DIRTY SOUND MAGNET, DSM-III

dirty sound magnet DSM-IIINouvel album disponible le 18/03 chez Hummus Records

Pénétrer l’univers de Dirty Sound Magnet, ça commence bien avant la première note de musique. Le superbe artwork de l’album (par le batteur du groupe) nous annonce, un peu, la couleur ; celle-ci sera flamboyante et psychédélique. Mais, si le premier regard sur la pochette donne l’impression générale, les détails, invisibles de prime abord, sautent aux yeux dès qu’on s’y attarde . Il en est de même pour la musique qui habite ce DSM-III : énergique et fine, elle ne délivre pas tous ses secrets à la première écoute.

Effectivement, ce qui écrase tout sur son passage, c’est cette explosion de décibels, biberonnée à un groove puissant qui vient de quelque part au niveau du bas-ventre. Le trio, pourtant, la joue finement, bien plus que le son monstrueux laisse croire lors d’une écoute, distraite ou pas. Seul le casque vissé sur les oreilles permet d’en prendre grandement conscience, l’écoute aux enceintes permettant d’avoir simplement l’impression d’écouter un groupe en live (ce qui est déjà plus que bien).

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Entame mordante.

Body in mind ouvre les réjouissances. Le rock psyché, d’inspiration 60/70 séduit d’emblée. Le son est expressif, la voix lui donne la réplique de façon impeccable et le timbre de voix de Stavros Dzodzosz (également à la guitare), assez éloigné des standards du genre (comprendre rauque avec tessons de bouteille en lieu et place des cordes vocales) fait mouche. La formule power trio (Stavros est épaulé à la basse par Mareo Mottolini et à la batterie par Maxime Cosandrey, les deux hommes assurant aussi aux choeurs) convient à merveille pour restituer une énergie proche de la spontanéité première de toute composition digne de ce nom.

Et cette spontanéité, elle prend ses aises, puisque les morceaux s’étirent sur des plages parfois longues (pour notre plus grand plaisir). Au programme, rock, funk (infernal sur Pandora’s Dream), heavy blues, boogie (Heavy Hours), psychédélisme, choeurs fantastiques, le groupe maîtrise de ouf !

Si nous sommes friands de gros son qui déchire, nous sommes servis : sur 8 titres, plus de la moitié balancent une sauce épicée réjouissante, mordante, mais aussi capable de nuances insoupçonnées. Car en effet, si le traitement sonore, à base de disto et de fuzz, en tout cas concernant les guitares, prend une belle place, en arrière-plan des choses se passent également. Le travail d’arrangement est précis, hyper soigné, et apporte des contrastes et des couleurs saisissantes.

Moments d’accalmie.

Le groupe ose aussi casser le rythme, s’accorder une pause salvatrice. Celle-ci prend alors les contours de morceaux aériens, où les choeurs font des merveilles. Le rôle des choeurs n’est jamais à minimiser sur un album, ni à banaliser. Ils sont ici pertinents, apportent une dimension presque sacrée à certains titres, et surtout ils montrent à quel point le groupe est un esthète des vieux groupes 70’s.

Le voyage vers le passé avec DSM-III est assuré, pourtant le groupe reste bien ancré dans sa décennie. Les compositions ne possèdent pas le côté parfois stéréotypé de ses aînés tant fois de copiés par des suiveurs peu inspirés. Le groupe ose les ponts ou solos « hors sujet » (la folie hendrixienne sur Heavy Hours en témoignant parfaitement, tout comme l’emprunt à Zappa sur Toxic Monkeys, ou encore un passage évoquant vaguement le Caravanserail de Santana sur Body in my mind) qui s’avèrent souvent réjouissants et montrent aussi que le groupe, s’il est sérieux, sait aussi se montrer plein de dérision (voire d’autodérision).

Sur les passages les plus calmes, le talent de composition, presque mis à nu, prouve que le groupe sait véritablement écrire des pièces d’anthologie. On pense en particulier à Mr Robert et au morceau final, Sunday Drama, de toute beauté dans leur relative épure. Les mélodies y sont, n’ayons pas peur des mots, sublimes, ce qui, d’une manière générale sur l’album, est une gageure.

Entre feu et air.

Le groupe se pose donc en équilibre entre le feu et l’air avec DSM-III. Capable de nous embraser dans une flambée de fuzz comme de nous aérer avec un blues en prise directe avec la terre, Dirty Sound Magnet nous offre un vrai bon album, de ceux qu’on emporterait sur une île déserte et dont on ne se lasse jamais.

Entre intensité et relâchement, entre passages instrumentaux éloquents et passages chantés percutants, Dirty Sound Magnet montre qu’il ne néglige aucun aspect de son art, de l’image initiale jusqu’à la dernière note de musique s’évaporant dans les airs à la fin de chaque titre. Indispensable en somme.

Le titre de DSM-III.

On ne se refait pas. L’instrumental d’inspiration indienne (d’Inde, pas amérindienne) Sunday Drama nous retourne totalement la tête. Arpège captivant en introduction, qui nous propulse directement quelque part sur le rivage du Gange, puis progression de la narration vers un métissage psychédélique hypnotique, le titre gagne en puissance tout au long des presque 6 minutes qu’il dure. La fin est simplement énorme, mais ce qui nous botte, c’est ce quasi-solo en ouverture, qui montre toute l’âme du groupe, toute la richesse de sa musique, mais également, une fois encore, son énorme talent de composition. Un must have !

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