EAU ROUGE, Acid love disponible chez Riptide records

eau rouge acid loveComme un truc sur les papilles.

Une sensation étrange, comme une petite brûlure. Home, qui ouvre les débats sur cet album, déjoue les pronostics, rebat les cartes de l’électropop, de la new wave, pour proposer la voie d’Eau Rouge et de leur album Acid love. Car ici, tout ne se déroule pas comme attendu, le groupe réussissant la parfaite fusion des styles pour imposer celui qui lui est propre.

Malgré des sonorités évoquant d’une certaine manière les années 80, c’est par un traitement sonore des plus actuels que le groupe parvient à laisser sur le carreau toute une catégorie de groupes peu inspirés basant toute leur œuvre sur la simple évocation de ces années qui ont, envers et contre tout, encore la côte.Eau rouge, lui, a les arguments pour imposer une nouvelle esthétique.

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Ça brasse large, le groupe ne boit pas la tasse pour autant.

Accent new wave/post punk, électropop, voire « disco » (I know that you know), le spectre sur lequel s’amuse Eau rouge est un éventail de possible. Il pourrait s’y perdre, cela ne fait aucun doute tant maintenir le cap peut s’avérer complexe (d’ailleurs, les sorties de piste ne sont pas si loin que ça sur certains titres). Mais le trio a de la ressource, de bonnes idées, un savoir-faire technique impérial, et surtout une grosse personnalité. Snober le dancefloor ? Pas question ! Faire des titres calibrés pour ? Non plus ! Le groupe sait manier le rythme, celui qui invite à se laisser aller à la danse, et la manière, en proposant des arrangements jamais téléphonés bien sentis, pour faire plaisir aux uns et aux autres.

Les claviers sont de la partie, imposent leurs nappes, donnant un aspect légèrement gazeux à l’ensemble du disque. La voix lead est souvent traitée (reverd, écho, ce même aspect gazeux), des fois très légèrement, des fois de façon plus marquée, pour coller à ces instrumentations synthétiques. Là où d’autres formations auraient opté pour des programmations via boîte à rythmes, Eau rouge utilise majoritairement une vraie batterie (et cela fait une grosse différence). Les guitares savent s’avérer tranchantes par moments, ce qui ne manque pas de déclencher un léger frisson de plaisir. Enfin, les apports électroniques sont là pour poser des ambiances, en complément des nappes. Parfois acides, parfois dreams, les bidouilles sont utilisées non pas comme cache-misère, mais comme points d’articulations d’idées abouties.

La fête, l’intime.

Si l’aspect festif peut se faire ressentir sur Acid love, il ne gomme pour autant pas l’aspect intime et sensible du disque. Sur les rythmiques les plus enlevées, ces derniers peuvent passer aux arrière-plans, lorsque nous ne sommes pas attentifs, captivés par les beats soutenus, mais ils restent présents. Sur les titres mid tempo, en revanche, nous sentons une véritable envie de mise à nu, parfois pudique et timide. Elle se traduit par une mélancolie plus ou moins appuyée, une sincérité à fleur de peau. Le propos est rehaussé par des mélodies elles aussi plus intimiste.

Pourtant, tout cela s’inscrit dans un mouvement dynamique, vers l’avant, une énergie qui cherche à ne pas s’apitoyer sur elle-même, mais à transcender l’échec pour continuer à avancer, la tête droite, à tenter d’oublier la perte, à tenter de panser les blessures. Le contraste entre les deux entités du groupe ne rend pas le disque moins cohérent, bien au contraire, car il joue l’alternance, mais toujours avec un son parfaitement maîtrisé qui sert de fil conducteur à l’ensemble.

Aucune lassitude ne vient nous surprendre. Non seulement le groupe parvient à varier les plaisirs, mais il sait aussi rester relativement bref. Presque tous les titres sont calibrés pour la radio (à savoir entre 3 et 4 minutes) ce qui évite la répétition au sein d’un même titre, et là encore de proposer une diversité d’atmosphères sur le disque. Au final, Acide love est bien plus nuancé que ce que nous pensions, ce qui nous laisse présager d’une suite de carrière prometteuse. Sans parler de l’évident exercice de la scène qui peut offrir, à coup sûr, de belles sensations.

LE titre d’Acid Love.

Alors nous, on aime beaucoup 87k Gold. Sur ce titre, le piano est mis en avant, rompant avec les habituelles parties de synthé. Arpège aérien, voix posée, tempo ralenti, le titre est un moment d’émotion qui tranche avec le début d’album (87k Gold se situe en milieu d’album). Parce que nous y sentons presque une forme de détresse dans le chant, dont la ligne est d’une justesse incroyable (c’est une constante sur l’album, mais ici, elle est plus alanguie peut-être), l’émotion est décuplée.

Le groupe y tombe les masques, plus encore que sur les autres morceaux. Il nous embarque totalement, même lorsque le morceau mute et gagne en intensité. Relativement minimaliste dans ses débuts, petit à petit la base est complétée par des apports divers (claviers, programmations) pour un final en feu d’artifice (avant un court retour au minimalisme initial). C’est parfaitement fait, orageux par instants, mais toujours d’une infinie justesse.

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