DALÈS Akènes expérimentation en formule duo.
Dalès, chronique du LP 11 titres Akènes (déjà disponible Aïnu records / Zombie Girl Boogie / Flulgrgluplruql).
Akènes, album 11 titres de Dalès, est totalement le genre de projet à même de nous ravir. En effet, faisant fi de toutes conventions, n’entrant véritablement dans aucune case (mais dans plusieurs à la fois), le duo guitare (Enguerran Wimez) et batterie (Joris Presquer) nous guide jusqu’aux confins de l’exploration instrumentale.
« Définition Akène (d’après CNRTL ) : Fruit à une seule graine demeurant clos, sec, et dont la paroi est distincte de la graine. »
Ainsi, derrière l’écorce à priori rugueuse de cette formule minimaliste et du parti pris instrumental se cache un fruit aux saveurs délicates, quoi que prononcées.
Une batterie pas simplement rythmique.
Le premier élément qui nous marque est le jeu de batterie de Joris Presquer. S’il est bien évidemment rythmique, de par sa fonction, il possède un véritable langage personnel. Cette batterie nous parle littéralement et tisse un message mélodique fort, complémentaire à la présence de la guitare. Nous irions même jusqu’à dire qu’au-delà du simple jeu de questions/réponses inhérent à la formule duo, la batterie chante et apporte une troisième voix, dépouillée d’oripeaux.
Tendue, légère, elle joue le contraste, accompagnant la guitare ou la guidant, s’en éloignant parfois comme pour mieux la retrouver plus loin. Certes, ces motifs pourraient faire peur à ceux qui sont habitués à des batteries ne servant que de support à la musique (donc assumant parfaitement leur rôle premier), mais elle est à même de donner envie aux amateurs de se frotter à cet instrument qui retrouve, au sein de Dalès, de biens chatoyantes couleurs.
Une guitare pas simplement soliste.
Le second élément qui nous marque est le jeu de guitare d’Enguerran Wimez. Ici, peu d’accords tout cuits, mais des arpèges venus d’on ne sait où. Rythmiques, ils dynamisent la batterie, instaurent un climat plein de douceur, parfois rêveur, parfois plus oppressant, mais toujours déposés là où il faut, quand il le faut. Soliste, ils enfoncent le clou et titillent notre sens de façon déraisonnables.
Peu d’effet sur cette guitare, une distorsion légère, un accouplement à un ampli basse pour apporter quelques tonalités plus lourdes et le tour est joué. Enguerran Wimez, dont la technique saute aux oreilles, ne se la joue pas Satriani ou autres techniciens de la six cordes qui se la pètent. Au contraire, son jeu cherche à créer l’étincelle émotionnelle salvatrice, à imposer un climat que vient à merveille appuyer la batterie. Autant soliste que rythmique, elle forme un couple solide et inspiré avec la batterie.
Post rock expérimental.
Akènes commence de façon presque pastorale, folk. Mais de cette façon propre aux groupes progressifs, ou math rock, sans pour autant en devenir imbuvable. Les expérimentations trouvent ici une cohérence et un crescendo au fur et à mesure des titres qui passent. De folk, nous passons par quelques éclairs presque jazzy, pour finir dans un climat plus tonitruant, oppressant, ou du moins plus noir et viscéral propre au post rock. Nous pensons à Mogwai par moment, à Godspeed You ! Black Emperor également..
L’intensité ne cesse de croître tout au long d’Akènes, pour finir dans une forme d’apothéose, sans qu’aucune lassitude n’intervienne. Le propos est clair, tenu aux mors par une production limpide, qui ne joue pas plus sur les effets que les deux musiciens ne le font avec leur instrument. La sobriété est de mise, ce qui ne fait qu’amplifier les émotions à l’écoute de cet album qui surprend autant qu’il séduit. Une réussite, à coup sûr !