[ ALBUM ] DÉLAGE, Twist and doubt, romantisme synth pop.

Twist and doubt, deuxième album de Délage (disponible le 18/09 chez Field mates records).

Nous avions eu, à la vérité, et elle nous déconcertait d’ailleurs, cette vérité, un véritable coup de coeur pour Délage lors de la parution de son premier opus, le très réussi Loverboy Beatface ( si notre ordi n’avait pas planté, nous vous aurions remis la chronique en ligne, juste pour le plaisir, parce qu’on est comme ça quand on aime). C’est avec une légère appréhension, celle qui vous dit qu’après un tel éclat de coeur vous ne pouvez qu’être déçus, que nous abordons Twist and doubt, son deuxième LP. Et là …

Une recette (miracle) presque inchangée.

Tout est dans l’ambiance. Et celle qui émane des disques de Délage est inhérente à la personnalité de son géniteur, Till Hormann. Elle est tellement caractéristique que nous pourrions vous en décrypter les rouages de façon détaillée (basse « pulsation cardiaque, batterie métronomique, guitares répétitives, claviers éthérés). Mais ce serait chiant à faire et à lire, alors on va essayer de vous la jouer ambiance, nous aussi.

Un goût vintage prononcé, une déconcertante simplicité, des lignes de chant joliment posées, des hits en pagaille à la pelle ramassés. Voilà, chronique bouclée, top rentabilité.

Plus sérieusement, nous retrouvons ici ce qui faisait la singularité de l’artiste, c’est-à-dire un son qui nous évoquait l’ex RFA (ou RDA), avec des claviers vintages, une voix étonnante, à la fois profonde et presque immatérielle. Comme si Délage était un fantôme, du genre crooner sur le retour, un peu vieillissant. Oui, sauf que le musicien n’est pas si vieux que cela et qu’il est romantique en diable. Et que, surtout, il possède une présence incroyable, un timbre de voix cold wave mais qui ferait ici fondre n’importe quelle matière avec laquelle il se retrouverait en contact plus de deux minutes.

Un charisme magnétique.

C’est vrai, il possède un charisme dingue. Sans doute parce que sa musique est relativement minimaliste, d’une simplicité confondante, notamment parce que les guitares et claviers empruntent les mêmes chemins, portés par une basse très balisée elle aussi. Mais cette simplicité tape dans le mile, dans le siège même des émotions tant qu’elle est couplée à cette voix un peu désabusée, un peu blasée, à la diction précise mais paradoxalement loin d’être mécanique (contrairement à la boite à rythme).

Cette présence discrète tout en étant omniprésente (et colonne vertébrale) de Twist and doubt permet à l’album de s’inscrire immédiatement dans nos gênes. Délage nous avait déjà fait le coup sur son premier album, il le réitère ici tout en se montrant original dans sa proposition, sans pour autant renier sa marque de fabrique. Dans Twist and doubt, par exemple, nous retrouvons l’anglais, qui prédomine dans les textes, mais, contrairement au premier album, en tout cas si notre mémoire ne nous joue pas de vilains tours, nous retrouvons ici de l’allemand et du français dans les textes.

Et là où Till Hormann est fort, c’est que non seulement ça sonne diablement bien (et pourtant, l’allemand, ça ne sonne pas forcément sur de la pop, à une ou deux exceptions près) mais qu’en plus les paroles sont d’une précision chirurgicale (en tout cas les quelques phrases en français ne nous laissent aucun doute).

Toucher le coeur.

Avec quelques mots, Délage réussit à tirer au clair ce qu’est l’amour. Il use des mots comme il use de la musique, avec cette vision à la fois personnelle et universelle qui va au coeur des éléments, de la complexité des émotions, des sentiments, pour dérouler ses ressentis de façon limpide.

Nous approchons dès lors du génial, car comment expliquer que cette musique nous touche autant sinon ? Comment expliquer que l’on pige où il veut en venir même lorsqu’il chante en allemand (Ah, cette LV2 pratiquée durant 3 années de collège et dont les charmes nous étaient complètement passés au-dessus et nous a permis de finir notre scolarité avec une moyenne de l’ordre de 3/20) ? Tout réside dans la finesse de cet auteur qui, faut-il le dire blanc sur noir, ne nous déçoit pas du tout avec ce deuxième album purement et simplement réussi.

LE titre de Twist and doubt.

Voilà chose complexe. Choisir un titre. Un seul. Alles brent ouvre le bal, en Allemand, et nous indique qu’il faut continuer l’écoute. Tender love and care est absolument génial. Shopping mall n’est pas en reste, avec un côté un peu plus dark et minimaliste. Lezter Halt est monumental, nous entraîne presque vers une histoire de film noir, sur fond de SF made in Deutschland. There is no god renoue avec une sorte de cabaret romantique mais légèrement freak (et Dieu qu’on aime!). Liebe ist rot (et la mort est noire) est le titre où le français s’invite pour notre plus grand plaisir (et d’ailleurs la voix de Till Hormann, dans la langue de Molière, nous donne des guilis dans le ventre, sans rire)*. Everybody’s in nous la joue slow imparable (improbable), dans une boite où la boule à facette projette sur les murs et la piste déserte des pluies d’étoiles filantes, et enfin Heartshape nous ramenant quelque part dans les années 80, en bouclant la boucle de Tender love and care (et cette phrase pécho à Boy Georges : do you really want to hurt me) avec force saxo… Dur choix.

Allez, There is no god. D’un cheveu. D’ange, il va de soi.

 

*Alors nous nous sommes faits tirés les oreilles par les gens de Field mates records (nous plaisantons, ils sont charmant comme tout chez Field Mates). C’est l’acolyte de Till Horman au sein de Délage qui entonne ce petit tour de chant. Il s’agit donc de Lukas Varady-Szabo. Pour nous redonner une aura de pro, on dira que le mimétisme vocal est assez confondant. Hem…

délage twist and doubt

Minimaliste aussi, NFL3

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