[ALBUM] DENUIT, OPH : the lonely planet, punk n’ freaks

OPH : The lonely planet, troisième album de Denuit

C’est un album relativement inclassable que nous livre Denuit, duo électro dark. Ou électro dark pop. Ou électro dark punk. Ou krautrock. Enfin bref, c’est inclassable et OPH : The lonely planet fait vaciller quelques certitudes en imprégnant sa musique d’une théâtralité que nous aurions bien vue s’échapper d’une sordide boîte de nuit berlinoise, ou du New York downtown des années 60 (nous lisons un excellent bouquin sur la chose soit dit en passant, dont vous découvrirez très bientôt la chronique).

Mais revenons à nos moutons. Ce duo, Denuit, nous propose une musique poisseuse, qui s’insinue partout dans notre corps, de ses recoins les plus obscurs et sentant, il faut l’avouer, la merde, jusqu’aux contours les moins reluisants de notre cortex cérébral, là où semble toujours flotter un indicible parfum de folie et de stupre (l’un ou les deux, à vous de voir). La musique qui hante OPH : The lonely planet est répétitive, jusqu’à l’aliénation (et au-delà), nous entraîne dans une transe chamanique dont la noirceur semble nous habiter de façon irrémédiable. Et indélébile.

démoniaque électro.

Tout repose ici sur une base rythmique monolithique, monotone aussi, sur laquelle se greffe d’une part des claviers parfois spectraux, une flûte à bec à deux reprises, une basse lourde (jouée au clavier aussi), et une voix maladive qui nous fait un drôle d’effet. Mais revenons sur la musique. Certes, elle possède plusieurs tonalités et sonorités différentes de clavier, qui apportent donc plusieurs couleurs à l’album, mais, revenant sans cesse, comme une marée de sang charriant des vagues aux relents putrides, c’est un effet de bloc qui s’impose à nous.

Ce bloc est gigantesque, massif, ne laisse aucun doute quant à l’état dans lequel nous nous retrouverions s’il venait à s’abattre sur nous. Il laisse une impression de puissance étrangement animale, sur laquelle plane toujours un esprit malsain, diablement efficace (et terrifiant).

Bien sûr, nous aurions pu rester sur une base instrumentale à 100 %, mais il fallait une voix sur cet objet inclassable. Et il y en a une. Une voix féminine. Et le moins que nous puissions dire, c’est que loin de rendre le tout plus sexy, cette voix rend l’album encore plus saisissant. Plutôt que de trancher avec la musique, elle l’épouse pour la suppléer, à moins qu’elle ne la nourrisse (ou inversement, tout est histoire de qui de la poule ou de l’oeuf est arrivé là le premier).

Théâtre monstrueux.

Cette voix est simplement géniale. Elle flirte allègrement avec un coté théâtral, avec les codes de la cold wave. L’ensemble donne une fièvre très particulière à OPH : The lonely planet. Quelque chose de démonstratif mais paradoxalement très renfermé sur lui-même, comme si nous étions plongés dans la psyché de Denuit, psyché parlant de destruction par le biais de l’avidité, de la cupidité, l’égoïsme et la peur. Tous ces éléments trouvent ici leur place, de façon saisissante.

Au final, nous nous retrouvons avec un album qui nous rend fous, nous frustre en nous en montrant à la fois beaucoup et peu. Il agit comme une perceuse dont le foret serait placé contre notre tempe, près à venir nous trépaner (ou lobotomiser, c’est selon). En tout cas, l’effet est incroyable, autant sur le corps, le coeur, que l’esprit. Et en ce sens vaut amplement la peine d’être découvert et partagé.

LE titre d’ OPH : the lonely planet.

Il est celui qui ouvre le bal, celui qui nous met face au groupe. Vulnérables, car ignorants ce qui nous tombe sur le coin du crâne, nous nous prenons une gifle instantanée. Et pourtant, Galactic love n’est pas le titre le plus dark du lot. Pourtant, il instaure un climat déjà tendu, déjà oppressant, même si ça rythmique donne invariablement, à toute écoute, l’envie de se trémousser comme des damnés sur la piste de danse lugubre d’une boîte glauque.

L’effet est violent tant le groupe nous bouscule, nous chahute, fait remonter à la surface tout ce que nous avions pourtant bien pris soin d’enfouir. Mais inutile de dire que les titres qui suivent, encore plus sombres (enfin si pareille chose est possible), font remonter toute cette fange à la surface. Mais on vous laisse savourer tout cela à la manière qui est la vôtre. Quant à nous, on va aller se coucher pour nous remettre de toutes ses émotions. Galactic Looooooove ! (oui, cette ligne de chant nous taraude les synapses, et on en redemande).

denuit OPH : the lonely planet

 

On pense à Dalhia

Retrouver Litzic sur FB, instagram, twitter

soutenir litzic

 

 

Ajoutez un commentaire