C’est sur ces derniers mots que nous vous laissons au confluent du fleuve.

Keep Rockin’

LGH

LGH
LGH (Le Gosse hélicoptère) :

Révolutionnaire en peau de lapin, guitariste de salon à mes heures perdues, amoureux des mots et féru de musique. Mes mots d’ordre sont l’éclectisme, la curiosité et le partage. Keep rockin’ !!

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