[JAZZ] ERIC LEGNINI, Six strings under, toutes cordes dehors

eric legnini six strings underÉric Legnini nous propose son nouvel album, Six strings under (sortie le 06 septembre chez Anteprima productions).

Le nom d’Éric Legnini ne nous était pas inconnu. Nous avions déjà reçu un de ses précédents opus, Waxxup, qui, bien que démontrant l’habileté du pianiste, nous avait quelque peu laissés de marbre. Pas qu’il soit mauvais, juste qu’il ne nous inspirait pas de commentaires particuliers. Ce n’est absolument pas le cas de ce  Six strings under qui nous ravit au plus haut point.

Guitares et pianos.

Cet habile jeu de mots entre 6 feet under et Six strings under n’est déjà pas pour nous déplaire. Loin d’enterrer Éric Legnini six pieds sous terre, cet opus révèle une musique ô combien vivante, enjouée, chaude, inspirée. Pourtant, le pari n’était pas forcément gagné. Dans combien de groupes pop ou rock l’alchimie fonctionne-t-elle à plein régime entre guitares et pianos ? Peu, à vrai dire, l’univers de chaque instrument étant tellement vaste qu’il empêche souvent l’autre de s’exprimer.

Dans Six strings under, il n’en est rien, absolument rien, tant l’osmose qui y règne est fabuleuse. Nous n’allons pas évoquer le fait que les instrumentistes ici sont techniquement doués, il s’agirait presque d’un pléonasme pour parler d’instrumentistes de jazz. Non, la magie réside ailleurs, dans cette forme de vérité qu’ils font naître dans ces morceaux (reprises et compositions originales, dont  La Mangueira, composition dédiée à son amie et complice brésilienne Marcia Maria disparue en 2018 ).

Soliste ou rythmique.

L’un des points forts de l’album réside dans le fait que chacun endosse à tour de rôle, au sein d’un même morceau, le statut de leader rythmique, puis de soliste. Pas de guerre d’ego, juste une complicité forte, brûlante et inspirée. Ici, les notes coulent comme dans un courant d’inspiration libre de toute forme, de toute matière. Il pleut ici une chaleur vibrante, une vie pleine de soleil, une musicalité à la fois enjouée, paraissant terriblement spontanée, presque innée. Comme si ces joueurs, vraiment, jouaient, comme des enfants insouciants.

Jeu du chat et de la souris, de celui qui attrapera l’autre, dans une saine rivalité source d’explosions fracassantes et d’imagination débordante. C’est une musique qui fait chaud au cœur, qui nous rend heureux, simplement. Parce que nous retrouvons dans Six strings under tout ce qui nous fait aimer la musique, au-delà de tout clivage de genres : une beauté qui nous fait pousser des ailes, nous titille la corde (tiens, encore une corde) sensible, sans vouloir en imposer.

Simplicité.

À l’image de la reprise dépouillée, minimaliste à souhait, de Space Oddity, nous ne sentons aucune pose dans cet album. Juste un désir de faire ressortir des mélodies limpides, aussi simplement que les solos sont inspirés et techniquement parfaits (et complexes). Les doigts courent sur les cordes ou sur les touches, ne s’emmêlent jamais et nous font penser à autant de rires d’enfants dans une cour de récréation.

Inutile d’en dire plus, cet album fait un bien fou par sa modestie. Éric Legnini, Thomas Bramerie, Hugo Lippi et Rocky Gresset nous offrent un album lumineux, généreux, qui promet de repousser loin la grisaille de nos idées pessimistes.

LE titre de l’album.

Fans de David Bowie, nous aurions pu choisir la reprise, quasi piano solo, de Space Oddity, mais nous optons pour le magnifique Boda Boda, ouverture de Six Strings under. Pourquoi ? Simplement parce qu’il dégage une sensation de parfaite harmonie, d’une part entre les instruments et leurs marionnettistes. La production y est ronde (comme sur l’ensemble du disque), chaleureuse, et tout semble couler du même moulage. Quand les instruments permutent de soliste à rythmique, la fluidité est de mise. Tout roule sans heurts, la complicité est visible, et le caractère enjoué de ce morceau, aux sonorités approchant l’afro-beat de Fela Kuti, nous séduit.

Il pleut du soleil, du sourire, et un optimisme certain sur ce titre qui donne le la pour un album sans faute de goût aucun. Très très joli disque !

Site officiel Éric Legnini

Suivre Éric Legnini sur FB

Ajoutez un commentaire