[ ALBUM ] CLÉMENTINE DUBOST, Bridges and rivers.

Bridges and rivers, album de Clémentine Dubost.

Avec son album Bridges and rivers, Clémentine Dubost nous propose un voyage en terres folks. Si cette musique évoque principalement les grands espaces américains, un je-ne-sais-quoi de Camarguais en émerge aussi. Le tout est ici véhiculé par une émotion ténue, discrète mais belle et bien présente tout au long de ces 9 vignettes dépaysantes.

Acoustique.

Tout se passe, dans Bridegs and rivers, aux abords d’une guitare. Folk il va sans dire. Elle est l’un des deux instruments primordiaux de ce disque, l’autre étant la voix de Clémentine Dubost. Cette guitare folk, donc, nous tisse un imaginaire acoustique dans lequel se télescopent des images de grandes étendues verdoyantes dont les hautes herbes seraient ballottées par un vent doux et chaud. Cette guitare s’accompagne d’accords ou d’arpèges, en fonction des humeurs de Clémentine Dubost. Le résultat est toujours habilement dosé, toujours dans l’esprit de grand singer songwriters comme Bob Dylan ou Leonard Cohen.

Pourtant, la jeune femme s’en démarque ostensiblement en y apportant un soupçon de son âme européenne. Nous sentons en effet des petites touches irlandaises ou hispanisantes affleurer de compositions plutôt proches des classiques nord-américains. L’effet obtenu est séduisant, d’autant plus que le choix des orchestrations met l’ensemble en valeur, toujours avec une grâce naturelle. En effet, contrebasse, cordes, harmonica amènent du relief et brise une routine qui, sans eux, aurait pu survenir rapidement.

Une voix « parfaite » .

La voix de Clémentine Dubost se prête à merveille à l’exercice folk car elle y apporte une émotion pleine de sensibilité. Ici encore, le dosage est subtil. Elle délivre suffisamment d’émotion pour rendre chaque titre attachant, touchant, mais jamais trop ce qui évite qu’ils dégoulinent de guimauve. Non ici, l’émotion est pure, chaude, terrienne. En effet, si les arrangements étirent les morceaux vers le ciel, ce sont bien de ses deux pieds sur terre que cette autrice compositrice tire le terreau de ses chansons.

Nous sentons la ferveur d’histoires chargées de sens émaner de Bridges and rivers. La chanteuse y confie les atermoiements de son âme, les difficiles étapes de la vie à franchir. Mais sans jamais surjouer ses douleurs et ses joies, elle vise dans le juste et l’universalité des sentiments. Cela nous emballe et révèle l’intelligence de ces morceaux.

Européenne.

Alors bien sûr, Clémentine Dubost est européenne et sa musique, au contraire de celle des Américains, est légèrement moins épique. Vraiment ? Non, pas du tout, c’est juste qu’elle l’est d’une façon un peu différente. C’est très difficile à expliquer. Nous dirions simplement qu’elle est plus intimiste. Qu’elle fait corps avec une région et une histoire, à la fois personnelle et collective, différente. Nous ne sentons pas, dans Bridges and rivers, cette morgue américaine, ce côté conquérant. Au contraire, nous sentons un amour pour un territoire, à préserver.

Celui-ci posséderait ses propres frontières, et s’en contenterait. Il permettrait d’exprimer la vérité du sol, des hommes qui le peuplent également. Cet aspect survient notamment par les apports presque gipsy de quelques titres de l’album. Ces apports nous rapprochent de la Camargue, d’une nature sauvage préservée. Nous sentons aussi des apports d’apparence celtique dans ce disque. Comme les guitares gipsy (ou flamenco, dan l’esprit du moins), ils nous plongent dans un ailleurs, ailleurs où règne également un « bon vivre » certain, en adéquation avec une nature et une histoire à préserver. Tout cela fait sens avec Bridges and rivers, avec la personnalité de Clémentine Dubost qui livre ici un album délicat, épuré, et sur lequel souffle un vrai vent d’authenticité.

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Site officiel Clémentine Dubost

 

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