Closet Disco Queen & The Flying Raclettes, Omelette du fromage

closet disco queen and the flying raclettes omelette du fromage

Album disponible chez Hummus records.

Parfois, nous sommes en mesure de nous poser la question : la musique, c’est de l’art ou du cochon ? Honnêtement, avec un tel nom de groupe, d’album, et un tel visuel, nous flirtons avec le bon mauvais goût un rien potache ou vers un second degré version fac d’humour un peu pourri quand même. Heureusement, la musique, elle, nous ramène sur des rails bien plus séduisants que cet artwork nous rappelant néanmoins certains visuels propres à Zappa. Closet Disco Queen & the flying raclettes, c’est la bonne surprise de cette rentrée.

Nous commençons par annoncer la couleur, il s’agit d’un disque instrumental. Et c’est tant mieux, nous n’aurions osé poser des paroles absurdes sur la thématique des Omelettes du fromage (?) . Qu’à cela ne tienne, l’omelette, que ne se fait pas sans casser des œufs, ne nous casse pas les oreilles. Au contraire, elle les flatte de la plus rock des manières, avec tous les bons ingrédients qui vont dedans (rythmique obsessionnelle, grosses guitares pas baveuses, construction progressive/mathrock/postrock/postmetal peut-être même bien). Forcément, nous bavons devant un tel menu.

Célèbre qui comme Dexter.

Reprenons un peu les choses dans l’ordre. Ce groupe est composé de Luc Hess et Jona Nido (Coilguns, The Ocean, Louis Jucker, etc…) représentant Closet disco queen, formation sous laquelle ils ont déjà sorti un album et 2 ep, incluant désormais Kevin Galland  (également membre de Coilguns, ainsi qu’ingénieur du son), et Chadi Messmer (à la basse issu de l’école de Jazz de Luzerne, jouant également dans plusieurs projets tel que Jacob Hannes, Tanche, Beurre, etc) et qui eux représentent la partie Flying raclettes.

Et pourquoi ce titre d’album, alors, nous direz-vous ? Pour la faire courte, le groupe s’est inspiré du dessin animé Le laboratoire de Dexter, dans lequel ce petit personnage sympathique accède à la célébrité simplement en disant cette sentence, « omelette du fromage ». Comme ce qui est arrivé à Dexter, le groupe espère obtenir une renommée mondiale grâce à la fois à ce titre d’album pompeux et à ce superbe artwork décrit comme « magnifique et insaisissable ». Dont acte.

soutenir litzic

Les influences.

Certaines d’entre elles ne vous échapperont pas à l’écoute des morceaux, aux noms tout aussi pompeux et métissé d’un humour que, personnellement nous adorons. Ne vous perdez pas dans Glutentag ou Spartacuisse, le groupe, derrière ces calembours propose un rock à haute teneur en électricité, très beau mélange de The Mars Volta, The Hives ou bien encore Breach et Goat. De Zappa, dont nous vous parlions plus haut, nous retenons aussi ce léger aspect jazzy dans les compositions, ce groove complètement à part qui donne corps à ces compositions terrassantes.

Parce qu’il faut le dire, si le nom d’album et la pochette vous rebutent, ce que nous ne comprenons pas vraiment, ma musique elle devrait vous ravir, puisqu’elle est d’un absolu bon goût, d’un bout à l’autre d’un disque de 40 minutes et 7 titres.

closet disco queen and the flying raclettes

Au commencement…

Il y a l’électricité, mais pas de larsen. Une mise sous tension. Très vite augmentée d’une partie de batterie qui impose la cadence, tandis qu’un staccato se fait entendre, évoquant une attaque metal (vers lequel le groupe ne dérive jamais, tout en s’en approchant parfois fortement). Melolo-aromatomat, qui ouvre le bal, nous mets une claque. Structure évolutive, entrelacement de guitares, passages aliénants, car répétitifs, le groupe nous indique la teneur de l’album. Nous retrouverons ces aspects disséminés ici et là, à plus ou moins fortes doses, sur les 6 morceaux suivants.

Mais si tout cela fonctionne aussi bien, c’est que le groupe, intelligemment, propose des périodes d’accalmie (du genre de celles que l’on peut ressentir en voyant l’orage s’éloigner, même si nous sommes bien conscients que celui-ci n’est pas terminé). Presque éthérées, elles imposent de soudaines montées d’émotions. Parmi elles, la peur (le climat reste électrique, pour ne pas dire instable) mais aussi la félicité (comme si nous regagnions les cieux). Ces émotions trouvent un exutoire dans les déferlements soniques qui les encadrent.

Maîtrise.

Le groupe maîtrise à merveille son art. Sans se prendre trop au sérieux vous l’aurez compris. Sa musique, lorsque les morceaux s’étirent (plus de 8 minutes pour Melolo-aromtomat, plus de 12 pour le morceau qui clôt l’album, Gigadodane), nous dévoilent des paysages d’une incroyable justesse et variété. La lassitude ne se fait pas ressentir, sauf peut-être sur l’hyper tendu Glutentag, répétitif à s’en cogner la tête contre les murs, ou à se fracasser les roubignoles à la batte de baseball*. Il ne trouve de salut que dans la suite de son mouvement (qui ne cesse de gagner en présence par ajouts successifs d’éléments qui, comme des nappes, le rendent encore plus anxiogène et claustrophobe), soit dans Flugensaft qui nous libère de toutes nos entraves d’un seul coup avec son emprise épique.

Si Closet Disco Queen & the flying raclettes joue avec nos nerfs, c’est pour mieux nous faire nous sentir vivants. Sa technique, irréprochable, est tout sauf dénuée d’âme. La musique, ici, est un jeu, un acte déroutant qui éveille les sens, fait cogner le cœur un peu plus fort. Jamais froid, jamais tiède, ce Omelette du fromage est un disque qui nous impacte sans prévenir avant de nous laisser sur le bord du chemin sans souffle, épuisé, mais heureux, très heureux !

LE titre de Omelette du fromage.

Comme à chaque fois que nous chroniquons un album instrumental, le choix s’avère complexe. Le morceau d’ouverture pose des bases, celui de clôture les referme. Et au milieu, l’embarras du choix. Goussepaille, Spartacuisse et Flugantaj raketoj nous évoquent plus directement The Mars volta dans ses délires sonores, même si, dans le cas présent, ça reste moins bordélique (le bordélique de The Mars volta étant absolument peaufiné et travaillé, nul ne peut le remettre en question).

Bref… Quel titre… Spartacuisse, peut-être. Parce que dedans, il y a un élément qu’on ne retrouve pas dans le reste de l’album, à savoir un break de batterie « brut ». Même si le moment est court, à l’écoute au casque, nous avons l’impression que l’instrument se trouve directement dans notre dos. L’effet est saisissant, presque anecdotique, mais il donne à ce morceau ce petit truc qui le démarque (même si cette batterie « réelle », nous la retrouvons un peu partout, mais pas avec ce niveau de dépouillement).

Mais tous les titres se tiennent dans un mouchoir de poche, avec leurs forces et leurs climats, donc ça fluctue en fonction de notre état d’esprit. Seul bémol, nous vous déconseillons d’écouter le disque avant d’aller dormir car il vous électrisera à coup sûr !

 

soutenir litzic

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

 

*phénomène qu’on retrouve, dans une moindre mesure, en entame de Gigadodane, entame s’achevant avec un break en gros vers 6 minutes, avec un son et un groove s’approchant un peu du Santana de Caravanserail (qui arrive de façon progressive), avant de reprendre son motif répétitif jusqu’à 9 minutes de façon moins jazzy, un peu comme un mariage entre Jimi Hendrix et Godspeed you ! Black emperor. Après cela, ça déroule rock, lourd, mais o combien jubilatoire, métissé d’un je-ne-sais-quoi émanant des années 60, toujours Hendrixien, et toujours agrémenté d’une dose postrock absolument pas dégueulasse.

 

On pense aussi à Heavy Trip

 

Ajoutez un commentaire