HEAVY TRIP,arghhhhh ! fucking power trio !!

heavy tripAlbum éponyme (déjà disponible chez Burning world Records)

Poisseux. Obscène. Sale. Et diablement sexy ! Heavy trip n’usurpe pas son nom puisqu’en seulement 4 titres (mais 36 minutes et quelques poussières blanches), il nous propose un voyage psychotropique lourd comme l’enfer, mais beau comme le paradis. Le paradis rock s’entend. Parce que ici, tout est baigné dans le fuzz, dans des lignes de basse chauffées à blanc, dans la lourdeur pachydermique d’une batterie qui martèle ses peaux avec une conviction infaillible que tout passe par le mariage jamais contre nature d’une quatre cordes et d’une batterie. Et puis, il y a la guitare. Hendrixienne, ou d’autres guitar heros (à la Jimmy Page, évocation non fortuite), qui nous propulse au septième ciel dans une éjaculation de riffs démoniaques.

Bon, vous allez nous dire que nous en faisons des caisses. Peut-être n’aurez-vous pas totalement tort. Mais sachez que ce groupe, canadien, synthétise un peu tout ce qui faisait le soufre du rock d’antan. Il vous prend aux tripes, se passe de chant, comme pour mieux nous envoûter, nous posséder, électriser chaque parcelle de notre corps. Comme pour nous rendre totalement maboule. On ne sait plus où écouter tant tout semble baigner dans un magma sonore absolument maîtrisé, de la production millimétrique au climax abrasif à la Born to be wild (mais sans paroles, sans hymne, juste avec le pouvoir magique de la musique).

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Puissance maîtrisée.

Ici, ça défouraille méchant. On pense à Mars Volta, pour ce côté bouillant, pour cette dextérité, pour ce plaisir évident de nous faire morfler et saigner des oreilles. Une seule envie, se saouler de cette puissance instrumentale, laisser notre esprit s’évader dans les brumes psychiques et psychédéliques de ce rock couillu (au moins jusqu’aux genoux, les bollocks). Pourtant, c’est fin, subtil, jamais téléphoné. La surprise est présente à chaque coin de mesure. Ça tripote dans tous les sens, sur 6 ou 4 cordes, tandis que derrière la force métronomique de la batterie nous met au sol, à quatre pattes, à invoquer on ne sait quel saint du rock.

Ou n’importe quel démon. La musique du diable, elle est là, indomptable, dévastatrice, belle à en crever. Elle nous donne simplement envie de mettre les doigts dans les prises de courant, car la morsure du 220V nous paraîtrait presque un remède à la folie qui règne ici. Bien évidemment, ne le faites pas chez vous, tout n’est qu’image. Mais Heavy trip nous prend littéralement à la gorge, nous fait manquer d’oxygène, nous étouffe par sa puissance, et on en redemande (ouais, la privation d’O2 génère de drôles d’effets). Dès les 4 titres terminés, nous nous sentons en état de grande faiblesse, de manque indicible, parce que la came est bonne et qu’elle nous rend totalement accroc, sans qu’il nous soit possible de nous en remettre à une quelconque divinité.

Bref, pour ceux qui disent que le rock est mort depuis longtemps (et on pourrait le croire vu la tiédeur de certains groupes), Heavy Trip le ressuscite avec un son monumental, un art de la composition où se mêle groove plein de tact/plein de fougue, avec des fulgurances dignes des plus grands, pour un plaisir jamais tiède. Il nous fait,ce groupe, le même effet que le King Gizard and the lizard wizard du I’m in your mind fuzz (une merveille).

Heavy trip est un grand disque de rock, comme il en faut un par décennie. Amen. (et tant pis si on en fait trop)

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