[ ALBUM ] ENZO CARNIEL & HOUSE OF ECHO, Wallsdown
Wallsdown, nouvel album d’Enzo Carniel & House of echo (disponible chez jazz and people).
Cet album nous nourrit depuis un moment. Parce qu’il est incroyablement dense, riche, et qu’il ne s’appréhende pas comme ça, en claquant des doigts. Non, Wallsdown, d’Enzo Carniel & House of echo ne nous prend pas par la main, ne nous accompagne pas. C’est à nous de faire le chemin vers cet album qui, à chaque écoute déverse des myriades d’émotions contrastées.
Plages ambiantes.
Pour pénétrer l’univers d’Enzo Carniel & House of echo, rien de plus simple. Enfin, façon de parler. De longues plages ambiantes s’offrent à nous, alanguies, presque inoffensives si l’on n’y prête pas l’oreille, ou du moins une oreille attentive. Mais à la réalité, ces ambiances nous mettent un sérieux coup de poing à l’estomac. Elles sont graves, mélancoliques, noires. Elles sont oppressantes aussi. Le groupe y installe ses claviers, ses guitares, ses programmations, un léger, très léger, apport rythmique et nous tisse un canevas inédit de tessitures propices au rêve éveillé, ou au cauchemar (tout dépend du point de vue).
Si nous en restions là, nous affirmerions avoir affaire à un groupe électro désireux de montrer que la musique électronique peut être organique, ou du moins avoir un effet bouleversant sur un organisme (le nôtre en l’occurrence). Mais le groupe n’est pas électro. Il est jazz. Et cela s’entend quand les nappes ambiantes disparaissent pour laisser, enfin, place à la lumière.
Aérien.
Dès lors, les accords jazz apparaissent, et avec eux un bouleversement de nos ressentis, de nos émotions. L’espoir (re)naît, la joie s’invite au voyage sonore, la légèreté également. Ses touches colorées, vives, sanguines, apportent une énergie nouvelle à la musique d’Enzo Carniel & House of echo. Les rythmes s’emballent, les envolées des instruments se trouvent similaires à ceux d’un groupe d’oiseaux que l’on aurait dérangé et qui, en bouquet d’ailes, s’en vont conquérir le ciel.
L’image est juste. Tels des pollens de pissenlit, ces nouvelles couleurs musicales investissent l’air, la colorent de mille teintes inattendues, et surtout nous regonflent à bloc. Adieu désespoir, bonjour espace et lumière. Les contrastes sont fort sur Wallsdown, tellement qu’ils désarçonnent et demandent un temps d’adaptation, comme si, déséquilibrés sur une poutre nous chercherions à retrouver une forme d’équilibre afin que notre attention se porte vers autre chose.
Puissant.
Cet album est d’une puissance peu commune. Parce que, même s’il demande un effort pour entrer dans ses mécanismes, rien dans le son ne nous rebute. Bien au contraire, les sonorités sont chaudes, charnelles, enveloppantes. Elles ont tout pour séduire (et elles le font divinement bien), mais déclenchent en nous des variations d’humeur de forte amplitude.
Est-ce que cela nous dérange ? Pas le moins du monde, car pour nous elles sont synonymes du fait que nous sommes, encore et toujours, en vie. Nous y voyons le pourquoi de l’importance de la musique, cet art reposant sur 7 notes mais qui n’en finit pas de nous émouvoir, au-delà de l’imaginable. Wallsdown est un disque magnifique, et un énorme coup de cœur.
Site officiel Enzo Carniel
On pense à Gauthier Toux
Jean Marie
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Magnifique !
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Patrick Beguinel
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Merci et ravi que cette chronique vous plaise.
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