[ EP ] DALHIA, noir comme le désespoir un soir d’orage.
Dalhia, premier EP homonyme (déjà disponible).
Si vous avez peur du noir, peur du croquemitaine qui se cache sous votre lit la nuit venue, peur des ambiances cauchemardesques ou des films d’horreur (ou simplement des films qui vous montrent une réalité que vous cherchez absolument à ne pas voir), nous vous déconseillons fortement l’écoute de ce premier EP de Dalhia. Ou pas, d’ailleurs, parce que se faire remuer, bousculer fait toujours du bien.
Le duo français ( Rachel Geffroy et Simon Vouland) propose une électro dark, oppressante, ne laissant pas énormément de place à la lumière, si ce n’est celle grésillante d’une sordide ruelle mal famée, la nuit, alors que le danger rôde. Il existe sur les 5 titres de cet EP un sentiment mêlé d’urgence, de virulence, de désespoir, de constat amer d’une société devenue de plus en plus violente. Il rejoint, en ce sens, certains trips indus cher à Marylin Manson, bien que très différent dans la forme.
Ici, ce sont les machines qui mènent le bal. Elles dégagent des sonorités inquiétantes, oppressantes, étrangement organiques. Pourtant, le presque tout électronique ne nous détourne pas d’un côté presque pop, c’est-à-dire que , malgré des constructions coup de poing, on entre assez facilement dans l’univers du duo. De là à y rester…
Dark électro stomacale.
Nous n’avons aucun mal à y rester dans la musique du duo, mais nous imaginons qu’il n’en sera pas de même pour tous, notamment parce que le côté dérangeant de la musique de Dalhia peut amener à vite s’en détourner. Mais c’est justement ce côté sans concessions qui nous plaît, notamment parce que le groupe réussit à y mettre beaucoup de personnalité, à s’émanciper de la bouillasse électropop environnante. Ici, l’électro fore nos bas instincts pour mieux les faire exploser à notre face.
Il est ainsi question de violence conjugale sur Hide my face qui traite en particulier des effets liés à la dépersonnalisation lorsque quelqu’un est en situation d’emprise. Le son est au diapason de l’horreur (tristement banale) évoquée par le groupe. Cette musique viscérale trouve sa source aussi bien dans la cold wave que dans le hip-hop. Le tour de force est de rendre l’ensemble cohérent, pour que l’impact ne se perde pas en chemin, ou du moins ne soit pas présent que sur un seul et unique morceau. Dans Dalhia, il demeure intact, renforcé par un tracklisting habile et malin.
Au final, nous obtenons un premier EP très maîtrisé, qui rappelle les belles heures d’une musique gothique, tout en y insufflant une dimension sociale et consciente qui fait que jamais la musique du duo ne vire au grand-guignol. Autrement dit, nous sommes en immersion constante, pris dans un tourbillon d’émotions contradictoire (le beau, le laid, le doux, le brut nous font vriller le cerveau), mais nous ne nous en sentons que plus vivants !