[ DEBUT EP ] DJEN KA, Ils se mélangent (disponible le 08/11)

Premier EP de Djen Ka, Ils se mélangent, entre musique classique, musiques urbaines et pop.

Sortir un premier EP est toujours quelque chose de magique, entre appréhension et excitation. Deux sentiments que nous retrouvons dans Ils se mélangent, premier exercice de Djen Ka. Un disque qui ne laisse pas indifférent, par bien des aspects.

Au commencement.

L’EP de Djen Ka commence À l’aube. Il est ici question de tension avec cette base A cappella sur laquelle, très vite, interviennent des programmations électroniques. Le tempo est lent, puissant et nous sentons que ce motif reviendra bien vite pour nous laisser sur le carreau. Mais avant cela, Djen Ka, artiste rennais, pose sa voix. Sur des lignes de chant presque « chanson française », elle nous captive. Son timbre n’est absolument pas dégueulasse, son chant plein d’empathie apportant cette touche qui fait la différence.

Puis le thème musical de l’introduction revient, comme une vague, comme son flux et son reflux. Nous y entendons des cordes, du violoncelle notamment, avant que Djen Ka revienne, lui aussi, à la charge, avec un presque spoken world, superbement mis en lumière par les arrangements électro-classique. La puissance vocale du bonhomme se fait ressentir, sans ce caractère ostentatoire de celui qui veut prouver qu’il possède un bagage technique certain. Bref, il n’en fait pas étalage. Nous sentons juste que, quand il faut y aller, Djen Ka y va, sans heurter les choses, en les laissant venir à nous, à lui.

Cent ans d’espoir, Ils se mélangent.

Les textes sont en français, parlent d’amour, de quête de soi, de la vie et de ses combats, de la mort. Les mots sont habilement choisis, profonds, d’autant plus que mis en valeur par une musique prenante. Il y a ici un côté viscéral qui surgit, qui fait la différence. Si la production opte pour le côté soyeux de la force, le côté animal de Djen Ka vient la pimenter avec réussite, jouant les troubles fêtes, ou appuyant ses paradoxes, à l’image de l’être humain bourré de contradictions. Nous sentons que Djen Ka, de façon poétique, détournée, laisse ses tripes sur les sillons de son disque.

Le violoncelle apporte évidemment cette touche de gravité. Mais l’ensemble des arrangements produisent cet effet « bulldozer », qui ne peut nous laisser intacts. Il y a là cette touche de classique ( Katedral et son intro d’arpèges de violoncelle. Les cordes et cuivres disséminés un peu partout dans l’EP), un aspect world music avec un effet didgeridoo (sur Ils se mélangent), l’évidence de la pop dans le format des titres et par leur attrait instantané, de l’électro soft par les programmations de rythmiques (osant aussi l’approche tribale par moments), et l’aspect musique urbaine du chant scandé.

Le travail d’écriture, tant musicale qu’au niveau des paroles, ne montre aucune suffisance de la part de Djen Ka. Au contraire, le travail est creusé, fouillé, approfondi, quitte à paraître, peut-être, un peu inaccessible de prime abord. C’est d’autant plus troublant que, dès la première écoute, une envie d’y retourner se fait ressentir, comme si Ils se mélangent s’assemblait à notre ADN, qu’il faisait ressortir une part de nous bien enfouie.

Cathédrale sonore.

La production de l’EP est absolument magnifique. Ce qui est d’autant plus délicat car la musique de ses six titres pourrait laisser ressortir l’un de ses aspects, mais non. Chaque caractéristique évoquée un peu plus haut se trouve ici parfaitement intégrée à un tout. Impossible de définir avec exactitude quel type de musique propose Djen Ka, car il propose un son inédit, que nous trouvons au juste équilibre entre modernité et passé.

La modernité se retrouve dans ces instrumentations, par cet usage de la langue, le passé lui intervient dans cette sensation d’avoir derrière chaque titre un vécu et un art de la composition dite classique qui se fait ressentir. Mais comme nous le disions, Ils se mélangent est à son point d’équilibre, harmonieux dans ses couleurs, chaleureux dans ses intentions, heureux dans ses choix artistiques. Il nous faudra suivre cet artiste unique avec attention.

djen ka ils se mélangent

 

 

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Un autre mélange de style ? Flying Lotus

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